FOCUS - La principale ressource en eau potable des habitants de l'agglomération de Grenoble serait-elle menacée par des polluants chimiques ? Ce scénario cauchemardesque est désormais à envisager, alertent Raymond Avrillier, membre du conseil d'exploitation des régies eaux et assainissement de Grenoble, et Anne-Sophie Olmos, vice-présidente au cycle de l'eau de Grenoble-Alpes Métropole. Tous les deux ont engagé des démarches en justice pour contraindre l'État à agir.
Un demi-million de personnes sur l'agglomération de Grenoble boivent l'eau issue du site des captages de Rochefort, à Varces-Allières-et-Risset. Une eau potable à la qualité reconnue, contrôlée jour après jour par la Société publique locale Eaux de Grenoble Alpes (EDGA).
Néanmoins, des traces de «chlorates» et de «perchlorates» - des polluants éminemment toxiques pour la santé - ont été détectées dans plusieurs puits de captage alimentant les habitants de l'agglomération de Grenoble en eau potable. C'est l'une des informations cruciales ressorties des deux études Antea Group et BRGM remises à leurs commanditaires : l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse et la Métropole de Grenoble, en septembre 2022.
Les communes ont à leur tour été informées, en janvier 2023, par Anne-Sophie Olmos, vice-présidente au cycle de l'eau de Grenoble-Alpes Métropole.
Anne-Sophie Olmos, lors du conseil métropolitain du 3 février 2023. © Agathe Bréchemier, Place Gre'net.
«On parle d'une pollution à l'état de traces. Il n'y a pas d'inquiétude à avoir sur l'eau potable, tient d'abord préciser Anne-Sophie Olmos. Il ne s'agit cependant pas d'en rester là, comme l'indique l'élue : «Du moment où il y a risque, on ne peut se satisfaire de l'existence de ce risque, surtout que, vu l'été qu'on vient de passer avec une sécheresse intense, un niveau de crise donnée par la préfecture, on ne peut pas se permettre, quand on sait qu'on va manquer d'eau et qu'on en manque déjà, de laisser perdurer un risque sur l'eau potable.»
En outre, on peut supposer que ces traces de polluants soient présentes depuis un moment dans l'eau potable de l'agglomération grenobloise. Les «chlorates» et les «perchlorates» ne sont pas des substances habituellement mesurées, dénonce en effet Raymond Avrillier, membre du conseil d'exploitation des régies eaux et assainissement de Grenoble. «La loi et les gouvernements successifs n'ont pas fixé de seuil de potabilité par rapport à ces polluants, alors on ne les mesure pas !» trouve scandaleux l'ancien maire-adjoint grenoblois.
La vice-présidente au cycle de l'eau saisit le procureur de la République
Pour éloigner le risque de pollution qui menace l'eau potable de l'agglomération grenobloise, Anne-Sophie Olmos propose d'en supprimer l'une des causes les plus probables, à savoir les rejets d'eaux polluées de la plateforme chimique de Jarrie. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les rejets de la plateforme chimique s'effectuent en effet «pile en face du champ captant» a découvert Anne-Sophie Olmos.
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2 commentaires sur « Alerte sur l’eau potable de l’agglomération de Grenoble : des traces de pollution détectées dans la nappe phréatique »
Bonjour,
Il y a plusieurs décennies des études de simulations de rejets ‚d’une part du pont de la romanche en amont des rejets industriels et d’autre part au niveau de ces rejets.
L’objectif était d’apprécier les risques de vulnérabilité des puits PR de Rocheford zone de captage, et de vulnérabilité de la nappe phréatique.
Ces études confidentielles avaient été effectuées à la demande du Service des Eaux de Grenoble, et réalisées par la section d’applications des traceurs (CENG)pour plusieurs régimes hydrauliques de la Romanche et du Drac.
En chimie, une « trace » est une quantité infinitésimale, à la limite du détectable.