FOCUS – Cela n’aura surpris personne. C’est Jean-Pierre Barbier, conseiller départemental UMP du canton de Bièvre, qui a été élu président du Conseil départemental de l’Isère, ce 2 avril 2015. Dans son discours d’investiture, emprunt d’une certaine fermeté de ton, le nouveau patron du département a dévoilé les grands axes de la politique qu’il compte impulser, à court et à long terme, pour l’Isère.
Premier point à l’ordre du jour de la séance publique de ce jeudi 2 avril : l’élection du président du conseil départemental. Avec 34 voix pour le nouveau président contre 20 pour le socialiste Didier Rambaud et 4 pour Véronique Vermorel, qui représentait le Rassemblement des citoyens, Jean-Pierre Barbier dispose désormais d’une majorité plus que confortable. De quoi faire grincer des dents une gauche malmenée et quelque peu à cran pour le coup.
Une présidence annoncée aussi. C’était pas un secret de Polichinelle, Jean-Pierre Barbier avait fait savoir qu’il présenterait sa candidature dès le soir du second tour des élections. Dès lors que Jean-Claude Peyrin, président de la fédération UMP de l’Isère et conseiller départemental du canton de Meylan, avait assuré qu’il ne s’y opposerait pas, la présidence lui était toute acquise. C’est chose faite.
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Redynamiser l’économie
Dans son discours d’investiture, le président prône une politique fidèle à quatre principes élémentaires : « la responsabilité, l’efficacité, la simplicité et la proximité ». Des principes aptes, selon Jean-Pierre Barbier, « à fédérer toutes les énergies pour donner un nouvel élan au département ». Un département, déplore-t-il, « qui s’est progressivement banalisé, qui a perdu son esprit pionnier, qui est depuis trop longtemps en panne de grands projets. […] Nous avons maintenant six ans devant nous pour agir. C’est une première et nous la mettrons à profit ».
Justement, ces grands projets, quels sont-ils ? Jean-Pierre Barbier a notamment évoqué une toute première priorité destinée à redynamiser l’activité économique et l’emploi. « Un vaste plan de relance de 100 millions d’euros » qui seront, c’est promis, injectés dans l’économie locale pour des travaux de rénovation du réseau routier et de modernisation des équipements publics.
En second lieu, le président souhaite dresser l’inventaire des travaux « qu’il est possible de débloquer au niveau du département ». Une manière de donner un premier signal fort aux artisans, aux entreprises de travaux publics et aux PME afin de relancer, il en est convaincu, l’activité iséroise.
Cette offensive en matière de développement économique concernera également les projets gravitant autour du tourisme. Le conseil départemental soutiendra ainsi, affirme l’élu, « les grands projets innovants » garants du rayonnement et de l’attractivité du département. Et de citer, notamment, l’aéroport de Grenoble – Isère ou encore le déploiement du très haut débit dans tout le département, en passant par le développement de la filière bois.
L’État de droit devra s’appliquer à Roybon comme partout
Et puis aussi, le très attendu et très controversé Center Parcs de Chambaran… Là, Jean-Pierre Barbier est catégorique et fait son petit effet sur l’auditoire : « Le conseil départemental va tout mettre en œuvre pour faire aboutir le projet de Center Parcs. C’est une chance pour l’Isère et bien au-delà ». Et de marteler : « La volonté du conseil départemental de concrétiser ce dossier doit être réaffirmée de manière forte et claire ».
D’ailleurs, le nouveau président ne déclare-t-il pas qu’il rencontrera le préfet de l’Isère « afin que l’autorité républicaine et l’État de droit puissent s’appliquer à Roybon comme partout sur notre territoire » ? A bon entendeur, salut.
Nul besoin d’être devin pour parier que la gauche fourbit déjà ses canons et s’apprête à tirer à boulets rouges. Les opposants au projet ont d’ailleurs très bien compris le message – celui-ci n’avait rien de subliminal – puisqu’en fin d’après-midi, très réactif, le collectif anti Center Parcs grenoblois organisait, en réaction à ces propos, une manifestation très virulente en centre ville.
