FOCUS — D’abord prévue le 9 décembre 2021, la conférence sur la laïcité organisée par la députée de l’Isère Émilie Chalas se tient le jeudi 17 février 2022 à Grenoble. L’occasion pour la parlementaire de mettre en lumière un « principe républicain » autant qu’un « outil de liberté et de protection » contre les radicalismes ou extrémismes religieux.
Elle devait se dérouler le 9 décembre 2021, mais avait été reportée en raison de la situation sanitaire. La conférence sur la laïcité organisée par la députée de l’Isère Émilie Chalas se tient jeudi 17 février 2022 à la Plateforme, place de Verdun à Grenoble, à 19 heures. Un rendez-vous parrainé par deux ministres, Marlène Schiappa et Olivier Dussopt, avec en “vedette” le militant laïque et féministe Naëm Bestandji.
Naëm Bestandji compte parmi les invités de la conférence sur la laïcité organisée par Émilie Chalas jeudi 17 février. DR
Celui-ci ne sera évidemment pas seul à prendre la parole. Outre la participation (par vidéo) de la marraine et du parrain de la soirée, celle-ci compte encore pour invités l’avocat en droit public Aurélien Py, ou la docteure en droit public Najwa El Haïté. Sans oublier le co-président du Cercle laïque de l’agglomération grenobloise Maurice Carrel, ou encore le président d’Interasso Grenoble-Alpes Louison Valer.
La laïcité, un « outil de liberté et de protection »
Pourquoi organiser cette conférence ? « La laïcité est un principe républicain de plus en plus remis en cause, et mal appréhendé par les Français. En tant que députée, je crois que c’est fondamental de porter ce principe », explique Émilie Chalas. Qui décrit la laïcité comme « un outil de liberté et de protection ». Et non « un empêchement et une privation de liberté, comme l’affirment « les discours les plus extrémistes ».
La députée de l’Isère et conseillère municipale d’opposition de Grenoble Émilie Chalas, organisatrice de la conférence sur la laïcité. © Tim Buisson – Place Gre’net
C’est pourquoi la parlementaire se veut très claire : la conférence n’est pas un débat sur la laïcité. « Elle ne se débat pas en soi : elle n’a qu’une définition constitutionnelle : celle de la loi de 1905″, affirme Émilie Chalas. En revanche, la discussion se porte « sur ses applications et ses effets dans notre société, et comment elle permet à chacun d’être libre ».
L’Islam est-il en ligne de mire ? « En ce moment, on a sujet avec le radicalisme dans l’Islam, mais ça vaut pour toutes les religions », indique Émilie Chalas. Et de prendre pour exemple la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, qui attaque le maire de Meylan en justice. À ses yeux, « toute forme d’intégrisme qui va dire que les lois de la religion sont supérieures à celles de la République ou que les droits de l’Homme n’existent pas écrabouille les valeurs de la République ».
Trois tables rondes au programme de cette « conférence » sur la laïcité
Au menu : trois tables rondes thématiques. La première : la définition de la laïcité et ses spécificités en France. « C’est pour cadrer les choses juridiquement, parce que la laïcité n’est pas un concept ni une opinion. Elle est écrite dans un texte, donc il faut que les choses soient précises », explique Émilie Chalas. Le tout en marquant la différence avec son approche anglo-saxonne, souvent qualifiée de « communautariste ».
Le burkini risque fort de s’inviter dans les échanges sur l’égalité entre les femmes et les hommes au travers du prisme de la laïcité. © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
La seconde table ronde concerne les enjeux de la laïcité de l’école à l’université. Une notion plus “ouverte” ou moins didactique que la première… dans laquelle la question du burkini, récurrente à Grenoble, risque fort de s’inviter.
Un sujet sur lequel la députée n’a jamais manqué de critiquer la ligne du maire de Grenoble. « Depuis trois ans, Eric Piolle ne veut pas se mouiller sur le sujet du Burkini et esquive ses responsabilités, s’en remettant constamment à l’État », dénonçait-elle en janvier 2022. Avant de se déclarer « fondamentalement opposée à l’autorisation du burkini », qu’elle perçoit comme la porte ouverte à d’autres revendications d’exceptions religieuses au sein de la société.
Les critiques de Clément Chappet, candidat LR aux législatives
La démarche de la députée ne manque pas de susciter de (nouvelles) critiques… de la part de la droite. Dans un communiqué en date du 15 février, Clément Chappet, candidat investi par Les Républicains sur la 3e circonscription de l’Isère – soit celle d’Émilie Chalas –, décrit ainsi la conférence comme « une récupération du sujet à des fins de calendrier électoral, qui montre l’étendue de son hypocrisie au passage ».
Visite de Jean Castex à la Villeneuve de Grenoble samedi 29 janvier 2022. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Hypocrisie ? Clément Chappet rappelle la présence de l’entrepreneur Hamid Djellal dans l’équipe de campagne d’Émilie Chalas aux municipales 2020. Un entrepreneur qui voulait ouvrir une salle de sport réservé aux femmes à la Villeneuve. Hamid Djellal était par ailleurs présent lors de la visite de Jean Castex à la Villeneuve en janvier 2022. Clément Chappet en conclut « qu’Émilie Chalas cautionne toujours ce genre de pratiques communautaristes ».
Le candidat accuse aussi sa (possible) future adversaire aux législatives de « s’opposer au travail de Michel Savin, sénateur [LR] de l’Isère qui avait proposé un amendement pour interdire le burkini dans les piscines municipales ». Un amendement finalement rejeté par la majorité présidentielle. La députée écrivait alors sur son site : « la gestion des règlements des piscines relève de la compétence stricte du maire à travers son pouvoir de police ».
« La droite s’égosille sur le sujet », ironise Émilie Chalas
La réponse de la députée n’a pas changé et vaut aussi pour l’amendement pour l’interdiction du voile dans le sport, déposé par le même Michel Savin et de nouveau rejeté. « La droite s’égosille sur ce sujet, en mélangeant allègrement musulmans et islamistes, tant qu’à faire. Mais les règles sont claires : le règlement des piscines, c’est le conseil municipal qui a toute latitude de décider », répète Émilie Chalas.
Le collectif « Les Hijabeuses », porté par l’Alliance citoyenne, qui a lancé une pétition contre l’amendement du Sénat sur l’interdiction du port du voile lors des compétitions sportives. DR
Et de poursuivre : « Pour ce qui concerne le hijab pour les footballeuses, la Fédération française de football précise dans son règlement que c’est interdit ». Dès lors, « il n’est pas besoin d’un amendement, qu’il soit anti-burkini ou anti-hibab », juge la parlementaire. Sans toutefois exclure la possibilité que la majorité, « dans un prochain mandat », puisse revenir sur le sujet. « Mais pas à travers un amendement ».
Quid d’Hamid Djellal ? Émilie Chalas avait déjà indiqué par le passé que celui-ci avait quitté sa campagne dès la fin 2019. Concernant sa présence lors du déplacement de Jean Castex ? « Quand il y a une visite avec cinq ministres, vous imaginez bien que ce n’est pas nous qui faisons le pool d’habitants qui viennent ! », répond la députée. Pour qui, au final, Clément Chappet veut « juste faire un peu de buzz sur [sa] notoriété ».