Mosaïste Guislaine Carrier dans son atelier "Musea création mosaïque". © Yuliya Ruzhechka - placegrenet.fr

Journées des métiers d’art : dans les cou­lisses d’un ate­lier de mosaïque

Journées des métiers d’art : dans les cou­lisses d’un ate­lier de mosaïque

REPORTAGE PHOTO — Organisée par l’Institut des métiers d’art, la 10e édi­tion des Journées euro­péennes des métiers d’art* se tient du 1er au 3 avril dans toute la France, mais aussi dans 19 pays d’Europe. Un évé­ne­ment auquel par­ti­cipe la mosaïste isé­roise Guislaine Carrier, qui nous a ouvert les portes de son ate­lier à Domène et fait par­ta­ger sa passion.

« Cela fait main­te­nant onze ans que je fais de la mosaïque », confie Guislaine. Seule dans son ate­lier, concen­trée, elle assemble patiem­ment les dif­fé­rents élé­ments de pierre et d’ardoise de sa nou­velle créa­tion, l’enseigne qui sera appo­sée sur la façade de son ate­lier bap­tisé « Muséa créa­tion mosaïque ».

Mosaïste Guislaine Carrier dans son atelier "Musea création mosaïque". © Yuliya Ruzhechka - www.placegrenet.fr

Mosaïste Guislaine Carrier dans son ate­lier « Musea créa­tion mosaïque ». © Yuliya Ruzhechka – www​.pla​ce​gre​net​.fr

« C’est un tra­vail long et tech­nique, qui demande beau­coup de patience et de rigueur, qua­li­tés indis­pen­sables à ce type de métier. » Mais il faut aussi être manuel, avoir le sens de la com­po­si­tion et des cou­leurs (même si cela s’apprend). « Il faut bien être conscient que l’apprentissage est long, les pro­grès lents. On com­mence par des objets simples… Mais on peut tout faire quand on est pas­sionné ! »

La mosaïque, un tra­vail solitaire

Mosaïste Guislaine Carrier dans son atelier "Musea création mosaïque". © Yuliya Ruzhechka - www.placegrenet.fr

© Yuliya Ruzhechka – www​.pla​ce​gre​net​.fr

Avant d’être une mosaïste à temps plein, Guislaine a été coif­feuse puis a tra­vaillé dans le sec­teur de la petite enfance. Mais elle a tou­jours aimé bri­co­ler, des­si­ner, créer. Au départ, la mosaïque, c’était un loi­sir. Elle se lance toute seule avant de suivre des cours dans l’atelier de Claire Monier, à Grenoble.

La pas­sion che­villée au corps, elle suit une for­ma­tion de trois mois à l’Afpa. À par­tir de 2007, elle anime des ate­liers à la MJC de l’Abbaye, dans des éta­blis­se­ments sco­laires, et au Café des enfants à Grenoble, où elle pro­pose des ate­liers parents-enfants.

D’une acti­vité de loi­sir, la mosaïque devient un tra­vail à temps plein. En 2009, Guislaine crée son ate­lier « Muséa créa­tion mosaïque », musæa dési­gnant en latin les grottes ornées de mosaïques dans l’Antiquité.

« Il faut beau­coup de temps pour apprendre les gestes, les bases, trou­ver son propre style. Il faut faire des essais, encore et encore, dans son ate­lier. La mosaïque exige de la concen­tra­tion et du calme. C’est un tra­vail soli­taire. C’est pour­quoi j’aime bien par­tir en for­ma­tion ou par­ti­ci­per à des expos. Cela rompt la soli­tude, et per­met d’échanger avec les autres mosaïstes autour de nos techniques. »

Mosaïste Guislaine Carrier dans son atelier "Musea création mosaïque". © Yuliya Ruzhechka - www.placegrenet.fr

© Yuliya Ruzhechka – www​.pla​ce​gre​net​.fr

Le prin­cipe de création

Lorsqu’on a une idée pré­cise de ce que l’on veut créer, on choi­sit les maté­riaux appro­priés – marbre, pierres, émail, verre, terre cuite de dif­fé­rentes cou­leurs –, qui seront décou­pés avec une pince ou un coupe-verre.