Chacun doit prendre sa part, rien que sa part
L’action sociale et les solidarités seront également au cœur des préoccupations prioritaires du nouvel investi. « Nous travaillerons à une simplification et à une meilleure articulation des interventions du département avec celles des autres institutions qui agissent dans le champ de l’aide sociale », affirme Jean-Pierre Barbier. Ce dernier souhaite que les dispositifs qui seront activés le soient dans un cadre budgétaire contraint et « puissent être exemplaires auprès des Isérois les plus fragiles : les accidentés de la vie et les personnes en voie d’insertion, les personnes âgées, les personnes handicapées, l’enfance en danger ».
Pour le président, c’est une évidence : « En matière de solidarité, chacun doit prendre sa part et rien que sa part ». Ainsi, compte-t-il limiter le soutien du conseil départemental aux hébergements d’urgence.
« Dans ce domaine, nous nous en tiendrons à ce qu’exige la loi et rien que la loi. Ni plus, ni moins ! » s’exclame-t-il. De fait, la délibération autorisant la participation de la collectivité à la construction d’un site d’hébergement d’urgence de 150 places sur le terrain du Rondeau sera-t-elle purement et simplement annulée. « Ce qu’une majorité a fait, une autre peut le défaire » assène l’élu.
Après les solidarités humaines, Jean-Pierre Barbier a abordé le thème de la solidarité des territoires. « Nous veillerons à promouvoir un développement juste, équilibré et harmonieux de tous les territoires, urbains ou ruraux, qui composent le département […] Aucun Isérois, quel que soit son territoire, ne doit se sentir oublié des politiques départementales », assure l’élu.
Relancer la rénovation du réseau routier
Au nombre des priorités, le nouveau président pointe l’amélioration des conditions de déplacements individuelles ou collectives à travers un grand plan de relance. « Une part importante des crédits du plan de relance sera consacrée à la rénovation du réseau routier départemental, afin d’améliorer le confort et la sécurité des usagers ».
Mais Jean-Pierre Barbier affirme aussi vouloir relancer « les grandes infrastructures routières », arguant du fait que « leur absence isole et paralyse le département ». Taclant au passage la précédente mandature, le président a condamné ses déclarations stériles et ses effets d’annonce, et ce depuis quinze ans, « faute d’unité ou de volontarisme politique ».
A ce titre, seront notamment remis en haut de la pile les dossiers du Rondeau et de l’A480. Mais l’élu, dans une élan de réalisme, tempère : « Nous savons les difficultés qui nous attendent. Ce type de projets implique des investissements considérables et une multiplicité d’acteurs locaux et nationaux, de même que d’interminables procédures ». Et de conclure : « Nous mènerons un combat acharné et responsable pour nous hisser à la hauteur des défis de la mobilité ».
Rétablissement de la gratuité des transports scolaires
Abordant le thème des collèges, Jean-Pierre Barbier a assuré vouloir accélérer la modernisation des établissements. Rappelant les engagements de campagne, le président a également réaffirmé le rétablissement de la gratuité des transports scolaires, tout en fustigeant « sa suppression par l’ancienne majorité qui a impacté négativement des milliers de familles iséroises ».
La mesure sera appliquée dès la rentrée prochaine. Jean-Pierre Barbier estime à près de 3,3 millions d’euros le pouvoir d’achat qui sera ainsi rendu aux familles « et en particulier, aux classes moyennes dans les zones rurales qui étaient les premières victimes du dispositif ».
Quid du financement de la mesure ? « Ces actions en faveur des solidarités humaines et territoriales, ainsi que de l’économie, s’exerceront dans un esprit budgétaire responsable. Nous veillerons à conjuguer non-augmentation des impôts, économies et priorité donnée à l’investissement sur le fonctionnement », explique le nouveau président.
Cependant, s’il se montre confiant dans les capacités de la toute nouvelle assemblée, Jean-Pierre Barbier reste dubitatif en ce qui concerne les relations financières du département avec l’État. « Le transfert constant de nouvelles charges et de nouvelles compétences, couplé à l’effondrement des dotations de l’État, nous mettent face à un redoutable défi », a‑t-il ainsi affirmé.
Jean-Pierre Barbier, parvenu au terme de son discours d’investiture, l’a conclu en ces termes : « Je veux un département sérieux et ambitieux car sans sérieux, rien n’est possible, et sans ambition rien ne change ». Il a six ans pour y parvenir et chacun se fera alors son idée.
Joël Kermabon