FOCUS – Le conseil municipal de la ville de Grenoble a voté, le 19 décembre dernier, le protocole de préfiguration du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) engagé par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). L’objectif ? Valider l’étape de contractualisation d’un nouveau projet concernant les quartiers Mistral, Villeneuve et Village olympique. Un « acte fort » porté par la Métropole, Grenoble, Échirolles et Saint-Martin-d’Hères, qui comptent ainsi « se donner les moyens de concevoir un projet urbain de qualité ».
À l’ordre du jour du conseil municipal du 19 décembre dernier et bien que quelque peu occultée par le vote du budget 2017, la délibération sur le protocole de préfiguration du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) a largement alimenté les débats.
Désormais de compétence métropolitaine, la part de ce projet qui revient à la ville de Grenoble reste importante puisqu’elle concerne notamment le Village olympique, les quartiers de la Villeneuve que sont la place des Géants et la galerie de l’Arlequin ainsi que le quartier Mistral.
Par la place accrue qui sera donnée aux habitants, aux associations et aux acteurs économiques locaux, le projet à venir sera « un échelon supplémentaire pour améliorer la vie des habitants de ces quartiers ». C’est du moins ce qu’assure Maryvonne Boileau, conseillère municipale déléguée à la politique de la ville et, de fait, porteuse de la délibération.
« Le renouvellement urbain, ce n’est pas simplement rénover des bâtiments »
« Quand on fait du renouvellement urbain ce n’est pas simplement rénover des bâtiments, c’est aussi pour améliorer la vie des gens au quotidien. Notamment travailler sur la question de l’éducation, de la formation, de l’insertion et la sûreté des biens et des personnes, la tranquillité publique dans ces quartiers », expose Maryvonne Boileau.
C’est bien là tout l’objet de la politique de la ville pour les 200 quartiers identifiés comme prioritaires par le ministère éponyme. En décembre 2014, l’Anru a décidé de mettre en œuvre le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) – appelé également Anru 2 – doté d’une enveloppe globale de 5 milliards d’euros d’investissement.
C’est ainsi qu’en 2015 les quartiers de la Villeneuve et du Village olympique ont été inscrits comme des opérations d’intérêt national, tandis que pour les quartiers Mistral – Lys rouge et Champberton – Renaudie la ville de Grenoble obtenait qu’ils soient classés d’intérêt régional. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles la secrétaire d’État à la Ville, Hélène Geoffroy a choisi de visiter le quartier de la Villeneuve de Grenoble en février 2016.
Le NPNRU fera donc suite à l’Anru 1, lancé en 2005 par Jean-Louis Borloo, actuellement en phase d’achèvement qui a trouvé sa concrétisation à Grenoble dans un certain nombre de réalisations.
« Nous avons déjà fait des travaux aux 40 et 50 de la galerie de l’Arlequin, où ce sont environ 200 logements qui ont été réhabilités en qualité bâtiment basse consommation (BBC) et créé de nouveaux espaces publics à la place des anciens silos de parking », se félicite l’élue en charge des politiques de la ville. Qui précise qu’un nouveau centre sportif, un espace jeunesse ainsi qu’un nouveau centre de santé « seront mis en service à l’horizon 2020 ».
« Il nous faut recoudre ces quartiers »
Ce nouveau projet arrive dans ces quartiers de Grenoble sud qui répondront désormais – dimension métropolitaine oblige – à la dénomination élargie de « centralité sud ». « Un espace en devenir économique très important considérant les surfaces qui vont être libérées avec un certain nombre de lieux, tant à Échirolles qu’à Grenoble », souligne Maryvonne Boileau.
