FOCUS – Deux gendarmes isérois comparaîtront, mardi 17 octobre 2023, devant le tribunal correctionnel de Grenoble, pour « homicide involontaire » et « non-empêchement de délit ». Ils sont en effet poursuivis pour avoir laissé leur collègue – avec lequel ils avaient bu tout l’après-midi – prendre le volant en état d’ivresse et provoquer un accident qui avait causé la mort d’un couple de retraités, en février 2019, à Bourgoin-Jallieu. Les enfants des victimes, parties civiles, espèrent que le procès servira de jurisprudence.
« Mes parents ne sont plus là car ces individus ont décidé de passer un après-midi entier à boire et de laisser leur collègue prendre le volant alors qu’il avait 2,54 grammes d’alcool par litre de sang. » Plus de quatre ans après les faits, Olivier Duron attend enfin « des réponses ». Il compte, pour cela, sur le procès devant le tribunal correctionnel de Grenoble, mardi 17 octobre 2023, de deux gendarmes isérois jugés respectivement pour « homicide involontaire » et « non-empêchement de délit ».
La justice devra déterminer leur responsabilité dans l’accident ayant causé la mort de Geneviève et Florencio Duron, 69 et 71 ans, le 26 février 2019, à Bourgoin-Jallieu (Isère). Aucun des deux prévenus n’était au volant du véhicule impliqué mais les deux militaires sont poursuivis pour ne pas avoir empêché leur collègue de conduire, malgré son état d’ivresse manifeste. Un conducteur avec lequel ils avaient bu durant plusieurs heures, juste avant la collision.
Le conducteur condamné à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis
Ce jour-là, vers 19 heures, le couple de retraités isérois avait été percuté par un véhicule qui « roulait comme une bombe », à une vitesse « oscillant entre 120 et 150 km/h », selon Olivier Duron et Me Hervé Gerbi, avocat des quatre enfants des victimes, qui tenaient une conférence de presse ce lundi 16 octobre. La violence du choc a été extrême. « Ce n’était plus une voiture mais un tas de ferraille », affirme le plaignant, qui s’est constitué partie civile avec sa fratrie.
L’accident a donné lieu à deux affaires distinctes. D’abord le procès du conducteur, un gendarme qui a donc été contrôlé avec un taux d’alcool de 2,54 g/L de sang. Jugé en comparution immédiate, celui-ci a été condamné pour « homicide involontaire » à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis, le 28 février 2019, par le tribunal correctionnel de Bourgoin-Jallieu.
Une « audience terrible » à laquelle les enfants du couple, venus de Charente, Bretagne et région parisienne, ont dû assister « avant même de voir les corps de leurs parents ». Et le militaire est « sorti de prison en septembre 2019, seulement sept mois après les faits », déplore Me Gerbi.
« Ils sont restés un après-midi complet dans un bar, où ils ont bu au total 18 pintes (soit 9 litres de bière), un cocktail, un Get 27 et un verre de vin ».
Mais entre-temps, une seconde affaire avait fait irruption. « Dès la première procédure, il est apparu que le gendarme avait passé des heures à boire, entre 13 heures et 18 h 45, accompagné de quatre autres gendarmes », raconte l’avocat. Avant de détailler leur consommation d’alcool globale1celle-ci étant plus importante pour le conducteur et le prévenu d’homicide involontaire : « Ils sont restés un après-midi complet dans un bar où ils ont bu au total 18 pintes (soit 9 litres de bière), un cocktail, un Get 27 et un verre de vin ! »
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