Grenoble : après la fer­me­ture du res­tau­rant Le 5, la Ville réclame près de 500 000 euros de dom­mages et inté­rêts aux gérants

Grenoble : après la fer­me­ture du res­tau­rant Le 5, la Ville réclame près de 500 000 euros de dom­mages et inté­rêts aux gérants

FOCUS – Pierre Pavy, patron du res­tau­rant du musée de Grenoble Le 5, a annoncé, en sep­tembre 2022, la fer­me­ture défi­ni­tive de l’é­ta­blis­se­ment, après 22 ans d’ac­ti­vité. En cause, les tra­vaux impo­sés par la Ville de Grenoble – pro­prié­taire des murs – qui se sont éter­ni­sés durant cinq mois, au prin­temps 2022, entraî­nant de lourdes pertes éco­no­miques. Mais la muni­ci­pa­lité a décidé, fin 2022, d’as­si­gner en jus­tice le res­tau­ra­teur et sa fille, gérants du 5. Elle leur réclame ainsi près de 500 000 euros de dom­mages et inté­rêts pour « rési­lia­tion abusive ».

[Article publié le 12 jan­vier 2023 à 20 h 04 et mis à jour le 14 jan­vier 2023 à 21 h 44, avec réac­tion de la Ville en enca­dré] « Ils nous demandent 500 000 euros ! » Pierre Pavy répète le chiffre, éber­lué, comme s’il ten­tait de se réveiller d’un mau­vais rêve. Mais la réa­lité lui revient vite, tel un boo­me­rang, en pleine figure. Ce sont bien près de 500 000 euros de dom­mages et inté­rêts que la Ville de Grenoble réclame à ce der­nier et à sa fille Flore, gérants du res­tau­rant Le 5. Raison offi­cielle ? Une « rési­lia­tion abu­sive », à savoir la fer­me­ture défi­ni­tive de l’é­ta­blis­se­ment, annon­cée en sep­tembre 2022 par le restaurateur.

Restaurant Le 5 fermé : la Ville de Grenoble réclame 500 000 euros

Pierre Pavy avait annoncé, en sep­tembre 2022, la fer­me­ture du res­tau­rant Le 5 qu’il avait repris il y a 22 ans. © Pierre Pavy

La mai­rie, pro­prié­taire des murs, lui reproche en effet d’a­voir cessé uni­la­té­ra­le­ment son acti­vité. Depuis que Pierre Pavy a repris le res­tau­rant du musée de Grenoble, en avril 2000, les deux par­ties ont pour­tant long­temps entre­tenu de bonnes rela­tions, seule­ment ponc­tuées de quelques bas. Avec ses actions en faveur des sans-abri et migrants, ou sa lutte contre le gas­pillage ali­men­taire, le patron du 5 s’é­tait d’ailleurs imposé comme un acteur phare de la vie grenobloise.

Cinq mois de tra­vaux, après quasi deux ans de fer­me­ture pour le Covid

Entre le res­tau­ra­teur engagé et le maire éco­lo­giste Éric Piolle, tenant de « l’arc huma­niste », la connexion sem­blait même cou­ler de source. Du moins en théo­rie. Car la confiance de Pierre Pavy envers la muni­ci­pa­lité s’est len­te­ment éro­dée au fil des der­niers mois. Une dété­rio­ra­tion qui a abouti à cette assi­gna­tion en jus­tice, preuve que la hache de guerre est cette fois défi­ni­ti­ve­ment déter­rée entre les anciens alliés.

Restaurant Le 5 fermé : la Ville de Grenoble réclame 500 000 euros

Le res­tau­ra­teur dit avoir perdu près de 100 000 euros en rai­son des cinq de mois de fer­me­ture dus aux tra­vaux de remise aux normes impo­sés par la Ville de Grenoble. © Manuel Pavard – Place Gre’net

Tout est parti des tra­vaux de remise aux normes impo­sés par la Ville de Grenoble, au prin­temps 2022. Prévus ini­tia­le­ment sur trois mois, ceux-ci ont fina­le­ment « duré près de cinq mois », regrette Pierre Pavy. Après avoir fermé offi­ciel­le­ment ses portes le 1er avril der­nier, Le 5 est ainsi resté en chan­tier jus­qu’au 30 août. Une paren­thèse trop longue pour un res­tau­rant déjà lour­de­ment ébranlé par les deux années de crise Covid, selon la famille Pavy.

