EN BREF – La Métropole de Grenoble pose ses conditions pour sa participation au financement de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin. Pour résumer : d’accord pour mettre la main à la poche et sortir 227 millions d’euros mais à condition d’en retirer des « bénéfices indiscutables ». C’est le sens du vœu qu’ont voté les élus métropolitains lors du dernier conseil communautaire. Après le retrait du Département de l’Isère et de la ville de Grenoble, la Métro semble marcher sur des œufs…
Où va le Lyon-Turin ? A Grenoble, on ne sait plus trop… Alors que le secrétaire d’État aux transports Alain Vidalies a missionné une réflexion sur la programmation des accès de la ligne ferroviaire transalpine, les élus de la Métropole ont décidé d’y regarder à deux fois.
Pour résumer, d’accord pour mettre la main à la poche mais à condition que Grenoble y trouve un minimum son compte. C’est le sens du vœu qu’ont voté les élus lors du conseil communautaire du 3 février 2017. Le principe d’une participation financière de la Métro a ainsi été conditionné à la démonstration de « bénéfices indiscutables pour l’agglomération grenobloise, tant pour le report modal que le fret ou le trafic voyageurs ».
Une note qui a flambé
Initialement, la note du Lyon-Turin s’élevait pour les trois collectivités iséroises – la ville de Grenoble, la Métropole de Grenoble et le Département de l’Isère – à 53,4 millions d’euros. C’était en 2002. Depuis, elle a flambé. En 2007, le nouveau protocole partait sur 130 millions d’euros. Dix ans plus tard, où en est-on ? On approche les 230 millions d’euros, pour un coût global du projet désormais estimé à 30 milliards d’euros.
Mais voilà, au fur et à mesure que montent les enchères, il y a de moins en moins de monde autour de la table. Le Conseil départemental a claqué la porte le 24 février 2012, suivi le 12 avril 2016 par la ville de Grenoble. Pas tout à fait pour les mêmes raisons – l’abandon de la voie du Voironnais dite shunt de Rives pour l’un, des raisons économico-idéologiques pour l’autre – mais le cœur n’y était plus.
Désormais seule à la table, forcément Grenoble Alpes-Métropole hésite. Et a attrapé au bond la perche tendue par le secrétaire d’État.
« Il s’agit de mettre à profit cette période qui s’ouvre pour poser des enjeux et se positionner pour une amélioration des dessertes ferroviaires de notre territoire », a souligné d’emblée le président de la Métro.
« Les montants engagés par la Métro n’ont cessé d’augmenter alors que, dans le même temps, les bénéfices attendus de la desserte ferroviaire se sont retrouvés amoindris voire remis en cause », a poursuivi Christophe Ferrari.
Enjeu : plus de ponctualité sur la ligne Grenoble-Lyon
Qu’est-ce que Grenoble a encore à y gagner ? Une réduction des temps de trajet jusqu’à Paris ou jusqu’à l’aéroport Saint-Exupéry ? Cela devrait se jouer à quelques minutes. Non, vraisemblablement, Grenoble devrait davantage y gagner du côté de la ponctualité des TER. Et notamment sur la ligne Grenoble-Lyon. Une vision très pragmatique, loin des visées géo-stratégiques et de la perspective de voir se renforcer les échanges Est-Ouest…
« Il s’agit d’une des lignes les plus malades de France, a souligné Yann Mongaburu, vice-président en charge des déplacements. Est-ce que nous pouvons, sans petite politique, envoyer un message simple ? Ce vœu, cela veut dire peser dans les choix, sur la jonction entre Moirans et Grenoble, sur le contournement ferroviaire lyonnais qui peut apporter un gain pour la métropole, sur le fret à destination de Grenoble. Le contribuable grenoblois doit y gagner, le reste relève du débat du législateur. »
L’amendement proposé par les élus de la droite républicaine, qui demandait de réaffirmer la volonté de voir aboutir le projet, a lui été rejeté.
Patricia Cerinsek