INTERVIEW – À l’heure du bilan de l’édition 2015 de la Foire de Grenoble, Claus Habfast, président directeur général d’Alpexpo, revient sur ces dix jours de festivités. L’occasion pour le conseiller municipal à la ville de Grenoble et vice-président de la Métro d’expliquer les défis qui attendent le Palais des expositions de Grenoble dans les prochains mois pour revenir à un équilibre budgétaire.
En perte de vitesse depuis plusieurs années, Alpexpo aurait-il réussi à renverser la tendance ? Malgré un contexte compliqué (morosité économique, foire déclinante, temps printanier et attentats de Paris), l’édition 2015 de la Foire de Grenoble a battu cette année son record d’affluence, en accueillant près de 104.000 visiteurs. Toujours dans l’objectif de se relever, le Palais des expositions de Grenoble a changé de mode d’exploitation en juillet dernier et un nouveau délégataire devrait être désigné dans les prochains mois.
Le changement de stratégie opéré pour la Foire de Grenoble 2015 s’est-il révélé payant ?
Claus Habfast : La Foire de Grenoble était en perte de vitesse depuis plus de six ou sept ans car Guy Chanal (l’ancien directeur du parc événementiel, ndlr) avait fait le mauvais choix de la positionner en événements haut de gamme. Le nombre de visiteurs était en baisse. Aujourd’hui, il faut savoir que les foires ont la vie dure. Les gens viennent essentiellement pour l’animation. Il y a toute une mixture à faire pour que cela fonctionne, comme c’est le cas à la Foire de Beaucroissant.
On a réussi à vendre 5 à 7 % de plus de surfaces aux exposants. Et grâce à un investissement massif dans la communication et l’animation, on a créé l’envie de venir à la Foire de Grenoble.
Les attentats de Paris survenus le 13 novembre dernier ont-ils eu un impact sur la fréquentation ?
Même si nous avons renforcé la sécurité, nous avons terminé la foire sur un rythme moindre. Toutefois, cette année, on a au final enregistré une hausse de la fréquentation de 40 %, alors que la foire a duré un jour de moins. S’il n’y avait pas eu ces événements, on aurait peut-être chatouillé les 110.000 visiteurs.
Sans trop s’avancer, on peut estimer le chiffre d’affaires des commerçants à plus de 20 millions d’euros car le panier moyen d’un visiteur est d’environ 200 euros. L’année prochaine, on espère renouer avec ce succès populaire de la foire.
Avec ce premier succès, peut-on aujourd’hui parler de renouveau pour Alpexpo ?
La foire est un événement important, mais Alpexpo n’est pas seulement la foire. Il faut aussi que le reste fonctionne. C’est aussi pour cela que l’on accueille les salons Naturissima, Artisa et Mountain Planet. Tous ces événements sont sur une pente positive. Le deuxième métier d’Alpexpo est d’héberger des événements. Beaucoup de manifestations nécessitent deux ou trois ans de préparation. On a ainsi récemment candidaté pour accueillir une grande conférence internationale en 2020. Cette prospection va se révéler payante à moyen terme.
Début 2015, la dette vis-à-vis de la Ville s’élevait à 2,8 millions d’euros. Quelle est aujourd’hui la situation financière d’Alpexpo ? Pensez-vous retrouver un équilibre financier grâce au plan d’avenir et d’ici quelle échéance ?
On a convenu avec la ville de Grenoble de mettre en place un remboursement sur dix ans. À la fin octobre, on avait déjà remboursé 300.000 euros. Il faut regarder l’ensemble des comptes mais je pense que nous serons à l’équilibre l’année prochaine car nous avons déjà beaucoup de réservations. Il faut trouver le bon équilibre entre l’investissement et les dépenses de fonctionnement.
La Sem devait être remplacée par une Société publique locale (SPL), composée à 100 % de collectivités territoriales, pour assurer l’exploitation d’Alpexpo pendant quelques mois. Où en est-on aujourd’hui ? Le choix du délégataire doit-il toujours intervenir au premier trimestre 2016 ?
La SPL a été choisie le 30 juillet dernier. Depuis, elle poursuit son travail de redressement du chiffre d’affaires. Quant au choix du délégataire, l’appel à projets est en cours. L’analyse des réponses se fait par un petit groupe d’élus dont je ne fais pas partie. C’est la ville de Grenoble qui l’organise mais des réponses sont attendues prochainement. Des propositions de délégataires seront prochainement faites au maire de Grenoble et nous devrions avoir une réponse d’ici trois ou quatre mois.
Maïlys Medjadj
CHIFFRES CLÉS DE LA FOIRE DE GRENOBLE 2015 :
450 exposants
103.934 visiteurs uniques en dix jours
Hausse de la fréquentation de 46 % par rapport à 2014 (71.235 en 11 jours)
Meilleure journée : le 11 novembre, avec 16.855 visiteurs
Meilleure heure : le 11 novembre entre 14 et 15 heures : 2.895 personnes
Meilleure nocturne : 13 novembre 5.500 visiteurs entre 18 et 23 heures
Compte tenu de la tendance constante observée sur les huit premiers jours, l’impact des attentats de Paris sur les visites du week-end des 14 et 15 novembre est estimé à – 50%.
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