Le sang coule noir de cent mille fontaines
A Paris, à Bethléem, à Homs, à Tunis, à Bruxelles
Au Caire, à Bagdad, à Madrid, à Sarajevo, à Lhassa
Je suis
Fille du Vent, fille du désert
Femme nomade, épouse berbère
Amante andalouse, mère de toute Vies
Mes enfants ce soir assassinés
Je suis
Fille du Vent
Juive, musulmane tout autant que chrétienne,
Je viens de nulle part mais de tous les côtés,
Artiste en Liberté, goutte d’eau, grain de sable
Âme des tribus, de toutes caravanes
Je suis
Danse de l’Innommée en Lumière croisée,
Voix et regards qui me sont métissés
Toute en Liberté je me suis habillée
Sans nulle identité ni nationalité
Je suis
Et qui ce soir le poing montrerait ?
Et qui ce soir la frontière construirait ?
Et qui ce soir oserait en prière
De leurs mères nos filles séparer
Je suis
Je quitte ce dieu là dont on a pu nous dire
Qu’il fallait sa volonté soumettre
Celui qui dit le tort, celui qui crie la mort
Des enfants affamés, des femmes violées
Non ! Versons-le dans l’oubli
Retirons-nous de lui
Il n’est pas là où il est dit
Il n’est pas là où il est cru
Là où se ferment les poings
Là où se ferment les cœurs
Non, dieu n’est pas de ceux là
Qui détournent la Vie
Oh ! Mon Dieu, mon Doux, mon si Fragile
Mes enfants s’en vont, tu pleures avec moi
Je sais, tu les attends, je te les laisse
Prends en soin, fille du Vent,
Je suis Je suis Je suis
André Weill