TRIBUNE LIBRE – L’Union des habitants du centre-ville (UHCV) de Grenoble remet la question des tags sur le tapis en interpellant la Ville, tant sur leur prolifération que sur leur caractère « ultra-violent » dans un contexte de « culture du tag », et adresse ses propositions pour lutter contre le phénomène.
« Tags, graffitis … ou street-art ? » Dans une émission1France Culture, 6 septembre 2023. ainsi intitulée, France Culture posait les termes du débat par cette formule de sociologue : « De la souillure à la culture ? »
Dans notre ville, où l’adjoint au maire M. Gilles Namur parle de « culture du tag », ne serions-nous pas passés progressivement d’un nombre plutôt limité de « souillures« à la « culture » puis à la « souillure » partout dans Grenoble, et cela jusqu’à la violence ? À cette question qui non seulement se pose mais s’impose désormais à quiconque déambule dans nos rues, l’Union des Habitants du centre-Ville (UHCV) tente d’apporter ce qui lui semble donner quelques éléments de réponse.
« Y a‑t-il une culture du tag à Grenoble ? »
« Y a‑t-il une culture du tag à Grenoble ? Oui » a affirmé l’adjoint au maire en charge de l’espace public, M. Gilles Namur, à la réunion publique de l’UHCV d’octobre 2022. Effectivement, si c’est une culture que d’avoir tous les murs vandalisés, et même des arbres, l’UHCV ne peut que confirmer cette assertion.
Ce phénomène, qui n’a pas toujours existé à Grenoble, a pris une ampleur incontrôlée dans notre cité où les tags ont massivement déferlé, cessant d’être restreints à des zones en friche en dehors de la ville. À tel point que tout le monde s’interroge : Grenoble est-elle devenue la ville de France la plus couverte de tags ? Peut-être, voire même certainement.
En tous cas, elle est sans nul doute sur le podium des plus souillées, alors que l’UHCV l’a connue sans ces inscriptions prégnantes et omniprésentes qui la défigurent, qui la polluent, qui agressent ses habitants, qui choquent ses visiteurs, qui contribuent indéniablement à dégrader l’image actuelle de Grenoble.
« Est-ce qu’il y a un problème de tags à Grenoble ? Oui. Est-ce qu’il y a une culture du tag ? Oui aussi » a répété M. Gilles Namur lors de la réunion publique d’avril 2024.
Problème ? Culture ? Quelle est la cause, quelle est la conséquence ? La question n’est pas sans fondements alors que l’organisateur du « Grenoble Street Art Fest », M. Jérôme Catz, a déclaré2Le Petit Bulletin, 9 juin 2015. à son lancement il y a presque dix ans : « Aujourd’hui, on voit du street art de partout, on est bombardés par ça… À Grenoble, par exemple, il n’y a pas un rideau de fer qui n’ait pas été tagué ».
Alors oui, il y a bien une « culture du tag » à Grenoble, et cela tout à fait officiellement depuis 2015, date à laquelle la mairie s’est mise à la subventionner. Est-ce une simple coïncidence qu’après les rideaux de fer mentionnés par M. Catz, cette « culture » ait depuis recouvert tous les murs de Grenoble, les portes, les fontaines, les monuments historiques, les panneaux de signalisation, les plaques donnant le nom des rues, les stations de bus ou de tramway, le mobilier urbain et même des arbres ?
Nous posons la question, et M. Catz le fait aussi à sa façon très particulière dans une interview sur France Bleu Isère3Grand Format, 2 décembre 2021.: « Je trouve que les murs prennent de plus en plus la parole d’une manière spontanée, c’est-à-dire qu’il y a une libération de cette manière de s’exprimer dans l’espace public, qui du coup redevient un vrai espace public que les gens se réapproprient, donc ça c’est quand même d’une manière générale une très bonne chose. »
Cette « culture », « est-ce qu’on la subit ? »
« Est-ce qu’on la subit ? Oui » a ainsi reconnu M. Gilles Namur dans la poursuite de son discours. En effet ! Qui dirait le contraire ? Mais est-ce fatidique ? Y a‑t-il une fatalité qui retirerait au maire et à ses adjoints leur responsabilité, leur capacité d’initiative, leur pouvoir d’agir ?
Non!, disons-nous très fermement à l’UHCV, il n’y a ni hasard, ni fatalité ! Et nous l’affirmons haut et fort : il est non seulement possible de systématiquement lutter contre les tags, mais c’est en plus économique !