L’administration a « refusé qu’on mette les sala­riés au chô­mage tech­nique », pour­suit-il. « On a donc dû conti­nuer à payer nos sala­riés pen­dant toute la durée des tra­vaux. » (…) « Après cinq mois, on a perdu qua­si­ment 100 000 euros. »

« On ne vou­lait pas de ces tra­vaux. D’ailleurs, on avait ima­giné un autre pro­cess pour les faire », explique le res­tau­ra­teur. En outre, « la Direccte [deve­nue, depuis le 1er avril 2021, la Direction régio­nale de l’é­co­no­mie, de l’emploi, du tra­vail et des soli­da­ri­tés (Dreets)] a refusé qu’on mette les sala­riés au chô­mage tech­nique », poursuit-il.

« On a donc dû conti­nuer à payer nos sala­riés pen­dant toute la durée des tra­vaux », déplore le patron du 5, pro­prié­taire, avec sa famille, de plu­sieurs autres res­tau­rants gre­no­blois1La Chapelle, Ici Grenoble, ainsi que La Veyrie, à Bernin. Le tout, sans chiffre d’af­faires durant cette période. Conséquences : « Après cinq mois, on a perdu qua­si­ment 100 000 euros », se lamente-t-il.

La Ville réclame près de 500 000 euros pour « rési­lia­tion abusive »

Devant cette situa­tion finan­cière très com­pli­quée, Pierre Pavy a annoncé, en sep­tembre 2022, la fer­me­ture défi­ni­tive du 5. Une déci­sion mal reçue par la Ville de Grenoble, qui a sommé le gérant de rou­vrir. Et mal­gré ses ten­ta­tives de conci­lia­tion, la muni­ci­pa­lité n’a d’a­bord pas réagi, d’a­près lui. Avant de lui envoyer – via le Trésor public -, fin décembre 2022, une mise en demeure de ver­ser un peu moins de 500 000 euros d’in­dem­ni­tés pour la rési­lia­tion de la convention.

Profondément amer et dépité, Pierre Pavy n’en­tend pas en res­ter là et compte bien contre-atta­quer sur le ter­rain judi­ciaire. Pour lui, hors de ques­tion en effet de conclure ainsi cette aven­ture de 22 ans. Et de pro­mettre : « On ira jus­qu’au bout ! »

La Ville de Grenoble se défend et jus­ti­fie le mon­tant de l’in­dem­nité réclamée

La Ville de Grenoble a donné sa propre ver­sion des faits, ven­dredi 13 jan­vier 2023. En reve­nant d’a­bord sur le contexte : « L’activité du res­tau­rant du musée de Grenoble est enca­drée par une conven­tion signée entre l’oc­cu­pant et la Ville de Grenoble, celle-ci étant pro­prié­taire du bâti­ment. À ce titre, la Ville a dû mener des tra­vaux de mise aux normes du bâti­ment. »

La muni­ci­pa­lité pré­cise alors : « Ce chan­tier, entiè­re­ment financé par la Ville, a été repoussé à deux reprises pour s’adapter à la conjonc­ture et attendre que la situa­tion éco­no­mique soit plus favo­rable pour l’é­quipe ges­tion­naire du res­tau­rant. En outre, la Ville a décidé par vote du conseil muni­ci­pal de l’exo­né­ra­tion de loyer pour toute la durée des tra­vaux. »

Que s’est-il passé à la fin des tra­vaux ? « À la res­ti­tu­tion du chan­tier le 30 août, l’équipe du res­tau­rant a exprimé sa satis­fac­tion vis-à-vis des tra­vaux effec­tués et n’a mani­festé aucune inten­tion de ne pas reprendre l’ac­ti­vité, comme la conven­tion l’y oblige », explique la Ville de Grenoble.

