DÉCRYPTAGE - La troisième circonscription de l'Isère, traditionnellement ancrée à gauche, où Michel Destot règne en maître depuis 1988, n'échappe pas à la guerre des gauches pour ces prochaines élections législatives. Feu les espoirs de rassemblement entre le PS, EELV, la France insoumise et le PCF. Chaque formation fait cavalier seul, ou presque. De quoi compliquer une situation déjà tendue dans une circonscription où la candidate de La République en marche pourrait bien l'emporter.
La 3e circonscription de l'Isère est, depuis 1988, le fief du député sortant Michel Destot (PS). Autant dire un bail. L'ancien maire de Grenoble se représente, cette fois-ci assisté de sa suppléante Francine Claude, conseillère municipale à Fontaine. Les électeurs de cette circonscription – regroupant les cantons de Fontaine-Sassenage, Grenoble III, Grenoble V et Grenoble VI –, traditionnellement à gauche, renouvelleront-ils ce vote le 11 juin lors du premier tour des élections législatives ?
Bien malin qui peut le dire. Si l'on extrapole les résultats du premier tour de la présidentielle qui ont vu s'effondrer Benoît Hamon, le candidat du Parti socialiste, et les résultats de quelques récents sondages sur les élections législatives, rien ne laisse penser que Michel Destot pourrait sortir indemne de la bataille.
Quant à atteindre, comme en 2012, les quelque 40,49 % des voix qu'il avait engrangées sur la circonscription… En embuscade, Émilie Chalas, la candidate de La République en marche (LREM), forte des résultats obtenus par Emmanuel Macron sur l'agglomération, attend son heure. Mais il faut aussi compter sur Raphaël Briot de la France insoumise, qui entend bien tenir la dragée haute à ses adversaires, d'autant que Jean-Luc Mélenchon à réalisé d'excellents scores, notamment sur les bureaux de vote de Chorrier-Berriat, autour de Mistral, de Vigny-Musset et du Village olympique.
Parmi les onze autres prétendants au siège de député en lice (voir encadré), la candidate Les Républicains Élodie Léger, Soukaïna Larabi qui a obtenu le soutien de Europe écologie-les Verts (EELV), la candidate du Front national Béatrix Bolvin et Jean-Paul Trovero, le maire communiste de Fontaine.
Michel Destot brigue un septième mandat
De fait, Michel Destot qui se présente pour un septième mandat se retrouve dans une position beaucoup moins favorable qu'en 2012, n'étant plus le candidat de la majorité présidentielle et surtout plus maire de Grenoble depuis 2014. Autant de vagues sur lesquelles il ne peut plus surfer. De plus, si l'on considère, a priori, que son électorat appartient plutôt au courant de la gauche modérée, ces mêmes électeurs pourraient fort bien être intéressés par la candidature de Émilie Chalas qui, le vent en poupe, joue presque sur du velours.
Ajoutons à cela la candidature de la jeune socialiste – désormais exclue du PS – Soukaïna Larabi (Ensemble pour gagner !) qui a soutenu Benoît Hamon, et de sa suppléante l’écologiste Maryvonne Boileau de la majorité d’Éric Piolle qui pourrait bien siphonner des voix socialistes.
Quant au candidat de la France insoumise – la “nouvelle gauche” – ne risque-t-il pas aussi de voler des voix à Michel Destot, alors que Mélenchon avait été placé en tête au premier tour de la présidentielle à Grenoble ? Élection compliquée, dites-vous ?
L'élu reste cependant confiant et compte bien sortir quelques atouts de sa manche. Notamment son bilan et sa notoriété, le tout reposant sur un socle électoral qu'il estime important, bien que sans doute un peu vieillissant et, partant, allant en s’effritant. Pour autant, rien n'est joué, l'éclatement des voix qui se profile au premier tour est tel que Michel Destot pourrait très bien se retrouver au second tour.
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