FOCUS – La préfecture de l’Isère, la police et la gendarmerie nationale dressent le bilan sécurité dans le département de l’Isère en 2022. Ils mettent ainsi en avant une baisse de la délinquance sur la voie publique, des violences dans les transports, et une forte activité policière en matière de stupéfiants. Tandis que les atteintes aux biens et aux personnes marquent une remontée par rapport à 2021.
L’heure est au bilan en matière de sécurité en Isère en cette fin 2022. Dans un document désigné comme un « point d’étape », la préfecture de l’Isère, la police nationale et la gendarmerie nationale livrent leurs données en matière de délinquance sur la voie publique, de transports en commun, d’atteintes aux personnes et aux biens et de stupéfiants. Tout en dressant un état des lieux de la présence des forces de l’ordre dans le département.
Concernant la délinquance sur la voie publique, les services vantent « une dynamique solidement enclenchée » après un début d’année difficile. Le nombre de faits recensés était en effet à la hausse jusqu’en juin 2022, avant une inversion de la courbe, qui semble se maintenir dans le temps. Ainsi, une chute de 10 % des faits est observée sur la période septembre-novembre 2022, par rapport à 2021.
Les zones rurales et périurbaines plus concernées par la délinquance
La baisse est plus mesurée sur l’année entière. Avec 26 672 faits de délinquance de proximité commis en 2022 contre 26 136 en 2021, la diminution s’élève à 2 %. Le tout avec une grande disparité entre les territoires : l’augmentation des faits dans le premier semestre concerne « les zones rurales et périurbaines », notamment dans le Nord-Isère, tandis que les zones urbaines, en particulier la métropole de Grenoble, affichent un certain tassement1Quand bien même le mois de mai 2022 a vu une hausse des faits de délinquance de proximité de 20,76 % par rapport à mai 2021..
« L’augmentation des faits sur les stations de ski en première partie d’année, après une fréquentation moindre en 2021, est responsable, pour une part, de cette augmentation », juge la préfecture. Qui met aussi la diminution des faits à partir de juillet sur le compte du renforcement de la présence policière.
La préfecture pointe en outre l’augmentation des patrouilles pédestres. En 2022, le nombre d’heures de patrouilles (708 431 heures) a augmenté de 20 % par rapport à 2021. « Les patrouilles en véhicules sont maintenues mais, en centre-ville, les policiers progressent à pied, descendent de leurs véhicules, en particuliers lors des jours de grande affluence au centre-ville de Grenoble », décrit la préfecture.
Une « visibilité accrue » qui s’organise de jour comme de nuit sur des points dédiés et stratégiques. Et qui vise aussi à « permettre des prises de contact avec la population et les commerçants ».
Baisse de 13 % des violences dans les transports en commun
Dans les transports en commun, police et gendarmerie font état d’une baisse de 13 % des violences sur les onze premiers mois de l’année 2022. « En 2021, on constatait déjà une baisse importante, de l’ordre de 32 % par rapport à 2020, qui avait déjà vu ce chiffre baisser de 40 % du fait du confinement », note le bilan sécurité. Reste qu’une hausse de 16,5 % s’observe sur le mois de novembre 2022, par rapport à novembre 20212Soit cinq faits signalés de plus..
« La délinquance dans les transports en commun se concentre sans surprise sur Grenoble et son agglomération », note la préfecture de l’Isère. Qui dénombre 1537 heures-fonctionnaires. Tandis que la gendarmerie nationale mène des opérations de sécurisation des gares.
La baisse des chiffres de la délinquance dans les transports en commun n’a pas empêché le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin d’annoncer le déploiement d’une « unité de sécurisation des transports » de la police nationale pour la région grenobloise (comme pour de nombreux autres territoires). Entre 10 et 20 policiers doivent ainsi être affectés à cette unité, sur les horaires où la délinquance est la plus observée, ou de forte affluence.
Des atteintes aux biens et aux personnes en hausse
Les atteintes aux biens et aux personnes ne sont, de leur côté, pas en baisse. « Les atteintes volontaires à l’intégrité physique ont globalement augmenté de 8 % ces onze premiers mois de l’année par rapport à la même période qu’en 2021″, annonce la préfecture. En cause, selon elle ? « La constante progression des violences sexuelles et non-crapuleuses, depuis 2019″. 12 561 faits ont été signalés, contre 11 639 sur les onze premiers mois de 2021.
Les atteintes aux biens augmentent quant à elles de 4 % de janvier à novembre 2022, quand bien même les vols avec violences refluent de 10 %. Le début d’année 2022 a été notamment très propice aux cambriolages, qui diminuent toutefois, par rapport à 2021, à compter du mois de juillet. Une diminution qui « traduit la mobilisation des forces de l’ordre sur le terrain », revendiquent les services.
495 démantèlement de points de deal en 2022
En matière de stupéfiants, les forces de l’ordre livrent là encore un bilan très détaillé. En 2022, ce sont 495 opérations de démantèlement de points de deal qui ont été menées. Et 377 trafiquants mis en cause entre janvier et novembre 2022, contre 335 en 2021, soit une augmentation de 12 %. Les amendes forfaitaires délictuelles pour consommation de stupéfiants sont elles aussi en hausse de 38 %… sans que leur nombre exact soit mentionné.
En effet, la préfecture préfère mettre l’accent sur la situation précise du mois de novembre 2022. Au cours duquel « les forces de l’ordre ont saisi 25 kilogrammes de résine de cannabis, 15,5 kilogrammes d’herbe de cannabis, 10 pieds de cannabis [et] 2,018 kilogrammes de cocaïne ». Et durant lequel 261 personnes ont fait l’objet d’une amende pour consommation, et 28 ont été mises en cause pour trafic.
Au mois de novembre, les services policiers ont recensé 51 points de deal sur l’ensemble du département de l’Isère, contre 55 au mois de septembre. « La plupart d’entre eux sont concentrés dans l’agglomération de Grenoble et sont regroupés dans seize secteurs de vente de stupéfiants actifs en permanence », ajoutent-ils. 231 visites de parties communes ont enfin été conduites, toujours sur le mois de novembre 2022.
Le bilan sécurité fait le point sur les effectifs
Quid de la présence des forces de l’ordre ? La préfecture de l’Isère fait état de sa volonté « d’accroître la présence au plus près de la population et [de] nouer des partenariats ». Ainsi, les services de l’État dénombrent 122 effectifs supplémentaires sur les cinq dernières années dans le département de l’Isère, en l’occurrence 92 fonctionnaires de la police nationale et 30 gendarmes.
« Depuis de nombreux mois, le partenariat avec l’Éducation nationale, les bailleurs sociaux, les transporteurs et les grandes enseignes commerciales est relancé », écrivent-ils encore. Exemple ? Une stratégie commune entre la police et le groupe de bailleurs sociaux de l’Isère Absise, pour « développer les amendes forfaitaires délictuelles pour occupation des parties communes […] et accompagner les bailleurs dans l’élaboration des dossiers d’expulsion pour trouble de jouissance ».
« De son côté, le groupement de gendarmerie […] injecte un budget supplémentaire permettant d’organiser dix patrouilles de réservistes supplémentaires chaque jour, à pied dans les villes et villages et dans les gares et dans les transports en commun », explique le bilan sécurité de l’Isère. Ceci dans le but de « passer d’une logique de guichet fixe et réactif à une logique du “aller vers” plus proactive ».