FOCUS – Les salariés de STMicroelectronics de Crolles organisaient, ce mardi 14 avril, un rassemblement devant la préfecture de l’Isère. En cause, l’annonce d’une réduction de 43 % de leur prime d’intéressement pour 2014, alors que 500 millions de dollars ont été dépensés en dividendes et en achat d’actions par le groupe.
En grève depuis le 18 mars, les salariés de STMicroelectronics basés à Crolles restent très mobilisés et multiplient les actions visant à dénoncer l’absence de politique industrielle et sociale de ST.
La dernière en date, plus spectaculaire, avait conduit au blocage d’un rond-point à Crolles, provoquant la paralysie de la circulation. Le préfet de l’Isère est depuis intervenu dans le conflit en favorisant la tenue d’une première réunion entre toutes les organisations syndicales et la direction. Mais tardivement, selon la CGT, qui considère « qu’il est temps que l’État et les collectivités territoriales demandent des comptes à l’équipe dirigeante de ST pour ses politiques industrielle et sociale ». L’organisation rappelle en l’occurrence que ST n’a pas tenu ses engagements pris à l’issue du programme Nano 2012, notamment en ce qui concerne les créations d’emplois.
Franck Mioche, élu CGT au comité d’entreprise de STMicroelectronics, expose les raisons du rassemblement organisé ce mardi devant la préfecture.
Réalisation JK Production
Des salariés « baladés et poussés vers la porte »
« Depuis que Carlo Bozotti est devenu PDG de ST en 2005, la stratégie industrielle de l’entreprise a laissé place à une stratégie financière » déclare la CGT. L’organisation syndicale dénonce notamment le montant des rémunérations et les sommes allouées aux plans de retraite du PDG et des membres de son équipe ainsi que l’octroi de milliers d’actions gratuites à ce même PDG. Et de dénoncer, en parallèle, une baisse en France des investissements productifs, des réorganisations sans concertation et des salariés « baladés et poussés vers la sortie ».
« Les compétences se perdent, l’entreprise perd des clients, alors même que le cœur de métier de l’entreprise – le marché des semi-conducteurs – est en pleine croissance », s’inquiète la CGT.
Un impact désastreux sur le plan social
Sur le plan social, « l’impact de cette stratégie financière est désastreux » estime le syndicat. « Les salariés sont soumis à une politique de réduction des coûts pour dégager toujours plus de cash pour les dirigeants et actionnaires ». Les griefs sont nombreux. « Politique salariale au rabais, chômage partiel, pression, sous-effectifs… C’est l’envers du décor de ST ! »
Des griefs qui ne datent pas d’aujourd’hui puisqu’une délégation de salariés de STMicroelectronics Crolles et Grenoble avait déjà répondu à l’appel de la CGT, le 6 novembre 2014, pour une manifestation devant la préfecture de l’Isère et la permanence de Geneviève Fioraso, alors secrétaire d’État chargée de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il s’agissait alors de réagir à l’annonce d’un plan de départs volontaires faite le 29 octobre et aux mesures de chômage partiel affectant Crolles. Mais aussi de demander aux pouvoirs publics et au gouvernement de « faire modifier la stratégie de l’entreprise dans le sens d’un redéveloppement ».
Une réunion de négociation s’est bien déroulée les 2 et 3 avril derniers mais la CGT en dresse « un constat décevant ». La direction n’aurait répondu à aucune des revendications : « En terme de rémunération, rien ! En terme d’effectifs, rien ! Pour le reste, elle renvoie ça à la constitution de groupes de travail ! » Et de conclure que « la direction s’enferme dans un monologue et reste sourde aux préoccupations des salariés ».
Joël Kermabon