« Il nous faut recoudre ces quartier […] là où les politiques passées les ont fractionnés en micro-quartiers […] en assignant leurs habitants à résidence et en créant toujours plus de frontières », a expliqué Éric Piolle dans son introduction à la délibération. Une manière peut-être de rappeler la formule reprise début 2015 par le député Christian Hutin : « Faute de République, la République se meurt dans les quartiers. »
Vaste programme en tout cas. Pour aider à coconstruire tout cela, la Ville met en avant la concertation mise en place avec les habitants, notamment par l’intermédiaire des tables de quartier ou, autrement dit, les conseils citoyens. Une concertation quelque peu critiquée et dont la Ville se défend. « Les habitants peuvent dire que nous ne concertons pas suffisamment, or il y a depuis dix ans de la concertation à la Villeneuve sur les projets Anru », plaide Maryvonne Boileau.
L’élue en veut pour preuve les retours du terrain. « Un certain nombre d’habitants nous ont exprimé leur satisfaction de voir que nous poursuivons le travail sur l’Anru », objecte-t-elle.
Pour autant, concernant ce projet, Maryvonne Boileau l’admet, on a pris des raccourcis. « Oui, nous avons fait le choix délibéré de passer le dossier en février – mars, parce que si nous ne le faisions pas il y avait des risques que notre projet ne soit pas retenu. Or il nous paraît essentiel et fondamental de continuer à solliciter le financement de l’Anru pour améliorer la vie dans ces quartiers », tente-t-elle d’expliquer.
La priorité : engager la rénovation du patrimoine bâti existant
Qu’en est-il de ce nouveau projet qui se profile et que la Ville n’hésite pas à qualifier d’ambitieux ? La municipalité ne cache pas sa volonté d’engager des moyens importants. Notamment pour ce qui concerne « l’aménagement de l’espace public, la propreté urbaine ou encore la végétalisation des rues et des abords ». Mais le principal enjeu, la priorité, est d’engager une rénovation du patrimoine bâti existant.
« Dans ce cadre-là, il y aura l’amélioration des copropriétés des 60, 120, 150 et 170 galerie de l’Arlequin, où nous voulons aider les copropriétaires avec des aides de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) », précise Maryvonne Boileau. L’objectif ? Outre l’amélioration du confort des locataires, faire en sorte que les propriétaires de biens sur la galerie de l’Arlequin puissent voir la valeur de leur appartement améliorée.
C’est ainsi que 50 % des dépenses seront prises en charge par cette agence, « ce qui est très exceptionnel », souligne l’élue. Le reste sera financé par d’autres acteurs dont la Métrople.
Pourquoi avoir mis particulièrement le focus sur ces améliorations ? « C’est une volonté de notre part. Nous pensons qu’il est nécessaire de conserver la mixité sociale dans ces quartiers en aidant à la revalorisation des propriétés. Et aussi parce que nous savons très bien qu’il y a une dévalorisation qui se poursuit depuis un certain nombre d’années dans ces quartiers. »
Une étape de contractualisation d’un projet de renouvellement urbain
C’est d’ailleurs pour attirer de nouvelles familles et contribuer au bien-être de ceux qui habitent ces quartiers que l’Anru a défini un socle d’orientation qui devra être pris en compte dans les discussions. L’occasion pour la Ville de se livrer à une explication de texte. « Le projet à venir devra plus particulièrement se donner comme objectifs d’augmenter la diversité de l’habitat, favoriser la mixité fonctionnelle en travaillant sur l’attractivité économique du secteur ou encore viser l’efficacité énergétique et contribuer à la transition écologique des quartiers. »
Mais nous n’en sommes pas là… et la Ville prend les devants avant toute réalisation. « Le protocole de préfiguration [l’objet de la délibération, ndlr] n’est qu’une étape de contractualisation d’un projet de renouvellement urbain. Il est destiné à financer un programme d’études et des moyens d’ingénierie. Il permet de se donner les moyens suffisants pour concevoir un projet urbain de qualité et de définir à la fois les conditions de leur faisabilité », tient-elle à préciser.
La délibération a été adoptée par la majorité et, bien qu’assortie de nombreuses réserves, par les conseillers municipaux du groupe Rassemblement de gauche et de progrès. Le groupe Les Républicains – UDI et Société civile s’est, quant à lui, abstenu tandis que le Front national votait contre.
Joël Kermabon