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Les sites nor­diques cherchent une piste

Les sites nor­diques cherchent une piste

DÉCRYPTAGE - Pour redresser la pente, les sites nordiques se doivent d'emprunter de nouvelles pistes. A l'instar des autres massifs français, les Alpes du Nord vont-elles rendre les itinéraires raquettes payants ? La réflexion est lancée, mais le temps presse, malgré un léger mieux ces dernières années.

 

 

Après vingt de dégringolade, le ski de fond remonte la pente sites nordiques cherchent une piste

Après vingt de dégringolade, le ski de fond remonte la pente. Doucement - © Photo Nils Louna / Place Gre'net

Le ski nordique remonte la pente. Après une dégringolade ces vingt dernières années, où la fréquentation des pistes de ski de fond a été divisée par deux (1), le nordique sort la tête de l’eau. Le directeur de Nordic France (ex-France Ski de fond), Thierry Gamot, préfère parler de “légère reprise”.
 
Avec une augmentation de l’ordre de 1 % du nombre de journées-skieurs ces dernières années, les Alpes du Nord s’en sortent mieux que les autres massifs. C’est d’ailleurs la première destination en France puisqu’à lui seul, le massif des Alpes du Nord représente 60 % du chiffre d’affaire national (2).
 
 
En première ligne face au changement climatique
 
 
L’horizon n’est pas rose pour autant. A moyenne altitude, les soubresauts de la météo et l’évolution du climat n’augurent rien de bon pour les gestionnaires de foyers de ski de fond. 

 

Et le terrain est pour le moins glissant. « Saint-Nizier-du-Moucherotte ouvre une année sur trois, constate Thierry Gamot. Les plus petites vont souffrir, avec le risque que se développement de très gros sites, comme Savoie-Grand Revard et les Saisies en Savoie, Autrans ou Méaudre dans le Vercors, ou bien encore Les Rousses dans le Jura. »
 
Certaines ont déjà uni leurs efforts. Savoie-Grand Revard est ainsi le regroupement de La Féclaz, du Revard et de Saint-François-de-Sales. Le numéro un du nordique en France affiche ainsi un chiffre d’affaires de plus de 800 000 euros en 2012 pour 176 000 journées-skieurs. Le double du numéro 2, les Rousses dans le Jura.
 
 
“On est un peu désarmé”
 
 
Au début des années 2000, secoué par la faillite de la station de Saint-Honoré, le Conseil général de l’Isère a lancé les contrats de développement diversifié pour venir en aide aux sites les plus en difficulté et développer une offre quatre saisons. Et, depuis deux ans, le département vise les non-fondeurs, avec l'opération “Osez le Nordic” qui propose plusieurs journées d'initiation gratuite dans toute l'Isère. 
 Cela suffira-t-il à enrayer le lent et quasi-inévitable déclin ? 
 
sites nordiques cherchent une piste : Les Alpes du Nord sont le premier massif pour la pratique du ski de fond en France

Les Alpes du Nord sont le premier massif, et de loin, pour la pratique du ski de fond en France. En tête des départements, la Savoie, suivi de la Haute-Savoie puis de l'Isère - © Photo Nils Louna / Place Gre'net

 
« On est un peu désarmé. Personne n’a de solution », convient le directeur de Nordic France. Aujourd’hui, quelle station n’a pas ses sentiers raquettes, ses itinéraires piétons et ses chiens de traineaux ? N’empêche, les activités alternatives ne courent pas les pistes. « Le tout ski c’est fini, mais sans le ski, tout est fini », résumait Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France, dans une interview à l’Essor en 2011.
 
 
sites nordiques et canons à neige ou enneigeurs

Les plus grosses stations s'équipent  de canons à neige. Mais quel avenir pour les plus petites ?

La marge de manœuvre est étroite. Le salut viendra-t-il des canons à neige ?
Autrans s’est équipée de 12 enneigeurs. Comme elle, les plus gros sites nordiques se sont convertis à la neige de culture, en appoint. Pas question d’arroser à tout-va. 
 
« La neige naturelle ne remplacera jamais la neige artificielle, convient Thierry Gamot. Même s’il n’y a plus de neige en 2100, est-ce que pour autant il ne faut rien faire aujourd’hui ? »
Le nordique a coupé la poire en deux. Oui à la neige de culture, mais de façon mesurée. Car le canon à neige est encore très gourmand en énergie. Traduire cher… Chaque mètre cube de neige produite et mise en œuvre coûte 1 euro. Soit, pour 30 000 m³ de neige artificielle à Autrans, un budget de 30 000 euros. 
 
 
Demain, faire payer les raquettes ?
 
