La fin d’année, c’est traditionnellement la saison des sapins et des marronniers. Et si nos amis verts, décorés comme des académiciens, ont déjà commencé à tristement peupler nos trottoirs, les marronniers ont encore quelques beaux jours devant eux. En témoigne la foule de rétrospectives que proposent nos médias, certaines légitimes, d’autres anecdotiques.
Le blogueur paresseux que je suis n’ayant pas de raison de déroger à la règle, je laisserai au lecteur le soin de déterminer la valeur de celle-ci. Voici donc un bref échantillon parfaitement arbitraire d’événements qui, durant l’année 2014, auront marqué le continent geek.
Le Norvégien violent
En févier, le Norvégien Anders Behring Breivik se rappelait au monde. Après avoir tué en 2011, au cours d’un rassemblement de jeunes militants de gauche, 77 personnes et blessé 151 autres, le désormais prisonnier a menacé de faire une grève de la faim.
Parmi ses différents motifs de protestation : le fait de n’avoir accès qu’à une Playstation 2 et à des jeux qu’il considère pour enfants, tels que Rayman Revolution. Le meurtrier de masse réclame une Playstation 3 et le droit de choisir ses propres jeux. Étrangement, Sony n’a pas cherché à exploiter cette publicité inattendue.
Always look at the bright side of life
En juillet, Londres aura vibré sur l’air de la Liberty March Bell, autrement dit la musique du générique du Monty Python’s Flying Circus.
Après 35 ans d’existence, les cinq membres encore en vie du plus célèbre groupe humoristique au monde donnait une série de représentations devant un public conquis. Un retour – et des adieux – dont certains avaient tellement rêvé qu’ils en ressortiront déçus, comme Télérama qui ne manquera pas de trouver cela « ringard ». Mais aussi un feu d’artifice s’adressant aux millions de fanatiques de par le monde.
Parmi les guets-stars de ces spectacles : Stephen Hawking en personne. Quand on vous dit que les Python sont nerdo-compatibles !
Seins-Cloud
En août, le rouge nous est monté au front comme aux joues. Des photos parfaitement privées de stars – ou de starlettes – hollywoodiennes ont circulé sur la Toile, volées sur le Cloud, puis diffusées par un hacker aussi doué qu’indiscret. Une affaire que les subtils internautes ont baptisée « the Fappening », un jeu de mot entre « Happening » (événement) et l’onomatopée « Fap », qui désigne en argot web le bruit que fait un homme en se masturbant.
Parmi les stars en question, la présence de Jennifer Lawrence aura ému la planète entière, tant la jeune femme est populaire depuis sa prestation dans les Hunger Games. Pour autant, l’actrice avait-elle à se justifier comme elle l’a fait pour avoir pris ces photos d’elle, à l’intention de son mari absent ?
S’il était profondément immoral de voler et de rendre publics ces clichés, rien n’interdit à une personne de se prendre en photo dans le plus simple appareil si elle le désire. Contrairement au hacker indélicat, Jennifer Lawrence ne s’est rendue coupable d’aucun crime.
Bagatelles pour un Massacre à la tronçonneuse
En septembre, les végétariens n’avaient pas intérêt à fréquenter les salles de cinéma. Pour fêter ses quarante ans, le film Massacre à la tronçonneuse – The Texas Chainsaw Massacre, en version originale – ressortait dans les salles dans une version remastérisée saluée par la critique.
En 1974, le film avait fait scandale au Festival de Cannes et s’était vu interdire dans les salles obscures françaises durant de très longues années. Quarante ans plus tard, tout le monde salue la qualité de ce film d’épouvante fondateur, violent sans être gore, poussant la psychologie de ses personnages jusque dans les derniers recoins de la perversité humaine. Un véritable chef‑d’œuvre signé Tobe Hooper, qui renouvellera l’exploit trois ans plus tard avec Eaten Alive, injustement méconnu.
