DROIT DE SUITE – Quel bilan pour la « plateforme migrants » instaurée par la Ville de Grenoble en septembre 2015, et quelles actions de solidarité en faveur des réfugiés sur le territoire grenoblois ? La Ville et les associations ont pu apporter des éléments de réponse à l’occasion d’une rencontre publique, le jeudi 23 juin à la Maison de l’international de Grenoble.
« Nous n’avons pas voulu faire de différences entre les réfugiés, ou instaurer une hiérarchie. Chaque être humain a droit à sa place. » Bernard Macret, adjoint à la mairie de Grenoble en charge des solidarités internationales, a ainsi rappelé le principe de la « Plateforme migrants », à l’occasion de la présentation d’un premier bilan, jeudi 23 juin à la Maison de l’international de Grenoble.
La Ville a mis en place cette plateforme voilà plus de six mois. L’émotion était alors à son comble après la parution de la photographie du petit Aylan, réfugié syrien d’à peine trois ans, mort noyé au cours d’une tentative de traversée de la Méditerranée. De nombreuses villes françaises s’étaient engagées dans la foulée à accueillir les réfugiés fuyant la guerre en Syrie, certaines créant même le scandale en spécifiant n’accepter que des familles chrétiennes.
La Ville de Grenoble avait choisi, pour sa part, de faire appel à la solidarité de chacun et de coordonner les propositions citoyennes à travers une plateforme en ligne. « Nous n’avons pas voulu travailler seuls », a précisé Bernard Macret, mettant en avant la trentaine d’associations qui ont participé à la mise œuvre du dispositif.
Au total, ce sont 350 personnes qui ont contacté la plateforme sur l’ensemble de la région grenobloise, afin de proposer différents modes d’engagements (volontariat, aide au soutien scolaire, etc.) « Nous avons reçu 52 propositions d’hébergement, détaille Monique Vuaillat, du collectif Migrants en Isère. Nous avons pu loger de 25 à 30 personnes. C’est loin du compte, mais c’est toujours un plus que nous avons pu apporter ! »
Solidarité pour tous
Si l’élan de solidarité concernait initialement les réfugiés syriens ou irakiens, il a bénéficié à l’ensemble des migrants ou réfugiés arrivant sur le territoire. « Je me suis proposée. On m’a dit qu’il n’y avait pas besoin de moi pour les Syriens, mais pour cette famille venant de Guinée-Conakry », résume ainsi Maryvonne, qui a hébergé durant six mois Karamba, sa compagne enceinte et leur premier enfant.
Il est vrai que la majorité des demandeurs d’asile venant en France sont originaires d’Afrique. Et principalement de la République démocratique du Congo, ainsi que ne cesse de le rappeler Jacques Leininger, de l’association Accueil demandeur d’asile (Ada). Seuls 1,3 % des réfugiés syriens demandent en réalité l’asile politique en France, selon l’Union européenne.
Bernard Macret insiste : la plateforme doit perdurer. « Il ne faut pas en rester là. Il faut continuer et amplifier ! », a‑t-il affirmé, avant de saluer les différentes actions de solidarité organisées sur la région, par exemple par l’Université Grenoble-Alpes ou à travers les parrainages républicains de demandeurs d’asile.
Monique Vuaillat n’a, de son côté, pas manqué de dénoncer une fois encore les orientations sociales prises par la nouvelle majorité du Conseil départemental en direction des migrants, avant d’estimer que l’État ne joue pas non plus son rôle et de considérer qu’il faut « maintenir la pression ».
« Pour sortir de ce marasme, il faut aussi gagner l’opinion. Nous avons entrepris des initiatives en direction de l’opinion des non-convaincus, de façon à expliquer la réalité des choses, car c’est souvent la connaissance qui manque ! », précise-t-elle encore, avant d’annoncer la tenue « d’états généraux de l’immigration » à la MC2 de Grenoble, le 3 décembre prochain.