DÉCRYPTAGE – Pour financer le Lyon-Turin, le gouvernement compte sur les dividendes d’un fonds pérenne, le FDPITMA, initialement créé pour booster le report modal de marchandises. Mais depuis 2012, ce fonds permet surtout de renflouer les caisses vides du tunnel routier du Fréjus grâce aux bénéfices de son voisin du Mont-Blanc. Les opposants crient au « détournement de fonds » et attaquent en justice. Mais, derrière, ce sont les sociétés autoroutières qui se frottent le plus les mains.
A quoi va carburer la ligne ferroviaire du Lyon-Turin et notamment son tunnel transfrontalier à 8,6 milliards d’euros ? Pour financer cette infrastructure, Paris – qui doit prendre en charge 25 % de cette portion entre la France et l’Italie*– espère puiser dans le fonds pour le développement d’une politique intermodale des transports dans le massif alpin (FDPITMA)**. Un fonds alimenté par les résultats des tunnels routiers du Fréjus et du Mont-Blanc.
Institué en 2002, le FDPITMA a pour objectif de booster le report modal de marchandises. Pour les opposants au Lyon-Turin, il aura surtout accouché d’une souris. Voire pas accouché du tout. Pour les Amis de la terre de Savoie, le fonds ne servirait ni plus ni moins qu’à opérer un tour de passe-passe. En fait, renflouer les caisses de l’un (le tunnel routier du Fréjus, déficitaire) grâce aux bénéfices de l’autre (le tunnel du Mont-Blanc).
En effet, depuis 2012, les dividendes de l’association du tunnel du Mont-Blanc (ATMB) transitent, au travers du FDPITMA, vers la société française du tunnel routier du Fréjus (SFTRF). Au total, plus de 80 millions d’euros seraient ainsi passés de l’une à l’autre.
Un « détournement de fonds » ?
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