Mosaïste Guislaine Carrier dans son atelier "Musea création mosaïque". © Yuliya Ruzhechka - www.placegrenet.fr

La mar­te­line est l’un des outils indis­pen­sables dans la découpe des matières pre­mières. © Yuliya Ruzhechka – www​.pla​ce​gre​net​.fr

Mosaïste Guislaine Carrier dans son atelier "Musea création mosaïque". © Yuliya Ruzhechka - www.placegrenet.fr

Mosaïste Guislaine Carrier dans son ate­lier « Musea créa­tion mosaïque ». © Yuliya Ruzhechka – www​.pla​ce​gre​net​.fr

Un mètre carré de mosaïque repré­sente envi­ron un mois de tra­vail et coûte entre 2.500 et 5.000 euros, selon les maté­riaux uti­li­sés. Le plus long, ce qui demande le plus de tra­vail, est d’agencer les dif­fé­rents éléments.

« Le pro­ces­sus de décou­verte et d’apprentissage ne s’arrête jamais », se réjouit Guislaine, qui fait régu­liè­re­ment des for­ma­tions pour se per­fec­tion­ner. Mais elle aime aussi trans­mettre son savoir-faire, donne des cours et orga­nise des stages dans son ate­lier auprès d’un public très varié, des jeunes enfants aux per­sonnes âgées. Chaque année, ils sont une ving­taine à venir se for­mer auprès d’elle.
Ce qu’elle regrette, c’est toute la par­tie com­mer­ciale du métier, pour­tant indis­pen­sable pour pou­voir en vivre. « La créa­tion d’un objet est tou­jours très per­son­nelle, d’où la dif­fi­culté de vendre sa propre pro­duc­tion. Et pour réus­sir, il faut être un com­mer­cial à temps plein, démar­cher les archi­tectes, les pro­fes­sion­nels du bâti­ment, etc. Ce n’est pas tant l’apprentissage de la mosaïque qui est dif­fi­cile, mais bien les réa­li­tés éco­no­miques d’un sec­teur qui n’est pas du tout por­teur… », regrette-t-elle.

Un souffle nouveau

Chez les mosaïstes, il y a ceux qui ont fait les Beaux Arts ou l’Institut natio­nal des métiers d’art, et ceux, comme Guislaine, pour qui c’est une recon­ver­sion. « Depuis bien­tôt dix ans, il existe un nombre crois­sant de per­sonnes qui, comme moi, se sont recon­ver­ties. Elles ont envie de se réunir, faire des choses ensemble, comme des fes­ti­vals par exemple. Le pro­blème, c’est que la mosaïque pâtit d’une image désuète. Nous essayons de mon­trer qu’il existe une créa­tion contem­po­raine très riche. L’association Mosaïque contem­po­raine en Rhône-Alpes, notam­ment, cherche à pro­mou­voir le tra­vail de ses membres en orga­ni­sant des expos. On compte de plus en plus de fes­ti­vals, et on constate que l’intérêt du public pour la mosaïque s’accroît. Une bonne nou­velle sans aucun doute », se réjouit Guislaine.

Passez le cur­seur sur la photo et cli­quez sur la petite flèche en haut au centre pour démar­rer le dia­po­rama et décou­vrir les cou­lisses de l’a­te­lier de Guislaine Carrier.

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Yuliya Ruzhechka

* Programme des Journées euro­péennes des métiers d’art

UN PEU D’HISTOIRE

L’histoire de la mosaïque prend ses racines dans la Grèce antique, et les créa­tions sont en galet. La civi­li­sa­tion romaine se nour­rit ensuite de l’expérience grecque, déve­loppe la tech­nique et uti­lise d’autres pierres qu’elle découpe. Ce que nous appe­lons aujourd’hui mosaïque tra­di­tion­nelle se réfère à des créa­tions en marbre. Les Byzantins per­pé­tuent la tra­di­tion tout en y ajou­tant un nou­veau maté­riau, la pâte de verre.
Si, à l’origine, la mosaïque revêt une fonc­tion uti­li­taire, la civi­li­sa­tion romaine com­mence à l’utiliser comme élé­ment de déco­ra­tion murale. Cependant, la dimen­sion artis­tique de la mosaïque est tout à fait récente. « À par­tir des années 1920 – 1930, la mosaïque arti­sa­nale à usage uti­li­taire tend à dis­pa­raître, rem­pla­cée par la pro­duc­tion indus­trielle », raconte Guislaine. C’est à par­tir des années 1960 qu’elle se fait une place parmi les beaux arts.
Ce qui dif­fé­ren­cie la mosaïque tra­di­tion­nelle des créa­tions actuelles, ce n’est pas tant la façon de tra­vailler et les maté­riaux uti­li­sés que la com­po­si­tion, le mélange des matières, le relief, l’agencement des maté­riaux, plus aléa­toire, moins ordonné.

YR

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