A Grenoble, le premier tour des primaires de la droite et du centre révèle le clivage de fond : le camp des pro et des opposants de Nicolas Sarkozy.

Le 1er tour de la pri­maire de la droite a viré au réfé­ren­dum “pour ou contre Nicolas Sarkozy”

Le 1er tour de la pri­maire de la droite a viré au réfé­ren­dum “pour ou contre Nicolas Sarkozy”

REPORTAGE – Forte mobi­li­sa­tion des élec­teurs de droite, du centre et aussi de gauche, dans le centre-ville de Grenoble, pour ce pre­mier tour de la pri­maire ouverte de la droite et du centre. Alors que les élec­teurs avaient le choix entre sept can­di­dats, deux blocs ont eu ten­dance à se déga­ger : les « pour » et les « contre » Nicolas Sarkozy.

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Alain Carignon, ex-maire UMP de Grenoble, lors du pre­mier tour de la pri­maire ouverte de la droite et du centre, au bureau de vote de l’é­cole du Jardin de ville à Grenoble, dimanche 20 novembre 2016. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Ce dimanche 20 novembre, au bureau de vote ins­tallé dans l’école du Jardin de ville, les élec­teurs ont afflué à bonne cadence, pour par­ti­ci­per au 1er tour de la pri­maire ouverte de la droite et du centre.

Pour tenir ce lieu de vote, l’un des 15 en place sur Grenoble, ils étaient six asses­seurs, sept à cer­tains moments de la jour­née. « Il fal­lait au moins cela, car il y a eu beau­coup d’électeurs. 500 votants ce matin et le rythme se main­tient », consta­tait vers 15 heures Nathalie Béranger. La mili­tante LR super­vi­sait les opé­ra­tions élec­to­rales du bureau de Jardin de ville, par ailleurs celui où Alain Carignon, ex-maire UMP de Grenoble, s’est rendu pour voter vers 16 h 45.

Sept can­di­dats en lice pour ce pre­mier tour, mais trois noms reviennent en boucle chez les élec­teurs inter­ro­gés : Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé. Soit le même trio gagnant que celui sur lequel parie Nathalie Béranger, par ailleurs conseillère muni­ci­pale d’opposition à Grenoble et conseillère régio­nale LR. « Mais je ne me ris­que­rais tou­te­fois pas à me pro­non­cer sur l’ordre d’arrivée ! », pré­ci­sait-elle, pru­dente. Outre ce trio de tête pos­sible, se des­si­nait encore plus net­te­ment le cli­vage entre les « pour » et les « contre » Nicolas Sarkozy.

« Sarkozy, c’est le plus compétent »

La pré­si­dente du bureau de vote de l’école du Jardin de ville ne s’en cache pas. Nathalie Béranger a choisi Nicolas Sarkozy.

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Nathalie Béranger, mili­tante LR, pré­si­dente du bureau de vote, de l’é­cole du jar­din de ville, l’un des 15 lieux de vote de Grenoble, mis en place à l’oc­ca­sion de la pri­maire ouverte de la droite et du centre, ce dimanche 20 novembre 2016. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

« Je me suis déci­dée assez tard, car tous vont dans la même direc­tion, et heu­reu­se­ment d’ailleurs ! Mais Nicolas Sarkozy est un can­di­dat de qua­lité, qui a de l’énergie et du cou­rage. Il en faut en poli­tique. Et puis, il est sou­tenu aussi par François Baroin, un homme poli­tique que j’apprécie et, bien sûr, Laurent Wauquiez, pré­sident de la Région. »

Dans le camp de Nicolas Sarkozy, cette jeune active de 32 ans, habi­tuée à voter à droite… Pour ce pre­mier tour, elle a choisi sans hési­ter : « Sarkozy, car c’est le plus com­pé­tent. Je n’ai sur­tout pas envie de Juppé. Je me demande qui va bien voter pour lui… car autour de moi j’ai beau­coup de connais­sances qui votent soit Fillon, soit Sarkozy ».

Cette ges­tion­naire d’une caisse de retraite de 62 ans a aussi sans hési­ta­tion voté Nicolas Sarkozy : « pour son pro­gramme […] Le pro­gramme de Fillon est un peu plus hard. Il demande beau­coup de choses aux gens qui tra­vaillent. »

« J’ai voté Sarkozy parce qu’il est acces­sible et sur le ter­rain, comme Eric Piolle »

Assis sur un banc, devant l’école, un élec­teur de la pri­maire ouverte s’est posé un ins­tant pour « obser­ver les gens qui viennent voter ». « Il y a du monde », remarque-t-il.