« Quelques semaines plus tard, nous appre­nions par voie de presse (et d’un cour­rier envoyé en paral­lèle) la déci­sion de ces­ser l’ac­ti­vité de res­tau­ra­tion, qui s’est tra­duite par la non-reprise d’ac­ti­vité, contrai­re­ment aux termes de la conven­tion d’occupation du domaine public (adop­tée au conseil muni­ci­pal du 25 décembre 2017) qui liait la Ville et le res­tau­rant pour une durée de 10 ans », ajoute-t-elle.

La mai­rie évoque enfin le litige juri­dique l’op­po­sant à Pierre Pavy : « Après une mise en demeure res­tée sans effet, la Ville, confor­mé­ment aux termes contrac­tuels et afin de pré­ser­ver ses droits, a été contrainte de rési­lier elle-même cette conven­tion et de deman­der le ver­se­ment d’une indem­nité par le res­tau­ra­teur. Le cal­cul du mon­tant de l’indemnité est prévu par la conven­tion elle-même. »

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Manuel Pavard

Auteur

10 réflexions sur « Grenoble : après la fer­me­ture du res­tau­rant Le 5, la Ville réclame près de 500 000 euros de dom­mages et inté­rêts aux gérants »

  1. Piolle ‚le pro­cé­du­rier ‚à quand son pas­sage au Tribunal
    pour concussion..???
    Il s’en fout ?

    sep article
  2. Comme dit plus haut ne lâchez rien allez jusqu au bout !!!!j ai tenu une affaire et je sais de quoi je parle j ai laissé aller avec bcp de perte.…..les élus pro­fitent trop du pou­voir !!!tenez bon

    sep article
  3. Ne lâchez rien Mr Pavy !!!
    Bravo à vous pour ce que vous faites !

    sep article
  4. et si on ré-appre­nait à se par­ler ? il n’est jamais trop tard pour se retrou­ver ! et recher­cher un com­pro­mis n’est pas chose impos­sible tant que la vie nous est per­mise ! c’est une simple volonté… tel­le­ment gra­ti­fiante quand enfin la com­mu­ni­ca­tion reprend son cours et qu’une solu­tion humaine prime à toute autre décision.
    Comprendre et s’entendre devrait pour­tant être la démarche prio­ri­taire et par­ti­cu­liè­re­ment face à un res­tau­ra­teur qui a servi avec tant de dévoue­ment l’image de sa ville ! un peu de recon­nais­sance ne serait pas s’abaisser mais au contraire trou­ver une solu­tion par le haut est le plus beau rôle que l’humain a, lui seul
    cette pos­si­bi­lité. Saisissons ce qui nous dif­fé­ren­cie c’est notre pri­vi­lège et cela devrait être un devoir. Puisse 2023 éclai­rer les parties !

    sep article
  5. Les èlus n’assument pas leurs déci­sions ils exigent des autres mais sont inca­pables de com­prendre l’économie sûre­ment trop habi­tuès de gérer de l.argent qui tombe du ciel de nos comptes en banque .
    C’est affligeant

    sep article
  6. Piolle conti­nue son RACKET !
    Est-ce pour bou­cher les trous qu’il creuse ?

    Piolle, le Stalinien, ne laisse ainsi AUCUNE chance au « 5 » de redémarrer. !

    sep article
  7. L’arc huma­niste a frappé.

    sep article
  8. VS

    12/01/2023
    21:54

    En 2014, les urnes gre­no­bloises ont semé, sans le vou­loir, une graine de Buldozer …

    sep article
    • Il est plus que navrant que la ville de Grenoble fasse appel à la jus­tice pour régler ses comptes. Je savais les éco­los pro­ce­du­riés mais à ce point, c’est affli­geant. Usure du pouvoir ????

      sep article
    • Il faut recon­naître que Piolle et ses équipes ont béné­fi­cié pour le 1er man­dat du manque de res­pon­sa­bi­lité des Grenoblois n ayant pas jugé utile d aller voter ‚et pour le 2 ème man­dat la peur du Covid les a cloués chez eux. Quand on demande de se pré­sen­ter devant les urnes ce n est pas pour rien.
      Racket,ville fantôme…,quel voyage en absurdie !

      sep article

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