FOCUS – Optimisation de la performance thermique du parc de logements, sensibilisation des locataires, lutte contre la précarité énergétique… A quelques semaines de la Conférence de Paris sur le climat (Cop 21), les bailleurs sociaux de l’Isère entendent bien confirmer leur engagement sur la voie de la transition énergétique. État des lieux.
« Il faut qu’aujourd’hui nous sachions techniquement, financièrement, amener énergétiquement parlant le parc ancien au niveau du parc neuf. C’est là qu’est l’enjeu », professe Frédéric Rolland, président de l’Association des bailleurs sociaux de l’Isère (Absise) et directeur général de la Société dauphinoise pour l’habitat (SDH).
Celui-ci n’est pas peu fier des quelque 3.400 logements anciens réhabilités thermiquement en Isère, au cours de l’année 2014, pour un investissement de 50.000 euros par appartement. Des logements réhabilités qui consomment un tiers de moins que ce qu’ils consommaient à l’origine. « C’est un effort très important et une vraie performance », se félicite Frédéric Rolland. C’est ainsi que des bâtiments construits dans les années 60 et 70, une fois réhabilités et avec l’expérience de deux saisons de chauffe, enregistrent des consommations équivalentes à celles de bâtiments livrés en 2010 et au-delà.
Un constat s’impose toutefois : réhabiliter dans l’ancien est plus compliqué que produire du neuf. « Même si cela a un coût élevé, nous savons toujours trouver des solutions. Nous innovons, nous expérimentons des dispositifs, des techniques. Dans le même temps, nous essayons de responsabiliser et d’acculturer notre ingénierie technique et nos fournisseurs », explique Frédéric Rolland.
Entendez par là l’appropriation des savoir-faire, en particulier par les entreprises et prestataires qui doivent s’adapter à de nouvelles techniques de construction sortant des pratiques traditionnelles.
Sensibiliser les locataires aux bons gestes
Quid de la sensibilisation des occupants ? « Le plus gros point d’achoppement, c’est la formation de nos clients locataires à l’usage, à la bonne utilisation de ces bâtiments performants », reconnaît Frédéric Rolland. Effectivement, réhabiliter sans travailler sur la conduite du changement serait faire les choses à moitié, selon le directeur. « Il y a tout un travail qui est effectué. En amont du chantier, pendant le chantier et puis après, sur la notion d’usage.
Notamment sur le suivi et l’analyse des consommations », expose-t-il. « Il faut travailler sur des choses simples pour responsabiliser nos clients : nous aimerions, par exemple, que les systèmes de comptage soient traduits en euros. Quand vous voyez défiler des kilowatts ou des mètres cubes, ça ne vous parle pas trop », plaisante le président.
Frédéric Rolland en est convaincu, c’est bien de pédagogie sur le long cours qu’il s’agit. C’est la raison pour laquelle la SDH a récemment livré un appartement “école” sur le site de l’Orange bleue, à Échirolles. Les futurs locataires peuvent ainsi apprendre à s’approprier les nouveaux outils qui seront mis à leur disposition pour piloter leur logement.
L’Opac38 met, quant à elle, à la disposition de ses nouveaux locataires d’appartements réhabilités de nombreux outils techniques d’usage quotidien. Au nombre de ceux-ci, des interrupteurs coupe-veille, des kits de réduction de la consommation d’eau…
« Nous tenons le rythme ! »
Concernant la production de logements neufs éco-performants, les bailleurs sociaux ne sont pas en reste. « Nous avons réussi, contre vents et marées, à maintenir un niveau de production élevé. En Isère, sur l’année 2014, nous sommes sur un financement de 1.200 logements et, pour l’année 2015, cela devrait être du même acabit. Nous tenons le rythme ! », se félicite Frédéric Rolland.
« Bien avant que les règlements thermiques n’aient rattrapé le monde de la construction, nous étions déjà en pointe sur ces problématiques puisque, depuis longtemps déjà, toutes nos productions étaient orientées “basse consommation” », rappelle Éric Bard, directeur général de Grenoble Habitat.
Des pionniers, en quelque sorte. L’occasion pour le directeur de mettre en avant la facette “recherche et développement” développée au fil du temps par les organismes HLM. « Une de nos compétences un peu moins connue du public, faute d’avoir suffisamment communiqué sur le sujet », confesse le directeur.
C’est ainsi qu’un projet totalement innovant, basé sur le concept ABC – pour Autonomous Building for Citizens (bâtiment autonome pour les citoyens) – verra le jour au cœur de l’écocité de Grenoble Presqu’île.
L’objectif ? Viser l’autonomie en eau, en énergies et l’optimisation de la gestion des déchets à l’échelle d’un bâtiment, voire même d’un quartier. Le tout en s’affranchissant d’un raccordement aux réseaux habituels. De quoi apporter de nouvelles pistes pour construire durable. « Cela démontre bien la volonté des bailleurs sociaux de s’inscrire en pointe sur l’innovation. Et toujours au profit des résidents en matière d’économies de consommations et de charges », souligne Éric Bard.
Concernant l’existant, avec ses logements neufs et ses retours d’expérience, l’exemple de l’écoquartier de Bonne est emblématique de la transition énergétique. Pour autant, est-ce une réussite ? La réponse est oui, à en croire les bailleurs sociaux. « Nous avons d’excellents retours, malgré quelques ajustements. » Si la qualité technique des bâtiments construits selon les standards d’aujourd’hui est primordiale, la qualité d’usage vient la compléter, soulignent les bailleurs. « Nous sommes, là, dans une opération de centre, avec des services de proximité. Les vraies économies d’énergie se font là aussi, notamment pour les déplacements domicile-travail », explique Frédéric Rolland.
« C’est vrai que si l’on parvient à maîtriser l’emprise foncière, à tout concentrer au cœur des villes, là où sont tous les services, les réseaux, les énergies, on marque beaucoup de points… Mais souvent on se heurte à la disponibilité du foncier », regrette-t-il.
Joël Kermabon
250 MILLIONS D’EUROS POUR LE LOGEMENT HLM
A quelques encablures de la Conférence de Paris sur le climat (Cop 21), les quelque 750 organismes HLM que compte l’Union sociale pour l’habitat (USH) réunis en congrès à Montpellier le 24 septembre, ont signé l’Acte HLM 2016 – 2020 (Agir en faveur du climat et la transition énergétique).
L’Association des bailleurs sociaux de l’Isère (Absise) se déclare relativement satisfaite des éléments « rassurants » entendus lors de ce congrès dont le thème était « Les HLM acteurs des transitions ».
François Hollande, le président de la République, s’était spécialement déplacé pour l’occasion. « C’est un élément fort et un gage de bonne volonté », souligne Frédéric Rolland, le président d’Absise.
En ces temps de restrictions, le mouvement HLM redoutait, en effet, une possible réduction en 2016 des aides à la pierre. Ces subventions accordées par l’État sont destinées à favoriser l’investissement immobilier et constituent une importante source de financement pour la construction de logements HLM.
L’annonce d’une dotation de 250 millions d’euros par le président de la République semble avoir rassuré tout le monde et n’est manifestement pas pour rien dans l’expression de ce satisfecit. « Tout cela va nous permettre de nous engager encore plus résolument et fermement sur la voie de la transition énergétique ! », déclare le président d’Absise.