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La mixité sociale, poil à grat­ter des bailleurs sociaux de l’Isère

La mixité sociale, poil à grat­ter des bailleurs sociaux de l’Isère

FOCUS - Déclassement des quartiers, peur de la radicalisation, refus du multiculturalisme… Les freins au vivre-ensemble ne manquent pas. Face à l’injonction de mixité sociale réitérée avec force par le gouvernement, les bailleurs sociaux de l’Isère sont inquiets : comment concilier mixité sociale et égalité de traitement ? Autopsie d’un malaise, sous la loupe du sociologue urbain Thomas Kirszbaum.

 

 

 

Attendus de pied ferme par le gouvernement pour mettre en œuvre la mixité sociale, les bailleurs sociaux sont gênés aux entournures, en dépit des nouveaux outils réglementaires dont ils vont disposer via la loi « Égalité et Citoyenneté » à partir de 2016.

 

Quartier de Abbaye-Jouhaux © Véronique Magnin - placegrenet.fr

Quartier de Abbaye-Jouhaux © Véronique Magnin - placegrenet.fr

Ils ont, en effet, fort à faire avec une population pour une part réfractaire. Il suffit de se rendre dans le quartier de l’Abbaye à Grenoble pour entendre une habitante des anciens lotissements affirmer : « On ne veut pas de riches à côté de nous. »

 

A la terrasse d'un café un peu plus loin, un homme d’une cinquantaine d’années redoute, lui, un autre type de population : "Il y a toujours des problèmes avec les étrangers, on est trop différent », considère-t-il. Un avis partagé par une dame retraitée : « Plutôt quitter le quartier si on fait venir trop d’immigrés. »

 

 

 

L’égalité de traitement sérieusement menacée ?

 

 

Comment, face à de telles résistances, réussir à faire cohabiter de façon pérenne des groupes divers par le statut social et les revenus mais aussi par l’âge, la nationalité et la culture ?

 

Thomas Kirszbaum, sociologue urbain - DR

Thomas Kirszbaum, sociologue urbain - DR

« Ne va-t-on pas s’autoriser, en toute bonne foi, à rechercher les ménages qui vont être acceptables et acceptés dans les quartiers ou les immeubles ? », s'interroge Thomas Kirszbaum, sociologue urbain associé à l’Institut des sciences sociales du politique de l’École normale supérieure (ISP ENS) de Cachan*. Le risque serait alors très clair : fouler du pied le droit de chacun aux mêmes choix résidentiels.

 

Les bailleurs sociaux de l’Isère ne l’entendent pas de cette oreille, bien engagés qu’ils sont à lutter contre les discriminations dans le logement social. Ils n’ont d’ailleurs pas attendu la loi Alur de 2014 – visant à plus de transparence, d’efficacité et d’équité dans l’accès au logement – pour se mobiliser.

 

Dès 2010, sous la houlette d'Absise, l'association des bailleurs sociaux de l'Isère, ils se sont employés à créer des outils capables d’asseoir l'égalité de traitement et de rendre plus transparent l'accès au logement social (cf. encadré en bas d’article).

 

Face aux résistances parfois féroces des habitants, Thomas Kirszbaum se demande toutefois si les acteurs du social ne vont pas contourner les outils et les procédures qu’ils ont mis en place pour, selon ses termes, « regagner d’une main, le pouvoir qu’ils ont perdu de l’autre ». Entendez par là placer les locataires comme ils l’entendent pour satisfaire l’injonction de mixité sociale.

 

 

 

« Pourquoi une mixité sans Blancs ne serait-elle pas de la bonne mixité ? »

 

 

Pour desserrer l’étau, l’urgence absolue selon le sociologue est d’actualiser les représentations : « On ne vit plus dans les années 60 mais dans une société multi-ethnique, multiculturelle et multiconfessionnelle ! » Reste que toute une frange de la société peine à se redéfinir autrement qu’en se mirant dans le rétroviseur de l’histoire.

 

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Véronique Magnin

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