La nouvelle sortie du film fut toutefois un peu triste, son actrice emblématique Marilyn Burns ayant été retrouvée morte dans son appartement un mois auparavant.
Sayonara
La démission du patron de la X‑Box Japon a fait son petit effet, fin novembre. Takashi Sensui n’est pas allé jusqu’à se faire seppuku – ou hara-kiri, si vous êtes de l’école Choron –, mais il a tiré les leçons des résultats plus que décevants de la console de Microsoft sur le marché japonais.
Il s’est en effet vendu moins de cinquante mille exemplaires de la X‑Box One au pays du soleil levant, contre plus de cent mille dans l’Empire du milieu. Oui, je vous donne également l’occasion de réviser vos périphrases.
À noter, à la décharge de monsieur Sensui, que le marché des consoles de salon est en berne au pays de Sony et de Nintendo, concurrencé par les tablettes et smartphones vers lesquels les gamers ont exporté en masse leurs habitudes.
Pong à son âme
Le 6 décembre, une bien triste nouvelle se répandait dans le monde des joueurs avant de percer dans le grand public : Ralph Baer était décédé.
Considéré par certains comme le père des jeux vidéos, mais la question fait débat, l’inventeur américain d’origine allemande compte en tout cas parmi les plus éminents pionniers de cette industrie. Il est notamment le premier à avoir conceptualisé une console de jeux de salon, comportant principalement le mythique et fondateur Pong.
Autant dire que son nom fera autorité dans l’Histoire du jeu vidéo jusqu’à la fin des temps. À l’occasion de son décès, la presse lui aura heureusement rendu les hommages qu’il méritait.
Un esprit sain dans un corsaire
L’avantage, quand on rédige un billet sur le téléchargement pirate, c’est que l’on est toujours certain de coller à l’actualité. Un mois après mon petit laïus sur cette question délicate, les autorités suédoises faisaient fermer le site Pirate Bay, plateforme de téléchargement mondialement utilisée.
Le site au célèbre drapeau pirate, dont les fondateurs ont écopé de peines de prison ferme, est devenu avec le temps un symbole pour certains des revendications libertaires sur Internet. Pirate Bay n’a d’ailleurs jamais manqué de relayer toutes les actions luttant contre les projets de loi visant à « censurer » le web. Mais ne nous faisons pas trop de soucis pour le site : sa faculté à survivre aux bûchers tient encore plus de la salamandre que du Phoenix. Ainsi, on peut d’ores et déjà retrouver très aisément la Baie des Pirates sur un nouvel hébergement.
Comme un peu de failles…
Enfin, mais faut-il encore en parler, rappelons qu’en décembre Sony était victime d’un piratage de masse et voyait certains de ses films inédits diffusés sur le Net. Tandis que la sortie d’une comédie moquant le dictateur Nord-Coréen Kim Jon-un était annulée suite à des menaces d’attentat.
Barack Obama ne manquera pas de tancer Sony pour cette lâcheté, et Sony ne manquera pas de tancer Barack Obama en retour avant d’annoncer que le film sera finalement bel et bien programmé en salles. Rien de tel qu’une polémique avec le président pour assurer la promotion d’un long-métrage qui semble présenter peu d’intérêt, et pour faire oublier au passage les failles de sécurité de son entreprise. En 2011, ce sont les informations personnelles de milliers de clients de Sony qui avaient ainsi été dérobées. Obama s’en était alors beaucoup moins ému.
Auront naturellement été omis énormément de choses, d’annonces, d’événements tout aussi intéressants – sinon plus – que ceux indiqués ici. Faute de temps, de place et de courage : une rétrospective geek d’une année se voulant exhaustive demanderait environ cinq ans de travail, pour bien faire. Libre à vous, si vous le désirez, de laisser en commentaire l’info geek 2014 qui aura été la plus marquante à vos yeux. En attendant de vous retrouver l’année prochaine, que je vous souhaite naturellement aussi heureuse que possible.
Florent Mathieu