EN BREF – Pour marquer la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation, la mairie de Grenoble accueille une exposition intitulée « Dachau, camp de concentration nazi : un passé plus que jamais présent », assortie de « Dessins de Kurt Dittmar, déporté à Dachau ». Un travail de mémoire entre affiches explicatives et dessins inédits de cet ancien dessinateur allemand déporté dans « la maison-mère des camps de concentration ».
« Ce sont des dessins qui sont dans un placard depuis 1945 ! » a rappelé Jean-Paul Blanc. Le président de l’association mémorielle de l’Union nationale des associations de déportés, internés et familles de disparus et Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance (Unadif FNDIR 38), exhibe fièrement le petit carré de carton servant de support au dessin original. Pour la première fois, les Grenoblois pourront observer les dessins de Kurt Dittmar, ancien dessinateur allemand déporté à Dachau.
Pour marquer la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation, la mairie de Grenoble a inauguré, ce jeudi 21 avril 2022, une exposition sur ce camp tristement célèbre. Installé dans le hall d’honneur de l’hôtel de ville jusqu’au 6 mai, ce parcours mémoriel de 25 panneaux réalisés par l’Amicale française du camp de concentration de Dachau, présente les dessins mis en valeur.
À l’origine dessinées sur des cartons de chaussure, les œuvres d’art ont en effet été reprises, numérisées et agrandies pour les besoins de l’exposition. Des scènes de torture aux douches, les dessins illustrent le calvaire des soldats déportés. Le tout légendé grâce au travail d’une classe de troisième du collège Louis-Aragon de Villefontaine.
Le fruit du travail de mémoire d’une classe de Rep
Pour Jean-Paul Blanc, intéresser des jeunes à la question de la mémoire des camps de concentration, qui plus est d’un collège en Rep, est très important. « On va dire que j’ai pas choisi le plus facile », sourit ce dernier. « Le collège de Louis-Aragon est un collège prioritaire [du réseau d’éducation prioritaire, Ndlr]. Je ne sais pas si vous vous rendez compte. Il y a neuf nationalités différentes dans cette classe. Ils ignoraient tout ! La plupart ignoraient ce qui s’était passé », s’exclame Jean-Paul Blanc.
Pour autant, le président ne s’est pas laissé abattre. « Je leur ai fait une conférence sur mon père qui a été déporté à Buchenwald et ça les a intéressés. Les jeunes sont motivés, en général. » Aujourd’hui, il est très fier de cette collaboration avec les collégiens. « Ils ont fait un travail remarquable. En fin d’année, nous allons faire un livre avec eux avec les dessins et, en face, leurs interprétations. »
Un combat pas encore gagné
Pour ce membre d’associations mémorielles depuis 1977, il reste encore beaucoup à faire.
« Il ne faut pas oublier que si on est libres, c’est grâce à tous ces gens-là. Mais en plus du travail, je voudrais dire qu’il y a aussi une demande. » Des propos qui résonnent avec ceux d’Eric Piolle. « Nous devons agir vite pour garder vivant l’esprit de démocratie et de résistance qui était extrêmement cher ici et dont nous sommes imprégnés. Il faut avoir en tête que ce n’est jamais gagné ».