Un reportage télévisé420 Heures de TF1, 4 avril 2023. a montré que le résultat d’une politique zéro tag était aussi spectaculaire qu’édifiant. Il est même double : la ville de Cannes est parfaitement propre ; de plus l’effet dissuasif fait que le coût du nettoyage est tombé à 20 000 euros seulement, au lieu de 400 000 euros en 2014.
Il est donc possible d’inverser la spirale infernale que subit notre ville, où les tags sont omniprésents et attirent les vandales. Car, comme l’a relaté la presse5Le Dauphiné libéré, 15 août 2021., « fin connaisseur du milieu et ancien graffeur de rue, Joan estime que Grenoble est un bon terrain de jeu. Comme il y en a partout, tout le monde se permet d’en faire, dit-il, confirmant un adage qui veut que les tags attirent les tags. »
« En ce moment nous sommes un peu débordés »
« Est-ce qu’on ne fait rien ? Non. Mais oui, en ce moment nous sommes un peu débordés » a nouvellement reconnu M. Gilles Namur. Seulement « en ce moment » ? Et seulement « un peu » ? Pourquoi avoir rejeté la demande de l’UHCV d’utiliser le deuxième confinement pour effectuer un nettoyage complet alors que les rues étaient vides ? Pourquoi avoir annoncé dans la presse6Le Dauphiné libéré, 15 août 2021. que le centre-ville est une « Zone Zéro Tag » si c’est pour ne pas joindre l’action à la parole ?
Deux ans après notre lettre au maire qui demandait d’en finir avec la « pollution visuelle » et la réponse7Lettre du 9 juin 2022. de l’adjoint M. Alan Confesson affirmant que « tout est mis en œuvre pour obtenir des résultats », il n’y a eu aucune amélioration qu’on puisse noter. Les habitants doivent-ils se satisfaire d’entendre les élus dire qu’à Grenoble c’est une « culture », par ailleurs officielle puisque soutenue financièrement par la mairie à travers le « Street Art Fest » et des collectifs, qui fait qu’elle est « un peu débordée » ?
« Chez une même personne, différentes pratiques, légales, illégales »
Selon une sociologue spécialiste du sujet8France Culture, 6 septembre 2023., publiée aux Presses universitaires de Grenoble, « une même personne peut avoir plusieurs identités, plusieurs facettes dans sa vie […] donc on peut aussi retrouver chez une même personne différentes pratiques, légales, illégales, de différents styles ». Est-ce pourquoi il y a souvent à Grenoble l’impression très dérangeante que certaines personnes sont dans la « culture » subventionnée le jour, et dans le vandalisme individuel ou en bande (en « crew ») la nuit ?
« Il existe un répertoire des tags permettant d’identifier les auteurs »
Selon France Bleu Isère9Grand Format, 2 décembre 2021., « le nombre de tagueurs vandales n’est, d’après les gens du milieu, pas si grand que ça : quelques dizaines de personnes à Grenoble ». Ce ne sont pas des inconnus car « dans les milieux alternatifs, on se connait, on se croise », ajoute un acteur du street art grenoblois nationalement apprécié qui « ne participe pas au festival et ne fait pas de vandale », qui travaille à « essayer d’amener un peu de douceur et d’apaisement » mais dont des œuvres ont été malheureusement saccagées.
« Il existe un répertoire des tags permettant d’identifier les auteurs » avait dit M. Éric Piolle, maire de Grenoble, à la réunion publique UHCV d’avril 2017. Ce répertoire existe-t-il encore ? Est-il en sommeil profond ou est-il utilisé ?
« Notre priorité va toujours vers les messages injurieux »
« Notre priorité va toujours vers les messages injurieux » a aussi affirmé M. Gilles Namur. Mais cette priorité est-elle suffisamment une réalité, alors que nombre de ces inscriptions restent visibles pendant des semaines voire des mois ? Une croix gammée est restée quinze jours sur le lycée Stendhal. Exactement au même endroit, les tags ci-dessous ont mis trois mois à être effacés, et ce n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres !
Hyper centre, lycée Stendhal : « Église en feu » et « ACAB », « AntifA », « Contre la loi Darmanin soulève-toi ». © UHCV
Grenoble, capitale du tag haineux ou ultra-violent ?
L’UHCV s’interroge, au vu de ce qu’elle relève depuis désormais plusieurs années : Grenoble est-elle devenue la capitale du tag haineux ou ultra-violent ? Qui n’a pas vu, en ville ou via les réseaux sociaux, « ACAB » un peu partout (« All Cops Are Bastards » – « Tous les flics sont des salauds »), « ST en feu les ingénieurs au milieu », « Darmanin assassin », ou plus violent encore ?
