EN BREF – La commission permanente du Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes a tranché. Le 30 juin 2023, elle s’est prononcée sur le montant des subventions allouées aux acteurs culturels. De quoi en rassurer certains, mais pas tous, malgré parfois des sommes moindres que par le passé. La CGT spectacle 38 dénonce pour sa part « le règne de l’arbitraire ».
Il faudra attendre la prochaine rentrée, en septembre 2023, pour mieux juger de la santé du secteur culturel en Auvergne-Rhône-Alpes. Car c’est un fait : la majorité régionale conduite par Laurent Wauquiez a procédé à des coupes budgétaires dans certaines subventions. Elle a par ailleurs longtemps différé le vote des subsides attendus. De quoi inquiéter, voire déstabiliser de nombreuses structures, fragilisées alors qu’elles devaient lancer leurs événements sans certitude quant à leur équilibre financier.
Pour certaines, la situation n’est pas aussi grave que redouté. Deux exemples à Grenoble : la MC2 confirme qu’elle touchera 350 000 euros et le Festival des Détours de Babel, bien après la clôture de son édition 2023, recevra 60 000 euros. Des sommes identiques à celles de 2022, qui affichaient toutefois… une baisse comparée à l’année précédente. Un moindre mal dans une période d’inflation difficile pour le spectacle vivant.
La Région défend un « rééquilibrage »
« Les arts vivants sont moins aidés », admet toutefois Sophie Rotkopf, vice-présidente à la Culture du Conseil régional, qui rappelle qu’ils « captaient le plus de subventions » jusqu’à présent. Contesté, l’exécutif régional défend toujours sa politique culturelle, basée sur un double « rééquilibrage ». Ce afin de promouvoir une offre sur l’ensemble des territoires, métropolitains et ruraux, en incluant des esthétiques jugées plus fragiles : arts plastiques, musiques actuelles et industries créatives.
Laurent Wauquiez et son équipe assument par ailleurs une politique patrimoniale forte. « D’autant que le patrimoine bâti, c’est le premier lieu où on peut diffuser de la culture », souligne Sophie Rotkopf. La Région indique enfin qu’en 2023 elle a accru son soutien à six structures iséroises, dont Jazz à Vienne (170 000 euros) et les Musiciens du Louvre (100 000 euros).
Les subventions octroyées aux festivals isérois
En Isère, outre les Détours de Babel, plusieurs festivals ont obtenu fin juin – et donc parfois avec retard – l’attribution d’une subvention pour leur édition 2023.
Festival Berlioz (La Côte-Saint-André) : 150 000 euros
Les Belles Journées (Bourgoin-Jallieu) : 30 000 euros
Festival Messiaen au paus de la Meije (La Tronche) : 25 500 euros
Vercors Music Festival (Villard de Lans) : 12 750 euros
L’Arpenteur (Les Adrets) : 10 000 euros
Festival de musique de chambre du prieuré (Chirens) : 8 500 euros
Grésiblues (Le Touvet) : 6 000 euros
Merci, bonsoir ! (Grenoble) : 6 000 euros
Émotions de rue (Voiron) : 4 250 euros
Musique en Vercors (Villard de Lans) : 3 000 euros
Ojoloco (Grenoble) : 2 000 eurosAutre événement accompagné en 2023, à Tullins : le Symposium de sculptures Artchepy (4 000 euros).
« C’est le règne de l’arbitraire » pour la CGT spectacle
« C’est le règne de l’arbitraire », accuse la CGT culture 38 au sujet de la politique culturelle régionale, dans un communiqué en date du 19 juillet. « Il s’agit officiellement de “rééquilibrer” les budgets, notamment vers les zones rurales, mais cela ne s’est toujours pas traduit en actes. S’il est vrai que de nombreuses structures en métropole sont touchées, les baisses et coupes de subventions touchent également des projets dans des communes et départements ruraux. »
Si le syndicat reconnaît en outre l’importance de penser une politique culturelle à l’échelle de tout un territoire, l’argument du rééquilibrage présenté par la Région est, selon lui, « une fiction ».
Et de s’expliquer : « Le rayonnement des “grosses” institutions bénéficie souvent aux petites structures qui gravitent autour… Le subventionnement des diffuseurs de spectacle ne peut être efficace que si la création en soi est encouragée aussi. Ce n’est donc pas un rééquilibrage de territoire mais bien une redistribution politique qui est opérée par la Région : en témoignent notamment les coupes partielles voire totales de subventions sur certaines structures dont les représentant·es ont porté une parole critique sur la politique régionale. »
La CGT Culture 38 revendique pour finir « plus de démocratie dans les instances décisionnaires et une transparence totale des critères d’attribution de subventions, qui affectent la survie des structures et des projets culturels ».
[Encadré ajouté le vendredi 21 juillet à 13 h 50]
[Photo de Une : Laurent Wauquiez, le 30 juin 2023 © Guillaume Atger – Région AURA]