 
« L’érosion de la fréquentation a en partie été compensée par l’augmentation des redevances mais on ne pourra pas faire ça éternellement ». 
Faire payer les raquettes ? Aujourd’hui, les Alpes du Nord sont le seul massif en France à ne pas faire payer l’accès aux sentiers aménagés alors que la pratique est en plein essor (+ 25 % ces cinq dernières années).
 
D’autant que, là où elle est pratiquée, la tarification (entre 1 et 9,50 euros alors que la redevance ski de fond oscille entre 4 et 10 euros) ne semble guère freiner la pratique. A la clé ? 250 000 euros de recettes en France en 2012.
 

 

L'équilibre économique des sites nordiques est aujourd'hui supporté par le seul skieur de fond

L'équilibre économique d'un site est aujourd'hui supporté par le seul skieur de fond - © Patricia Cerinsek - Place Gre'net

La voie est tracée. « L’équilibre économique d’un site nordique n’est aujourd’hui supporté que par le skieur de fond. C’est la vache à lait. Mais d’autres pratiquants profitent des infrastructures, du déneigement des routes, du parking, des salles... »
 
Autre piste : rendre le stationnement payant (3). Ou faire payer l’accès aux salles hors-sacs. Pas très populaire, d'autant que l’opération risque de ne pas être juteuse économiquement parlant...
 
Alors, chacun expérimente dans son coin. A Autrans, les plans d’itinéraires raquettes sont payants. « Il faudra trouver une solution, même si cela ne suffira pas. La plupart des sites nordiques sont en déficit. »
Car les charges, elles, continuent de grimper en flèche au rythme de la hausse du prix du fioul notamment. Une heure de damage coûte 150 euros. Or, un domaine comme Autrans ouvert en totalité demande vingt heures de damage chaque jour.
 
Une des solutions des sites nordiques : se diversifier raquettes chiens de traineaux biathlon viennent en renfort

Une des solutions : se diversifier. Raquettes, chiens de traineaux, biathlon viennent en renfort - © Photo Nils Louna / Place Gre'net

Derrière, ce sont les collectivités, communes en tête (que ce soit en régie directe, par le biais d'une société d'économie mixte ou une association) qui mettent la main à la poche.
 
Car il n’en va pas seulement de l'avenir du ski de fond mais plus largement de l’aménagement et de l’animation du territoire.
Un euro dépensé dans le ski de fond, c’est 12 euros injectés dans l’économie locale. « Et puis, c’est du lien social. Et ça, ce n’est pas quantifiable ». 
 
 
 
Patricia Cerinsek
 
 
 
  1. De 3,5 millions de journées-skieurs en France en 1993 à 1,8 million en 2012.
  2. Les Alpes du Nord comptabilisaient 3 785 kilomètres de pistes (37 % du domaine skiable en France) pour un chiffre d’affaires de 4,6 millions d’euros en 2012 (9 millions en France).
  3. Depuis 2006, la loi permet de faire payer les activités autres que le ski de fond, jusqu’à l’accès aux salles hors sacs.

 

 

Où va le produit de la redevance ?
 
En théorie, c’est simple. Le produit de la redevance ski de fond va à celui qui l’a vendu. Dans la pratique, avec la mise en place de la carte saison, ça se complique un tantinet. Car le forfait saisonnier acheté à Autrans par exemple peut servir pour aller skier ailleurs. Bref, le client paye mais souvent pour utiliser les services d’un autre site. 
« Pour le client, c’est bien, résume Thierry Gamot. Pour l’exploitant, c’est autre chose ». Difficile de mettre en place un système de péréquation. « Comment répartir ? Sur quels critères ? Cela fait vingt ans qu’on essaie, on n’y arrive pas ».
 
A ce jeu, les stations les premières ouvertes sont celles qui s’en sortent le mieux.  A priori donc les plus grosses. Soit celles qui en ont le moins besoin.
 
Mais, voilà, faute de parvenir à couper un cheveu en quatre (2 à 3 millions d’euros chaque année en France, soit un tiers du chiffre d’affaires total les bonnes années) sans mettre en place un système complexe et coûteux, l’idée a été pour l’heure abandonnée.
 
 
 
Découvrez l'intégralité du dossier spécial ski :
 
Credit Nils louna
Ski de fond/ ski de piste : quel avenir ? - © Photo Nils Louna / Place Gre'net
 
➝ Palmarès - Les stations des Alpes au sommet
➝ Décryptage - Fuite en avant pour l'or blanc
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➝ Focus - Vers des stations de ski vert…ueuses ?
➝ Focus - Sites nordiques : un label pour bien choisir

 

 

 

Patricia Cerinsek

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