Est-ce une malédiction ? Ou est-ce, tacitement et tout simplement, l’évolution logique amenée par la permissivité qui a débuté il y a dix ans ? De nombreux signes que le simple citoyen peut relever, calligraphiques ou autres, montrent que ça n’est en rien un hasard.
Les attentes de l’UHCV
À la suite des multiples éléments qui viennent d’être apportés, l’UHCV émet les six propositions suivantes :
1 – Qu’en suivant l’exemple réussi de Cannes et, en réponse à la demande faite par l’UHCV il y a deux ans, la Ville de Grenoble mette enfin en place une lutte systématique et totalement déterminée contre le fléau des tags, d’abord dans la « Zone Zéro Tag », ensuite dans toute la ville.
2 – Que la priorité contre les tags injurieux ou haineux ou agressifs devienne effective, c’est-à-dire qu’ils soient tous effacés dans les 24 heures.
3 – Que cette même priorité s’applique aussi sous 24 heures à tout tag, quel qu’il soit, dès lors qu’il est sur une école, un lieu de culte, un bâtiment de la République française.
4 – Qu’une charte de la Ville, mise en place entre elle-même et ceux à qui elle offre des subventions d’argent public ou des locaux, les engage à ne soutenir ni directement ni indirectement des personnes ou des groupes également impliqués dans le tag vandale.
5 – Que le répertoire permettant d’identifier les auteurs de tags, qu’avait mentionné M. Éric Piolle, soit remis en service s’il ne l’est plus et qu’il soit utilisé par les autorités municipales, en relation avec les services compétents de l’État.
6 – Que le Street Art à Grenoble s’ouvre largement aux nombreux acteurs qui en offrent une autre interprétation, recherchant moins le buzz médiatique ou l’effet politique ou la provocation, allant plus dans le sens de l’embellissement et de la pacification des lieux, d’une harmonie dans la ville, bref, de la « métropole apaisée » que Grenoble veut être.
Rappel : Les tribunes publiées sur Place Gre’net ont pour vocation de nourrir le débat et de contribuer à un échange constructif entre citoyens d’opinions diverses. Les propos tenus dans ce cadre ne reflètent en aucune mesure les opinions des journalistes ou de la rédaction et n’engagent que leur auteur.
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10 réflexions sur « Tribune libre : « De la “culture” du tag à la “souillure” partout dans Grenoble, jusqu’à la violence » »
Je suis vexée vous avez oublié « WAPAZ » et la signification de “AS » est « AVALE SALOpE »
Cordialement
Depuis tout petit, j’admire les dessins muraux du centre ville au quartier, de la maison au bureau.
Ils sont ma ville et mes poumons, pour ne pas vivre dans un environnement d’hôtel aseptisé ou d’appartement témoin.
Ce n’est un signe de bonne santé que d’être adapté à une société policière malade.
Laissez les murs vous parler ou faites-en des ponts.
Libres ?
C’est vous qui taguez libre ? partout pour marquer votre territoire comme un clebs le fait avec sa pisse ?
Make Grenoble Great Again
On n en peut plus de ces Tags… de quel droit de taguer des biens communs et privés !!!!!!!???
C est horrible .…il y en a de partout… un vrai cauchemar… comment arrêter ce massacre ????
En fait partout où je passe sur le web, de droite à gauche, piolle et sa clique en prennent pour leur grade…Normal au vu des non-résultats pour ne pas dire régression de la Ville
Beurk, on en peut plus de tout ça. Stop ! Avec Eric Piolle qui est de la même famille politique que les anarchistes, c’est lui qui l’a dit, Grenoble est un terreau parfait.
Bonjour,
(Et courage, vu votre pseudo, si vous n’avez pas fini votre cure.)
Vous aussi vous avez lu ces invitations à la liberté ?
Vous n’avez jamais tracé de fleur dans la neige avec votre urine ? À default du parfum, c’est un plaisir enfantin qui amène de l’azote à nos sœurs les plantes !
Respirez a fond trois fois, ça détend et si vous pouvez le faire loin de la ville et son béton, ça redonne espoir dans l’être humain même dans cette semaine noire.
C’est d’amour que vous manquez, laissez la poésie urbaine vous faire vibrer !
Rien pire pour l’environnement que ces bombes à peinture. Compositions chimiques, mauvaises pour la santé, gaz de propulsion mauvais pour l’atmosphère. Pissez dans la neige mon enfant, mais arrêtez de nous empoisonner avec vos aerosols.
La Mairie favorise ces souillures en ne faisant aucun effort de sanction, en soutenant et hébergeant des mouvements radicaux, et en soutenant un festival annuel !
Et Mr Namur reste bras ballants. Pourtant bien d’autres communes n’ont pas ce problème.