FOCUS – Les résultats tombés jusque tard dans la nuit de dimanche à lundi 21 novembre le confirment : l’Isère s’inscrit dans la dynamique nationale de la primaire de la droite et du centre. Le succès de François Fillon prépare d’ailleurs peut-être le terrain d’une réconciliation des droites iséroises autour d’un même candidat.
« Le deuxième tour se prépare dès aujourd’hui », a déclaré Jean-Pierre Barbier, président du Conseil départemental de l’Isère, dans la soirée du dimanche 20 novembre, après s’être félicité de la mobilisation des électeurs autour de la primaire de la droite et du centre.
Un deuxième tour qui, pourtant, ne relevait pas encore à ce moment de la certitude : ils étaient en effet quelques-uns, au niveau national comme sur le département de l’Isère, à s’interroger sur son opportunité. Alain Juppé a finalement levé toute ambiguïté : malgré un score très inférieur à celui de François Fillon, il se maintient bel et bien dans la course.
Des « fillonistes » en Isère ?
Le succès de François Fillon était loin d’être anticipé : personne, parmi les sondeurs ni les experts ou analystes, n’avaient prévu que l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy engrangerait ainsi plus de 40 % des voix dès le premier tour du scrutin.
En Isère, les soutiens à François Fillon n’étaient par ailleurs pas légion. Alors que Jean-Pierre Barbier ou l’ancien maire de Grenoble, Alain Carignon, affichaient leur préférence pour Nicolas Sarkozy, le conseiller municipal d’opposition Les Républicains Matthieu Chamussy avait pour sa part pris fait et cause pour la candidature de Bruno Le Maire.
Alexandre Roux, secrétaire départemental isérois des Républicains, tient toutefois à rappeler que l’Isère comptait également des soutiens à François Fillon, citant notamment les noms du sénateur de l’Isère Michel Savin, de la première vice-présidente du Conseil départemental Frédérique Puissat, du maire de Bourgoin-Jallieu Vincent Chriqui, ou encore du maire de Saint-Ismier Henri Baile.
Nicolas Sarkozy comme Bruno Le Maire ayant annoncé leur soutien à François Fillon pour le second tour, la droite iséroise devrait donc se réconcilier en grande partie autour d’un candidat commun. Matthieu Chamussy a d’ores et déjà fait savoir via Twitter qu’il soutiendrait François FIllon, « qui incarne le mieux à [ses] yeux l’idéal gaulliste. »
Pour ma part je fais le choix de soutenir @FrancoisFillon qui incarne le mieux à mes yeux l’idéal gaulliste.
— Matthieu Chamussy (@m_chamussy) 20 novembre 2016
Le poids des électeurs de gauche ?
Les électeurs de gauche, voire du Front national, ont-ils pesé sur les résultats de ce premier tour de la primaire ? Le secrétaire départemental ne le pense pas, constatant que l’arrivée en tête de François Fillon, au programme économique très libéral, va bien moins dans le sens de l’électorat de gauche que les positions prises par Alain Juppé ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet.
Il n’en demeure pas moins que des électeurs de gauche se sont bel et bien rendus aux urnes, notamment dans le but affiché de faire barrage à la candidature de Nicolas Sarkozy, aux thèmes de campagne parfois aussi « gaulois » que clivants…
Les Républicains n’ont d’ailleurs pas manqué de faire remarquer que Yann Mongaburu, président du SMTC et conseiller communautaire attaché au Rassemblement de la gauche et des écologistes, était allé « sans vergogne » voter à la primaire. Une « duplicité », pour la droite, qui rappelle que les électeurs devaient signer une charte certifiant qu’ils partageaient les valeurs de la droite et s’engageaient pour l’alternance.
La tendance nationale se confirme en Isère
Dans la nuit du dimanche 20 au lundi 21, les chiffres des résultats des différents bureaux de vote isérois demeuraient pour la plupart à l’état d’estimations. La tendance nationale n’en semble pas moins se confirmer à l’échelle locale, en particulier sur la présence d’un Nicolas Sarkozy presque toujours en troisième position.
Le “tiercé” gagnant (mais pas pour tout le monde) Fillon – Juppé – Sarkozy se confirme ainsi sur les communes de Fontaine, de Meylan, de Corenc, d’Allevard, de La Tronche, de Pontcharra, d’Apprieu, ou encore de Froges.
Des particularités locales
Autre tendance : Alain Juppé est plus souvent arrivé en tête dans les bureaux de vote de Grenoble, avec un Nicolas Sarkozy particulièrement à la traîne. Rien d’étonnant pour autant : le 6 mai 2012, le président sortant n’avait remporté que 35,71 % des suffrages face à François Hollande.
La huitième circonscription de l’Isère marque également sa différence : c’est ici Nicolas Sarkozy qui apparaît en seconde position, avec toutefois à peine plus de 34 voix que le candidat Alain Juppé. Mais près de mille de moins que François Fillon.
Un François Fillon qui confirme ainsi son ancrage dans le cœur des électeurs de la droite et du centre, au niveau national tant qu’à celui du département de l’Isère. Une tendance qui se confirmera au second tour ? Bien imprudent serait celui qui, dans un contexte récurrent de retournement de situations électorales, se risquerait à pareil pronostic…