PORTRAIT – Pour sa septième saison sur le Freeride World Tour, le Villardien Ludovic Guillot-Diat a obtenu, le titre de champion du monde, mardi 28 mars 2023. Après des années d’entraînements, ce titre décroché à 37 ans est une « consécration » pour le snowboardeur du Vercors. Zoom sur le parcours atypique de ce sportif parvenu sur le tard à son top-niveau.
C’est son premier titre de champion du monde en plus de vingt ans de carrière sportive. Et c’est notamment grâce à sa ténacité que Ludovic Guillot-Diat a reçu ce sacre. Le snowboardeur villardien n’avait pas quitté les podiums de la saison : troisième en Espagne, deuxième au Canada et en Autriche, ou encore vainqueur à Andorre. Classé premier du général avant l’Xtreme Verbier, ultime étape du Freeride World Tour, il a remporté le titre suprême après l’annulation de la course.
À 37 ans, ce titre lui apparaît comme une consécration, mais aussi comme une surprise. « J’avais envie d’être réaliste, explique le sportif. L’année dernière, le champion du monde avait 21 ans. Le niveau de la jeune génération est assez incroyable et, pour moi, ça allait être compliqué d’accéder à un titre. Je me réjouissais déjà d’être sur la ligne de départ et de pouvoir concourir », confie-t-il .
« Finalement, le travail a payé. Ça me montre que je peux encore sortir mon épingle du jeu », ajoute modestement le sportif dont l’expérience a manifestement fait la différence mais qui ne semble pas encore réaliser son classement.
La jeunesse de Ludovic Guillot-Diat, rythmée par le sport
Depuis son enfance, le Villardien évolue dans le monde du sport. « Mon père était moniteur de ski, donc j’ai toujours baigné là-dedans », explique-t-il. Après avoir pratiqué le hockey sur glace pendant près de neuf ans, Ludovic s’est tourné vers les sports de neige.
« Aux alentours de 12 ans, j’ai dit à mes parents que je voulais faire du snowboard. J’avais gagné une course à Villard-de-Lans, ça s’appelait le Kids Snowboard. J’avais gagné une planche Rossignol et, depuis ce jour-là, j’ai su que c’était ce que j’avais envie de faire », ajoute le sportif.
N’ayant pas trouvé de club sur le plateau du Vercors, le jeune snowboarder a intégré celui de Grenoble, le Guc, qui a lancé sa carrière sportive. Ludovic a ensuite vu plus grand et intégré le club de Chamrousse. « Puis tout s’enchaîne très vite. Assez rapidement, je rentre en équipe de France jeune et en coupe d’Europe, puis je me qualifie pour les coupes du monde. Cela me permet d’entrer au sein de l’équipe de France. Et là, c’était parti ! », résume Ludovic.
Il a 17 ans quand il débute sa carrière sportive dans le boardercross, course chronométrée sur un parcours d’obstacles avec des bosses, des portes et des virages relevés. Ce n’est qu’un peu plus tard, en 2010, qu’il réoriente sa carrière vers une discipline qu’il juge plus attrayante : le snowboard freeride.
Villard-de-Lans, une terre de champion
Ludovic Guillot-Diat, c’est un champion parmi les centaines que l’on retrouve sur le plateau du Vercors. Ski de fond, de piste, biathlon, snowboard, hockey sur glace ou encore danse sur glace, quel est le secret de ce village rempli de champions ?
« À Villard, on est vraiment baigné dans un milieu où tout le monde fait du sport, explique Ludovic. Dès le plus jeune âge, on a vraiment cette culture sportive. Ça engendre des aptitudes à faire du sport. Puis, d’avoir cette proximité avec tant de champions, ça fait rêver beaucoup d’enfants… Naturellement, les jeunes entrent dans un mécanisme où ils se donnent les moyens pour ressembler à leurs modèles sportifs. »
La cité scolaire Jean-Prévost de Villard-de-Lans dispose en outre de sections sportives scolaires en hockey-glace, tennis et multiski (ski alpin, ski nordique, biathlon, saut, combiné) et d’une section d’excellence sportive Multiski. Le fonctionnement ? Des demi-journées de cours sont libérées pour laisser les élèves en sport-études pratiquer leurs activités respectives. Classes sportives, entraînements intensifs et climat du Vercors semblent créer les conditions pour faire émerger des champions des sports d’hiver.
« Il n’y a pas que le snowboard dans ma vie »
Pour arriver à un tel niveau, Ludovic Guillot-Diat a dû s’entraîner quotidiennement. « La période automnale est très chargée. Ce sont environ six entraînements par semaine, d’à peu près de deux heures trente. Au printemps, c’est plus léger, on a plus vraiment d’entraînements à proprement parler. Mais on se maintient en condition, en allant à la salle ou autre. Pour ma part, j’aime beaucoup nager ou faire du trail », ajoute le champion du monde.
Si sa carrière sportive lui prend beaucoup de temps, le Villardien essaie de concilier au mieux toutes les facettes de son quotidien. Entre vie de famille, sport de haut niveau, travail et loisirs, il ne s’arrête pas. « Il n’y a pas que le snowboard dans ma vie. Je travaille sur différents projets professionnels. J’ai eu un restaurant sur Villard-de-Lans. J’ai un fils de 5 ans et demi… J’ai une vie, comme monsieur tout le monde, finalement », plaisante le sportif.

Ludovic Guillot-Diat sur le podium du Freeride World Tour, le 28 mars 2023. © FWT
Compte-t-il prendre sa retraite, après avoir atteint les sommets de sa discipline ? Pas du tout ! Encouragé par ce titre suprême, Ludovic Guillot-Diat compte encore redoubler d’efforts pour améliorer ses performances. « Je connais mes points forts et mes points faibles. Aujourd’hui, je sais ce qu’il faut travailler pour monter encore plus en niveau, explique-t-il. Je compte bien remonter sur les pistes et pourquoi pas décrocher un second titre ! »