DÉCRYPTAGE - Pour redresser la pente, les sites nordiques se doivent d'emprunter de nouvelles pistes. A l'instar des autres massifs français, les Alpes du Nord vont-elles rendre les itinéraires raquettes payants ? La réflexion est lancée, mais le temps presse, malgré un léger mieux ces dernières années.
Après vingt de dégringolade, le ski de fond remonte la pente. Doucement - © Photo Nils Louna / Place Gre'net
Et le terrain est pour le moins glissant. « Saint-Nizier-du-Moucherotte ouvre une année sur trois, constate Thierry Gamot. Les plus petites vont souffrir, avec le risque que se développement de très gros sites, comme Savoie-Grand Revard et les Saisies en Savoie, Autrans ou Méaudre dans le Vercors, ou bien encore Les Rousses dans le Jura. » Certaines ont déjà uni leurs efforts. Savoie-Grand Revard est ainsi le regroupement de La Féclaz, du Revard et de Saint-François-de-Sales. Le numéro un du nordique en France affiche ainsi un chiffre d’affaires de plus de 800 000 euros en 2012 pour 176 000 journées-skieurs. Le double du numéro 2, les Rousses dans le Jura. “On est un peu désarmé” Au début des années 2000, secoué par la faillite de la station de Saint-Honoré, le Conseil général de l’Isère a lancé les contrats de développement diversifié pour venir en aide aux sites les plus en difficulté et développer une offre quatre saisons. Et, depuis deux ans, le département vise les non-fondeurs, avec l'opération “Osez le Nordic” qui propose plusieurs journées d'initiation gratuite dans toute l'Isère. Cela suffira-t-il à enrayer le lent et quasi-inévitable déclin ?
Les Alpes du Nord sont le premier massif, et de loin, pour la pratique du ski de fond en France. En tête des départements, la Savoie, suivi de la Haute-Savoie puis de l'Isère - © Photo Nils Louna / Place Gre'net
Les plus grosses stations s'équipent de canons à neige. Mais quel avenir pour les plus petites ?
L'équilibre économique d'un site est aujourd'hui supporté par le seul skieur de fond - © Patricia Cerinsek - Place Gre'net
Une des solutions : se diversifier. Raquettes, chiens de traineaux, biathlon viennent en renfort - © Photo Nils Louna / Place Gre'net
- De 3,5 millions de journées-skieurs en France en 1993 à 1,8 million en 2012.
- Les Alpes du Nord comptabilisaient 3 785 kilomètres de pistes (37 % du domaine skiable en France) pour un chiffre d’affaires de 4,6 millions d’euros en 2012 (9 millions en France).
- Depuis 2006, la loi permet de faire payer les activités autres que le ski de fond, jusqu’à l’accès aux salles hors sacs.
Où va le produit de la redevance ? En théorie, c’est simple. Le produit de la redevance ski de fond va à celui qui l’a vendu. Dans la pratique, avec la mise en place de la carte saison, ça se complique un tantinet. Car le forfait saisonnier acheté à Autrans par exemple peut servir pour aller skier ailleurs. Bref, le client paye mais souvent pour utiliser les services d’un autre site. « Pour le client, c’est bien, résume Thierry Gamot. Pour l’exploitant, c’est autre chose ». Difficile de mettre en place un système de péréquation. « Comment répartir ? Sur quels critères ? Cela fait vingt ans qu’on essaie, on n’y arrive pas ». A ce jeu, les stations les premières ouvertes sont celles qui s’en sortent le mieux. A priori donc les plus grosses. Soit celles qui en ont le moins besoin. Mais, voilà, faute de parvenir à couper un cheveu en quatre (2 à 3 millions d’euros chaque année en France, soit un tiers du chiffre d’affaires total les bonnes années) sans mettre en place un système complexe et coûteux, l’idée a été pour l’heure abandonnée.
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- Ski de fond/ ski de piste : quel avenir ? - © Photo Nils Louna / Place Gre'net
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