FOCUS – A l’occasion de la journée mondiale sans tabac, l’hôpital Couple enfant et l’hôpital Michallon mettent en place une grande campagne de sensibilisation à destination des fumeurs. L’occasion aussi de trouver des volontaires pour l’expérience menée sur les femmes enceintes fumeuses, afin de les inciter à arrêter la cigarette grâce à une compensation financière. Dès ce lundi 29 mai, Aline Noblet, sage-femme tabacologue, était présente dans le hall de l’hôpital Couple enfant, afin de donner aux fumeurs leur taux de monoxyde de carbone dans le sang. Une animation qui sera reconduite à l’hôpital Michallon, ce mercredi 31 mai.
Dans le hall de l’hôpital Couple enfant, à la Tronche, ce lundi 29 mai, dès 11 heures, Aline Noblet propose aux passants d’effectuer un test, afin de connaître le taux de monoxyde de carbone (CO) présent dans leur corps.
Le principe est simple : les personnes intéressées doivent souffler dans une machine, qui affiche en quelques secondes le taux en question.
« C’est une observation. Ils soufflent, ce qui donne leur taux de CO, qui provient soit de la combustion de la cigarette, soit de la pollution. S’ils fument, le taux correspond à leur consommation », explique la sage-femme.
Outil de sensibilisation ou gadget de prévention ?
En France, chaque année, le tabac tue environ 78 000 personnes. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter, puisque l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que, d’ici 2020, le tabac sera la principale cause de mortalité et d’incapacité. Raison pour laquelle les hôpitaux de Grenoble œuvrent à sensibiliser le public aux dangers de cette consommation.
Pour Aline Noblet, « il n’y a pas de grands ou de petits taux. L’idéal c’est d’être à zéro. Quand on ne fume pas et qu’on a une bonne hygiène de vie, on est à zéro. Au-delà, c’est qu’il y a des choses à faire. » Les réactions ne se font pas attendre, et sont relativement partagées. Si certains jugent cette campagne de prévention « efficace » et « nécessaire », d’autres sont moins convaincus de son utilité. Un taux élevé suscite même parfois les réactions des fumeurs soumis au test.
« Certains, lorsqu’ils voient qu’ils sont dans le rouge, réagissent, relate la sage-femme tabacologue. On leur dit que c’est un outil objectif, une valeur, un chiffre. Parfois, les gens ne fument qu’une seule cigarette et se disent “ça ne compte pas”, mais quand ils voient la valeur, ils se disent que si, en fait. C’est un élément déclencheur qui peut inciter les gens à arrêter de fumer. »
Alors véritable outil de sensibilisation, ou énième gadget de prévention ? Plusieurs “cobayes” de ce test semblent le penser. Selon eux, ce n’est pas la solution pour réduire la consommation des fumeurs : « Les campagnes plus violentes fonctionnent mieux », estime l’un d’eux. Quoi qu’il en soit, cette petite expérience est aussi un moyen pour Aline Noblet de proposer par la suite un suivi, vers une réduction de la consommation, et peut-être même un sevrage.
Des bons d’achat pour les femmes enceintes qui arrêtent de fumer
Cette campagne intervient à l’occasion de la journée mondiale sans tabac, qui vise à faire arrêter les fumeurs pendant au moins vingt-quatre heures. Un défi collectif qui peut être le début d’un sevrage.
La campagne se tient par ailleurs concomitamment à l’étude des hôpitaux de Paris sur l’incitation financière à arrêter de fumer pendant la grossesse.
L’expérience, qui a commencé depuis maintenant un an, récompense en effet les femmes enceintes qui tentent d’arrêter de fumer par des bons d’achats d’une valeur de 20 euros, valables dans de nombreuses grandes enseignes.
La grossesse n’est en effet pas toujours un événement dissuasif pour que les femmes arrêtent la cigarettes. Aline Noblet, responsable de l’étude à Grenoble, qualifie l’expérience de « petit coup de pouce », par ailleurs avantageux au niveau des coûts :
« C’est en fait moins cher de donner des bons pour qu’une femme arrête de fumer plutôt qu’elle continue de le faire toute sa grossesse et qu’elle ait des complications : césarienne ou problèmes respiratoires de l’enfant. » Aline Noblet en profite donc pour proposer à des femmes enceintes fumeuses de participer à l’étude. Pour le moment, 300 ont répondu à l’appel, l’objectif étant d’atteindre les 600.
Mélody Chalvin