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Premier tour de la pri­maire ouverte de la droite et du centre, au bureau de vote de l’é­cole du Jardin de ville à Grenoble, dimanche 20 novembre 2016. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Ce patron de 54 ans, à la tête d’une bras­se­rie gre­no­bloise, a lui aussi voté Nicolas Sarkozy, car « il a fait des choses durant son man­dat de pré­sident, comme les réduc­tions des impôts, et sup­pri­mer les droits de suc­ces­sions… »

Il concède tou­te­fois : « Ceci dit, j’ai trouvé Fillon assez bon vers la fin… Par contre, Juppé est très mau­vais, c’est du Hollande à 200 % ». Le patron n’est tout de même pas tendre à l’égard des hommes poli­tiques en géné­ral : « Ce qui est dom­mage, c’est que pour gagner des élec­teurs, ils disent pas mal de conne­ries… » De façon sur­pre­nante, le gérant ne vote pas tou­jours à droite. A Grenoble, il a même voté pour Eric Piolle, maire éco­lo­giste. « Je vote pour des per­son­na­li­tés. Et Piolle est acces­sible et sur le ter­rain, comme Sarkozy… »

« Fillon, c’est le moins pire… »

Un couple, la qua­ran­taine bien tas­sée, est venu avec sa petite fille. Ils enfourchent tous trois leur vélo. Ils viennent de voter. Leur can­di­dat ? « Fillon ! Par convic­tion et pour sa per­son­na­lité. Nous votons à droite d’habitude aussi… », répond vive­ment la dame. Son mari ajoute : « L’âge de Fillon a aussi été un argu­ment. Juppé est trop âgé ! Cinq ans plus tôt, j’aurais peut-être hésité ! », lance-t-il, en riant.

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Premier tour de la pri­maire ouverte de la droite et du centre, au bureau de vote de l’é­cole du Jardin de ville à Grenoble, dimanche 20 novembre 2016. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Ce retraité de 65 ans est lui aussi venu en vélo jusqu’au bureau de vote. Cet ancien cadre dans le social est un élec­teur pour le moins sin­gu­lier. Partisan du FN aux muni­ci­pales, il déclare voter Fillon par affi­nité : « Je suis fillo­niste de longue date ».

Moins emballé par Fillon, ce couple de retrai­tés âgés de 75 ans, qui « vote régu­liè­re­ment à droite », a pour­tant choisi l’an­cien Premier ministre de Nicolas Sarkozy.

« C’est la pre­mière fois qu’on s’intéresse autant à la poli­tique !, tient à pré­ci­ser la dame. On a voté Fillon, parce ce que c’est le moins pire… On avait voté Sarkozy quand il a été élu pré­sident. Quant à Juppé, on ne le sent pas trop… Mais les débats de la pri­maire ne nous ont pas enthou­sias­més. Est-ce qu’on est en train de suivre le même che­min que les USA ? » Et de lâcher le fond de sa pen­sée : « C’est Le Pen qui nous inquiète. Pas pour nous, mais pour les futures géné­ra­tions… »

Juppé et Fillon « pour faire barrage »

Ils sont enfin un cer­tain nombre d’électeurs de gauche à s’être dépla­cés dans le but de faire bar­rage à Nicolas Sarkozy, ce dimanche. L’investissement de deux euros – tarif dont tout élec­teur a dû s’ac­quit­ter pour voter à la pri­maire – en vaut donc la chan­delle ? A l’é­vi­dence oui. Pour eux, c’est tout sauf… Nicolas Sarkozy. Enfin, pas ques­tion non plus de voter à la légère. Le vote a même été plu­tôt mûre­ment réflé­chi chez les élec­teurs de gauche…

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Il fal­lait s’ac­quit­ter de deux euros pour voter à la pri­maire ouverte de la droite et du centre. Grenoble, dimanche 20 novembre 2016. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Par exemple, cette élec­trice de gauche, 45 ans, s’est déci­dée pour François Fillon. Parce que « c’est celui qui me semble le plus cohé­rent, moins dans les affaires et qui dans les débats n’a pas fait d’erreur gros­sière », explique-t-elle.

N’a‑t-elle pas été gênée tout de même de signer la charte qui l’engage à « sou­te­nir publi­que­ment le can­di­dat à la pré­si­dence de la République dési­gné à l’issue de la pri­maire et à prendre part à sa cam­pagne » ? Aucunement appa­rem­ment… « Cette charte est juste de la mani­pu­la­tion. Alors, on la signe et puis voilà ! », lance-t-elle.

« Je suis venu pour voter contre Sarkozy » affirme pour sa part ce kiné de 36 ans bien décidé. « Je suis de gauche, ten­dance Martine Aubry », pré­cise-t-il. A Grenoble, aux der­niers élec­tions ? Il a voté Eric Piolle. « J’ai choisi Fillon, parce qu’il est plus hon­nête que les autres… Mais ça fait mal de signer la charte », concède-t-il.

Pour ce couple de retrai­tés et de gauche, c’est Alain Juppé le meilleur rem­part contre Sarkozy. Un vote tou­te­fois ambi­va­lent qui frise l’adhésion… Tout au moins pour mon­sieur : « Oui, je pense que Juppé a les com­pé­tences intel­lec­tuelles et morales… Avec l’âge on devient moins sec­taire », tente-t-il de jus­ti­fier, sous le regard désap­pro­ba­teur de son épouse.

« On ne veut pas revoir Sarkozy ! »

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Bureau de vote de l’é­cole du Jardin de ville à Grenoble, dimanche 20 novembre 2016. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net

Même com­bat, ce dimanche, pour ce « couple mixte »… Elle est méde­cin. Lui est ensei­gnant. Elle vote d’habitude à gauche « mais depuis un moment, le cœur n’y est plus », pré­cise-t-elle. Quant à lui, il a voté à droite. Une fois n’est pas cou­tume, tous les deux seront en phase aujourd’­hui. Ils ont choisi « Alain Juppé ». La rai­son ? « On ne veut pas revoir Sarkozy ! »

Séverine Cattiaux

Séverine Cattiaux

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