FOCUS – Mireille d’Ornano a annoncé lundi 25 septembre qu’elle quittait le Front national (FN) pour rejoindre les Patriotes, le mouvement lancé par l’ex vice-président du FN Florian Philippot. L’eurodéputée et conseillère municipale d’opposition à Grenoble revient pour Place Gre’net sur ce choix.
« Femme de convictions, je refuse aujourd’hui plus que jamais d’abandonner la raison même de mon long et courageux engagement politique : la défense de la souveraineté nationale », a écrit Mireille d’Ornano, dans un communiqué publié sur son compte Twitter, pour expliquer son départ du FN et son choix de rejoindre les Patriotes.
Joint au téléphone ce mardi 26 septembre, Thibaut Monnier, le secrétaire départemental du FN Isère, contre-attaque. « Je n’ai vu nulle part que le Front allait revenir sur la défense de la souveraineté. Je pense que c’est un prétexte pour partir et peut-être exiger d’avoir des places qu’elle n’aurait pas pu obtenir dans les années à venir. C’est de la vieille politique. Pour incarner la modernité, il aurait fallu que Florian Philippot et ses équipes acceptent le débat interne de la refondation du Front national. »
« On voit bien la manœuvre, reprend Thibaut Monnier. Dans deux ans, il y a des élections européennes. Florian Philippot va certainement chercher à créer des listes à travers la France. Personne n’est dupe. […] Elle cherche à se faire réélire. »
Mireille d’Ornano : « À l’heure actuelle, on ne sait pas où le FN veut aller »
Contactée, Mireille d’Ornano précise que « Florian [Philippot] a une ligne lisible alors qu’à l’heure actuelle, on ne sait pas où le Front veut aller ». Sur l’euro et l’Europe notamment, selon elle. « Un jour, on veut sortir de l’Europe, un autre jour on veut la réformer de l’intérieur. Moi, je ne vois pas comment ! », lance-t-elle.
Mireille d’Ornano dit se retrouver dans les idées « du gaullisme social » que défendrait Philippot. « Je me sens mieux dans ce format. Après, je ne renie pas ce que j’ai fait. » Mais « à l’heure actuelle », elle « ne savai(t) plus où (elle) étai(t) au Front ».
« En plus, ajoute-t-elle, je trouve que c’est une injustice d’avoir fait partir Florian. On ne l’a pas mis dehors mais c’est tout comme. Il ne pouvait que partir, c’est évident. » Après avoir refusé de démissionner de la présidence des Patriotes, Philippot restait vice-président du FN mais sans attribution puisque l’élaboration de la stratégie et la communication lui avaient été retirées par le parti. Avant qu’il n’officialise son départ le 21 septembre. « Je n’aime pas l’injustice, je n’aime pas qu’on fasse du mal aux gens », explique Mireille d’Ornano.
Écartée de la tête du FN Isère en mai 2016
Le 9 mai 2016, après son soutien assumé à Jean-Marie Le Pen lors de l’hommage rendu à Jeanne d’Arc le 1er mai, Mireille d’Ornano, alors secrétaire départementale du FN 38, avait dû laisser les commandes à Thibaut Monnier. Si à l’époque elle refusait de parler d’éviction, aujourd’hui elle dit bien qu’on lui a « coupé la tête ».
Aux côtés de Jean-Marie Le Pen en 2016, aujourd’hui avec Florian Philippot, qui a toujours violemment combattu Le Pen, la trajectoire politique de Mireille d’Ornano surprend. « Être une proche de Jean-Marie Le Pen c’est une chose, mais Jean-Marie Le Pen a 89 ans. J’ai quand même le droit aussi de penser autrement ! », répond-elle quand on le lui fait remarquer.
« Si c’était Jean-Marie Le Pen qui était aux commandes, je ne serais pas partie, ça c’est sûr », ajoute-t-elle néanmoins : « Cela révèle bien plus un opportunisme politique personnel qu’une réelle conviction générale », tacle Thibaut Monnier. « Je le regrette pour elle et je pense qu’elle fait une erreur. »
Thibaut Monnier l’invite à rendre ses mandats
Le secrétaire départemental du Front national Isère veut que l’eurodéputée et conseillère municipale à Grenoble assume désormais l’ensemble des conséquences de son départ. « J’appelle Mireille d’Ornano à rester logique jusqu’au bout et à rendre tous ses mandats car ils ont été obtenus grâce au Front national. »
Indiquant que « les polémiques des uns et des autres ne (l)’intéressent pas » – « Moi, je me bats pour la France, pour mes idées », dit-elle – Mireille d’Ornano glisse tout même que « des gens comme Thibaut Monnier qui disent n’importe quoi, c’est navrant. Qu’il s’occupe peu ou prou de sa Fédération, c’est tout. »
Laurent Genin