EN BREF – La préfecture de l’Isère a autorisé, vendredi 6 novembre 2020, la chasse durant le confinement « au titre des missions d’intérêt général ». Ce qui recouvre la « gestion cynégétique » des sangliers, cerfs et chevreuils. Le tout, dans un « strict respect des gestes barrières ».
La mesure avait mobilisé plusieurs associations iséroises et fait polémique ces derniers jours dans d’autres départements : la voilà désormais en vigueur en Isère. Depuis ce vendredi 6 novembre, les chasseurs sont ainsi autorisés à poursuivre leur activité sur le territoire, malgré le confinement en vigueur. Et plusieurs pétitions à l’encontre de cette décision de la Secrétaire d’État chargée de la biodiversité.
Pour autant, toutes les pratiques de chasse ne sont pas autorisées. Mais seulement celles dans le cadre de « missions d’intérêt général », pour reprendre la terminologie de la préfecture. « Une part très importante des prélèvements [abattages d’animaux, ndlr] » est en effet réalisée durant la période automnale avant l’arrivée de la neige, précise ainsi la préfecture. Ce qui permet la « nécessaire régulation des espèces de faune sauvage responsables des dégâts agricoles et sylvicoles ».
Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la biodiversité, s’était ainsi déjà exprimée à ce sujet le 1er novembre dernier. Tout comme Nicolas Rivet, directeur général de Fédération nationale des chasseurs, qui avait déclaré à France TV que 810 000 sangliers avaient été tués en France la saison dernière. « Ne pas chasser pendant un mois, veut dire que vous avez entre 150 000 et 200 000 sangliers qui ne seront pas prélevés ».
Problème, du point de vue des fédérations de chasseurs, ce sont elles qui indemnisent les agriculteurs pour « l’intégralité des dégâts commis par le grand gibier ». Ce qui représenterait « plus de 70 millions d’euros tous les ans » sur le territoire national. De fait, les chasseurs sont en grande partie responsable de la prolifération des sangliers, dans la mesure où ils en ont lâchés à partir d’élevages, les ont nourris dans la nature et ont souvent pratiqué une chasse sélective épargnant les femelles reproductrices.
« Sangliers, cerfs et chevreuils » uniquement
Le préfet de l’Isère a donc sollicité les « partenaires chasseurs » en vue de reprendre la « gestion cynégétique ». Les opérations sont cependant strictement réglementées par arrêté préfectoral.
Avec, comme seule autorisation, la chasse des sangliers, cerfs, et chevreuils, que ce soit en battue ou à l’affût.
Les jours de chasse ne sont, eux, pas modifiés, les dispositions de l’arrêté préfectoral d’ouverture-clôture de la chasse restant en vigueur. Enfin, ces opérations doivent être mises en œuvre « dans le strict respect des gestes barrières ». En clair, limitation du nombre d’intervenants, cabanes de chasse fermées et rassemblements interdits.
Bien d’autres espèces sont classées « nuisibles » et donc habituellement chassables. Selon les parties du territoire, cela comprend les corneilles, corbeaux freux, renards et fouines. À certaines périodes, même les pies peuvent tomber dans cette catégorie. Cependant, l’autorisation actuelle se limite au gros gibier, ce qui exclut le piégeage. Les petites espèces bénéficient donc toujours d’un répit durant le confinement.
L’objectif, pour la préfecture, est de de maintenir l’équilibre entre « préservation des activités agricoles, protection des peuplements forestiers et la faune sauvage ». Et ainsi « éviter une explosion des coûts liés aux dégâts causés aux cultures par le gros gibier ». Ce, conformément aux engagements pris dans le cadre du Programme régional de la forêt et du bois.