EN BREF – À l’école primaire Jules-Ferry de Grenoble, les élèves de CP et CE1 assistent à des cours… atypiques : les échecs. Depuis 2021 – 2022, ils apprennent ainsi à jouer à ce jeu de société durant les heures de classe. Un moyen ludique d’initier les plus petits au raisonnement mathématique, dans le cadre du projet Class’Echecs.
Roi, dame, fou, tour, échec et mat… ce vocabulaire propre aux joueurs d’échecs est devenu familier aux plus jeunes enfants de l’école primaire Jules-Ferry, située rue Léon-Jouhaux à Grenoble. Depuis 2021 – 2022, les élèves de CP et de CE1 s’initient en effet à ce jeu de stratégie, dans le cadre du projet Class’Echecs, en lien avec la résolution de problèmes en mathématiques.
Un projet qui a motivé le déplacement d’Hélène Insel, rectrice de l’académie de Grenoble, et de Patrice Gros, inspecteur d’académie et directeur académique des services de l’Éducation nationale de l’Isère, vendredi 3 mars 2023. Porté par la Fédération française d’échecs, celui-ci vise d’ici 2025 à initier plus de 250 000 enfants à ce jeu de société, à former 5 000 professeurs et à équiper 2 000 écoles avec des kits (comprenant huit jeux et un échiquier mural pour travailler en collectif), selon le rectorat.
Pourquoi les échecs ? Ce jeu aide au raisonnement logique et apporte beaucoup dans l’apprentissage des mathématiques, notamment en restaurant le plaisir. Mais pas que… « Les échecs sont un moyen d’apprendre à structurer la construction de l’espace ou des dimensions, ce qui est complètement dans les programmes scolaires des niveaux CP et CE1 », explique Denis Blanchon, directeur de l’école.
Sans oublier les compétences transversales : « se concentrer, anticiper avant d’agir, se poser, envisager… Il y a des compétences logicomathématiques dans la pratique des échecs qui nous intéressent, mais c’est aussi le niveau social et civique qui est important », poursuit le directeur.
Un jeu inclusif
À l’école primaire Jules-Ferry, quatre classes de CP et trois classes de CE1 s’initient aux échecs. À une fréquence de deux à trois séances de trente minutes par semaine, ce sont plus de 100 élèves qui apprennent à jouer. Quant aux enseignants du groupe scolaire, ils ont suivi la formation Magistère Class’Échecs. Une formation leur ayant fourni des compétences complémentaires pour rendre notamment l’apprentissage ludique.
S’il est clair que ce jeu de société favorise l’apprentissage des mathématiques, il a une autre vertu : l’inclusion. « Les échecs dans les classes, aujourd’hui, permettent à ceux qui ont des difficultés scolaires, notamment de langage, de se mettre au même niveau que les autres », explique Eloi Relange, grand maître d’échecs et président de la fédération.
Les jeunes joueurs en train de disputer une partie face au grand maître d’échecs, Eloi Relange. © Isis Laigneau – Place Gre’net
En effet, face à des élèves en grandes difficultés scolaires, le jeu peut faire des miracles : « Quand on a des difficultés de langage, c’est handicapant pour l’ensemble des disciplines de l’école alors que, quand on pose un échiquier, tout le monde peut repartir de zéro. C’est un nouveau langage, différent. Cela peut ramener dans le groupe ceux qui ne sont pas forcément à l’aise dans les disciplines traditionnelles », poursuit le champion.
Les CE1 face au grand maître d’échecs
Pour tester ce nouvel apprentissage, Eloi Relange a tenu à disputer une partie face aux jeunes joueurs. C’est une classe de CE1 qui a eu la chance d’affronter le maître international d’échecs. « Jouer avec un professionnel ça me met un peu la pression, mais c’est génial ! Les échecs ça permet vraiment de réfléchir », témoigne Liana, une jeune joueuse.
Près de vingt minutes d’affrontement entre les élèves et le maître, et… surprise ! Un élève de la classe a réalisé un incroyable score face au champion : une partie nulle. Prometteur, donc, pour ces joueurs en herbe.