FOCUS – Le secteur de l’animation a mené une mobilisation nationale, inédite dans ce secteur, mardi 14 et mercredi 15 décembre 2021. À Grenoble, un rassemblement a eu lieu mercredi dès 11 h 30 devant la préfecture de l’Isère à l’initiative du collectif France animation en lutte et de l’intersyndicale nationale1CGT fédération des services publics, CGT Ferc, Asso-Solidaires, Sud-Education, Sud-Culture, Sud-Collectivités territoriales, Sud-Santé-Sociaux, CNT. L’objectif ? Obtenir de meilleures conditions de travail et la reconnaissance du métier.
Animateurs de centre de loisirs, animateurs sportifs, sur le temps périscolaire… Ce mercredi matin, une centaine de salariés de l’animation ont bravé le froid pour crier leur colère devant la préfecture de l’Isère, avant de marcher vers la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, puis la mairie de Grenoble.
Maigres rémunérations dans les métiers de l’animation
Pourtant indispensables, les professionnels des métiers de l’animation se sentent oubliés. En moyenne, le salaire des animateurs, souvent vacataires ou contractuels, varie entre 800 et 900 euros par mois. Une maigre rémunération au vu des fortes amplitudes horaires. « Rares sont ceux qui gagnent plus de 1 000 euros », souligne Pierre.
En cause, des contrats précaires qui vont du temps partiel imposé au contrat d’engagement éducatif (CEE). Ce dernier prévoit une rémunération journalière minimum de 23,06 euros, sans cotisations sociales. Combinée à des horaires hachés qui compliquent la vie personnelle et empêchent de cumuler un deuxième emploi. Ainsi, les grévistes réclament-ils l’arrêt du recours à ces contrats précaires, la titularisation immédiate des travailleurs, ainsi qu’une revalorisation des salaires.
Mais difficile de négocier les salaires à la hausse quand le seul diplôme demandé est le Bafa, accessible dès 17 ans. Les syndicats réclament donc un « droit à la formation professionnelle, et en particulier les diplômes du certificat professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (CPJEPS) et brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS) reconnus nationalement ».
« Nous souhaitons faire autre chose que de la surveillance d’enfants. Nous n’avons pas vocation à faire garderie »
« Chaque matin, nous venons au travail la boule au ventre », témoigne Corinne, agente territoriale spécialisé des écoles maternelles (Atsem) à la Ville de Grenoble. Un stress en partie lié à la modification du taux d’encadrement en 2016. Soit un animateur pour 14 enfants de moins de 6 ans (contre 10 auparavant) et un animateur pour 18 enfants de plus de 6 ans (au lieu de 14). « Nous souhaitons faire autre chose que de la surveillance d’enfants. Nous n’avons pas vocation à faire garderie », s’insurgent les syndicats.
Une frustration amplifiée par les heures de préparation qui s’ajoutent aux heures de travail face au public. « Après une journée de huit heures, il faut encore travailler chez soi afin de proposer des animations un tant soit peu sympa pour les enfants », ajoute Corinne.
Une pénurie d’animateurs
Autant de facteurs qui explique la pénurie d’animateurs. « Comment voulez-vous que l’on recrute des gens qui seront payés au lance-pierre dans des conditions de travail aussi détériorées ? », s’indigne Yolaine du syndicat Sud Collectivité territoriale. Celle-ci exige une revalorisation immédiate du métier, de sorte à éviter des fermetures de centres, déjà engagées dans plusieurs villes de France.
Des assises de l’animation pour réformer le secteur de l’animation
« Le secteur de l’animation, qu’il s’agisse de l’animation volontaire dans les colonies de vacances ou de l’animation professionnelle dans les accueils périscolaires, a besoin d’être réformé pour retrouver de l’attractivité », a déclaré Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat à la Jeunesse et à l’Engagement.
À la fin du mois de novembre, les « assises de l’animation » réunissaient pour la première fois des représentants des employeurs de l’animation, des fédérations d’éducation populaire ou encore des collectivités territoriales et élus locaux. Ils se réunissent actuellement pour la deuxième fois, avant de se rencontrer à nouveau en janvier.
Sarah El Haïry assure qu’elle fera « des annonces » dès le mois de février 2022. « Le plan d’actions que je proposerai sera constitué de mesures rapides et fortes et d’une feuille de route pour les années à venir », a‑t-elle ajouté. Fin octobre 2021, elle avait annoncé une aide de 200 euros versée en 2022 à 20 000 jeunes pour financer en partie leur formation aux métiers de l’animation.