ENQUÊTE – Les salariés de la société Vencorex, située sur la plate-forme chimique de Pont-de-Claix en Isère, craignent pour leur avenir depuis que la direction a annoncé, fin novembre, la suppression de centaines d’emplois d’ici à 2016. Si les organisations syndicales, l’État, les collectivités locales et le maire de Pont-de-Claix restent mobilisés pour préserver l’avenir de la filière en Rhône-Alpes, le dossier s’avère complexe.
L’inquiétude ne faiblit pas chez Vencorex. Et pour cause : des centaines d’emplois sont toujours menacés au sein de la société implantée au cœur de la plate-forme chimique de Pont-de-Claix qui produit et commercialise des Isocyanates destinés à l’industrie des polyuréthanes. Malgré un mouvement de grève particulièrement bien suivi fin novembre, à l’appel de l’intersyndicale CGT-CFDT-CGC, la situation n’a pas évolué en ce début d’année. Depuis le comité d’entreprise du 28 novembre dernier, le sort des salariés est ainsi suspendu à la décision de la direction de Vencorex de réorganiser sa production. Pour le moment, la société étudie plusieurs pistes mais une des options envisagées a fait bondir les salariés et les organisations syndicales : l’arrêt de la production de toluène diisocyanate (TDI), utilisé pour fabriquer des mousses dans l’automobile ou l’ameublement, pour le remplacer par l’hexaméthylène diisocyanate (HDI), employé dans la fabrication de vernis et de peinture. Un changement de cap lourd de conséquences. Le TDI représentant plus des deux tiers de l’activité de la plate-forme, 300 emplois pourraient en effet disparaître. Soit la moitié des effectifs de Vencorex.Des investissements en baisse

Jean-Yves Césaroni, secrétaire CGT de la plateforme chimique de Pont-de-Claix. DR

Réaction en chaîne
Autre son de cloche du côté de la CGT : « L’abandon de la production du TDI signifie clairement la fermeture de Vencorex mais aussi une menace pour les emplois d’autres usines qui dépendent de notre activité », assure Jean-Yves Cesaroni. La liste est longue : Isochem (suppression de l’activité de raffinage de TDI), Solvay (diminution de la production de vapeur liée à l’arrêt des productions soude et TDI), Novacid (suppression de la fourniture d’acide chlorhydrique par Vencorex en cas d’arrêt du TDI)…
Soit 120 emplois supprimés en plus sur le site de Pont-de-Claix selon la CGT. Auxquels s’ajoutent quelques centaines d’autres, si l’on prend en compte les sociétés extérieures, comme Arkema (production de chlore) sur la commune de Jarrie et d’autres aux alentours de Lyon, tels que Nickel de Raney (production d’acide nitrique) sur la plate-forme chimique de Roussillon en Isère. Et ceci sans compter les sociétés sous-traitantes de maintenance, de service, fournisseurs et autres transporteurs.

Christophe Ferrari. Maire de Pont-de-Claix et élu à la Métro.
L’enjeu des mises aux normes
Depuis le 28 novembre, l’affaire Vencorex a aussi pris une dimension écologique. Dans un communiqué daté du 10 décembre dernier, les élus écologistes à Grenoble n’ont ainsi pas manqué de pointer du doigt la responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise.
Au-delà des 300 emplois qui pourraient être supprimés, ceux-ci voient dans le désengagement de Vencorex une volonté de ne pas assumer le Plan de prévention des risques technologiques (PPRT). Ce dernier vise à remettre aux normes le site de Pont-de-Claix, tant pour protéger les salariés que les populations alentours et l’environnement. Un projet de près de 87 millions d’euros, pour lequel l’État, la Métro et la région ont voté leur soutien financier fin 2011, à hauteur de 40%.

Gilles Kuntz, élu “hors groupe” à la Métro et membre du groupe politique Écologie et solidarité à la ville de Grenoble.

Plateforme chimique de Pont-de-Claix. DR

Patrick Pouchot, porte-parole de Vencorex.
Xavier Bonnehorgne

Plateforme de Jarrie vue du ciel ©Plate-forme de Pont-de-Claix