Rassemblement des travailleurs de l'animation place de Verdun le 15 décembre 2021.

Grenoble : les pro­fes­sion­nels de l’a­ni­ma­tion mobi­li­sés pour de meilleures condi­tions de travail

Grenoble : les pro­fes­sion­nels de l’a­ni­ma­tion mobi­li­sés pour de meilleures condi­tions de travail

FOCUS – Le sec­teur de l’animation a mené une mobi­li­sa­tion natio­nale, inédite dans ce sec­teur, mardi 14 et mer­credi 15 décembre 2021. À Grenoble, un ras­sem­ble­ment a eu lieu mer­credi dès 11 h 30 devant la pré­fec­ture de l’Isère à l’initiative du col­lec­tif France ani­ma­tion en lutte et de l’intersyndicale natio­nale1CGT fédé­ra­tion des ser­vices publics, CGT Ferc, Asso-Solidaires, Sud-Education, Sud-Culture, Sud-Collectivités ter­ri­to­riales, Sud-Santé-Sociaux, CNT. L’objectif ? Obtenir de meilleures condi­tions de tra­vail et la recon­nais­sance du métier.

Animateurs de centre de loi­sirs, ani­ma­teurs spor­tifs, sur le temps péri­sco­laire… Ce mer­credi matin, une cen­taine de sala­riés de l’animation ont bravé le froid pour crier leur colère devant la pré­fec­ture de l’Isère, avant de mar­cher vers la direc­tion régio­nale de l’é­co­no­mie, de l’emploi, du tra­vail et des soli­da­ri­tés, puis la mai­rie de Grenoble.

Maigres rému­né­ra­tions dans les métiers de l’animation

Pourtant indis­pen­sables, les pro­fes­sion­nels des métiers de l’animation se sentent oubliés. En moyenne, le salaire des ani­ma­teurs, sou­vent vaca­taires ou contrac­tuels, varie entre 800 et 900 euros par mois. Une maigre rému­né­ra­tion au vu des fortes ampli­tudes horaires. « Rares sont ceux qui gagnent plus de 1 000 euros », sou­ligne Pierre.

Rassemblement des travailleurs de l'animation place de Verdun le 15 décembre 2021.

Rassemblement des tra­vailleurs de l’a­ni­ma­tion place de Verdun à Grenoble, le 15 décembre 2021. © Isaline Boiteux – Place Gre’net

En cause, des contrats pré­caires qui vont du temps par­tiel imposé au contrat d’engagement édu­ca­tif (CEE). Ce der­nier pré­voit une rému­né­ra­tion jour­na­lière mini­mum de 23,06 euros, sans coti­sa­tions sociales. Combinée à des horaires hachés qui com­pliquent la vie per­son­nelle et empêchent de cumu­ler un deuxième emploi. Ainsi, les gré­vistes réclament-ils l’arrêt du recours à ces contrats pré­caires, la titu­la­ri­sa­tion immé­diate des tra­vailleurs, ainsi qu’une reva­lo­ri­sa­tion des salaires.

Rassemblement des travailleurs de l'animation place de Verdun le 15 décembre 2021.

Rassemblement des tra­vailleurs de l’a­ni­ma­tion place de Verdun le 15 décembre 2021. © Isaline Boiteux – Place Gre’net

Mais dif­fi­cile de négo­cier les salaires à la hausse quand le seul diplôme demandé est le Bafa, acces­sible dès 17 ans. Les syn­di­cats réclament donc un « droit à la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, et en par­ti­cu­lier les diplômes du cer­ti­fi­cat pro­fes­sion­nel de la jeu­nesse, de l’é­du­ca­tion popu­laire et du sport (CPJEPS) et bre­vet pro­fes­sion­nel de la jeu­nesse, de l’éducation popu­laire et du sport (BPJEPS) recon­nus natio­na­le­ment ».

« Nous sou­hai­tons faire autre chose que de la sur­veillance d’enfants. Nous n’avons pas voca­tion à faire garderie »

« Chaque matin, nous venons au tra­vail la boule au ventre », témoigne Corinne, agente ter­ri­to­riale spé­cia­lisé des écoles mater­nelles (Atsem) à la Ville de Grenoble. Un stress en par­tie lié à la modi­fi­ca­tion du taux d’encadrement en 2016. Soit un ani­ma­teur pour 14 enfants de moins de 6 ans (contre 10 aupa­ra­vant) et un ani­ma­teur pour 18 enfants de plus de 6 ans (au lieu de 14). « Nous sou­hai­tons faire autre chose que de la sur­veillance d’enfants. Nous n’avons pas voca­tion à faire gar­de­rie », s’insurgent les syndicats.

Rassemblement des travailleurs de l'animation place de Verdun le 15 décembre 2021.

Corinne, Atsem à la Ville de Grenoble, lors du ras­sem­ble­ment des tra­vailleurs de l’a­ni­ma­tion place de Verdun le 15 décembre 2021. © Isaline Boiteux – Place Gre’net

Une frus­tra­tion ampli­fiée par les heures de pré­pa­ra­tion qui s’a­joutent aux heures de tra­vail face au public. « Après une jour­née de huit heures, il faut encore tra­vailler chez soi afin de pro­po­ser des ani­ma­tions un tant soit peu sympa pour les enfants », ajoute Corinne.

Une pénu­rie d’animateurs

Autant de fac­teurs qui explique la pénu­rie d’a­ni­ma­teurs. « Comment vou­lez-vous que l’on recrute des gens qui seront payés au lance-pierre dans des condi­tions de tra­vail aussi dété­rio­rées ? », s’indigne Yolaine du syn­di­cat Sud Collectivité ter­ri­to­riale. Celle-ci exige une reva­lo­ri­sa­tion immé­diate du métier, de sorte à évi­ter des fer­me­tures de centres, déjà enga­gées dans plu­sieurs villes de France.

Des assises de l’a­ni­ma­tion pour réfor­mer le sec­teur de l’animation

« Le sec­teur de l’a­ni­ma­tion, qu’il s’a­gisse de l’a­ni­ma­tion volon­taire dans les colo­nies de vacances ou de l’a­ni­ma­tion pro­fes­sion­nelle dans les accueils péri­sco­laires, a besoin d’être réformé pour retrou­ver de l’attractivité », a déclaré Sarah El Haïry, secré­taire d’Etat à la Jeunesse et à l’Engagement.

À la fin du mois de novembre, les « assises de l’animation » réunis­saient pour la pre­mière fois des repré­sen­tants des employeurs de l’animation, des fédé­ra­tions d’éducation popu­laire ou encore des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales et élus locaux. Ils se réunissent actuel­le­ment pour la deuxième fois, avant de se ren­con­trer à nou­veau en janvier.

Sarah El Haïry assure qu’elle fera « des annonces » dès le mois de février 2022. « Le plan d’ac­tions que je pro­po­se­rai sera consti­tué de mesures rapides et fortes et d’une feuille de route pour les années à venir », a‑t-elle ajouté. Fin octobre 2021, elle avait annoncé une aide de 200 euros ver­sée en 2022 à 20 000 jeunes pour finan­cer en par­tie leur for­ma­tion aux métiers de l’animation.

Isaline Boiteux

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