FOCUS – Un collectif écologiste a revendiqué une action de sabotage menée contre la cimenterie Vicat de Saint-Égrève, dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 décembre 2023. Si le cimentier isérois dément les faits, une opération aurait bien visé un bâtiment situé dans la carrière de Sassenage – qui alimente le site de Saint-Égrève – selon les militants. Ceux-ci expliquent s’attaquer à l’industrie du béton et plus particulièrement au groupe Vicat qu’ils accusent notamment de pollution massive.
La revendication émane d’un mystérieux “Commando pomme-pote”. « Dans la nuit du 3 au 4 décembre, dans le cadre des journées d’actions contre Lafarge et le monde du béton, nous avons décidé d’agir pour mettre un coup d’arrêt à la production de la cimenterie Vicat de Saint-Égrève », indique le collectif écologiste. Ce dernier revendique, dans un communiqué adressé lundi 4 décembre 2023 au soir à Place Gre’net, une « action de sabotage » menée sur le site du cimentier isérois.
Les activistes ont notamment saboté les installations électriques d’un bâtiment situé dans la carrière Vicat de Sassenage, qui alimente in fine le site de Saint-Egrève. DR
Pourtant, le groupe Vicat, contacté mardi 5 décembre, ne confirme pas et dément même les faits. L’entreprise assure n’être au courant d’aucun sabotage effectué contre ses activités, ni à Saint-Égrève ni ailleurs. Aucune plainte n’aurait ainsi été déposée à la gendarmerie.
« Nous avons mis hors d’usage les installations électriques de ce bâtiment ainsi que le moteur d’un convoyeur. »
Les militants ont toutefois apporté quelques précisions, mardi après-midi : « L’action a consisté dans le sabotage d’un bâtiment situé dans la carrière de Sassenage. Celui-ci sert de trémie pour alimenter un convoyeur conduisant la matière jusqu’au téléphérique, qui ensuite alimente la partie basse du site sur la commune de Saint-Egrève. De notre côté, nous avons mis hors d’usage les installations électriques de ce bâtiment ainsi que le moteur d’un convoyeur », détaillent-ils.
Le renouvellement et l’extension de la carrière Vicat de Sassenage, autorisés par la préfecture en 2021, avaient suscité une forte contestation en raison des nuisances écologiques dénoncées par les opposants. © Place Gre’net
Le collectif écologiste, qui dit s’attaquer à « toute l’industrie du béton » à travers cette action, explique dans son communiqué du lundi 4 décembre que « le choix du groupe Vicat n’est pas un hasard ». Et de préciser : « Vicat est un géant du béton qui produit chaque année près de 23 millions de tonnes de matériaux, pour un chiffre d’affaire de plus de 3 milliards d’euros. »
« Ses activités restent parmi les plus émettrices au monde »
Les activistes accusent le cimentier de « polluer massivement les eaux et les airs », notamment dans ses filiales situées en Afrique de l’ouest, « dans une logique néo-coloniale ». Ils fustigent aussi les « opérations de greenwashing » du groupe qui, selon eux, tente de « faire croire à des intentions écologistes, en mettant par exemple en avant le transport des matières premières par le téléphérique du site de Saint-Égrève – fabriqué par Poma, le fossoyeur du nucléaire à Bure ».
Les activistes dénoncent notamment les fortes émissions de CO2 du groupe Vicat dont ils fustigent les « opérations de greenwashing ». DR
Pourtant, affirment les militants, « ses activités restent parmi les plus émettrices au monde avec 20 méga tonnes de CO2 par an relâchées dans l’atmosphère ». Ils dénoncent également d’autres exemples de « destruction du vivant », comme sa récente « acquisition de l’entreprise de transport SATM afin de pouvoir participer directement au chantier aberrant du Lyon-Turin. »
« Soutien inconditionnel à nos camarades de Bouc-Bel-Air »
Le “Commando pomme-pote” pointe enfin l’histoire des familles Vicat et Sidos, à la tête du groupe, qu’il assimile à « celle du déshonneur de la collaboration et du fascisme ». Une référence à « Joseph Merceron-Vicat, condamné à la prison et à l’indignité nationale après avoir contribué à construire des bunkers pour le IIIe Reich », et à « Pierre Sidos, antisémite, pétainiste notoire et fondateur de l’Œuvre française ».
Le collectif conclut en promettant de continuer son combat « face aux entreprises capitalistes qui exploitent les êtres humains et face aux industries écocidaires ». Tout en affichant son « soutien inconditionnel à [ses] camarades de Bouc-Bel-Air », les trois militants des Soulèvements de la Terre interpellés le 27 novembre, près de Grenoble, et placés en garde à vue dans l’enquête sur le sabotage de l’usine Lafarge, en décembre 2022, à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône).