Eric Piolle interdit le spectacle de Dieudonné à Grenoble le 28 octobre pour risque de trouble à l’ordre public ? L’humoriste réplique sur le terrain de la liberté d’expression. Dans une vidéo mise en ligne ce 26 septembre, il contre-attaque alors que le juge des référés vient de donner raison au maire de Grenoble.
Dans une ordonnance rendue le 22 septembre, le juge considérant que l’urgence invoquée par Dieudonné de suspendre l’arrêté municipal du maire de Grenoble pris le 13 septembre n’était pas établie, a rejeté la demande de l’humoriste et de sa société de production.
Ce faisant, le tribunal n’a donc pas examiné l’affaire au fond et notamment les motifs invoqués par Dieudonné. Pour l’humoriste, régulièrement sur le devant de la scène artistique comme judiciaire, non seulement rien ne justifie le risque de trouble à l’ordre public mais l’arrêté municipal porterait également une atteinte grave et illégale à la liberté d’expression, la liberté du travail et la liberté d’entreprendre. Autant d’arguments balayés par le juge des référés à partir du moment où l’urgence n’a pas été établie.
« Pour fuir un débat sur le fond perdu d’avance, il (le juge des référés, ndlr) a préféré nous servir la malice, le plat du malin », pointe Dieudonné dans sa vidéo, ne manquant pas d’affubler le maire de Grenoble comme le juge administratif de toutes sortes de noms d’oiseaux.
« Mais ce tour de passe-passe est maladroit et malhonnête […] Est-ce qu’il y a urgence quand on est à un mois du spectacle ou pas ? La jurisprudence dit “oui”», poursuit l’humoriste, se gardant bien de citer les textes sur lesquels il base son jugement.
« Cela démontre l’ingérence de la pire des politiques dans l’institution judiciaire », assène Dieudonné qui, dans tous les cas, s’est offert une belle campagne de publicité pour son spectacle. D’après lui, 2 000 places seraient déjà vendues.
Jackpot pour les détenteurs de billets ?
Et l’humoriste n’hésite pas à user d’arguments semble-t-il pour le moins fallacieux pour en vendre. L’achat d’une place de spectacle donne-t-elle droit à voir le spectacle mais également à poursuivre devant les tribunaux celui qui l’en empêcherait ? C’est ce que soutient Dieudonné en invitant les potentiels spectateurs à se ruer sur la billetterie. Bref, que le spectacle vienne à être annulé et ce serait le jackpot, le préjudice moral pour qui saisirait les tribunaux pouvant se chiffrer à 5 000 euros, affirme l’humoriste.
En 2016, la société de production de Dieudonné mais également un spectateur avaient réclamé des dommages et intérêts à la ville de Tours après l’annulation de son spectacle. Ils avaient été déboutés par la justice…
En attendant, en l’état du contentieux – Dieudonné n’avait pas à la date du 27 septembre déposé de recours au fond devant le tribunal de Grenoble – le spectacle reste interdit sur la scène du Summum. A moins que le Conseil d’État, s’il est saisi par l’humoriste, n’en décide autrement.
PC