FOCUS – À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, mercredi 1er décembre 2021, plusieurs associations tenaient un stand au centre du marché de Noël de Grenoble. L’occasion pour la municipalité de mettre en avant son engagement dans la lutte contre la maladie, mais aussi contre les discriminations des personnes atteintes du VIH.
À Grenoble comme partout ailleurs, le mercredi 1er décembre marquait la Journée mondiale de lutte contre le Sida. L’occasion pour les associations Aides, Tempo, SOS Homophobie ou encore le Planning familial de l’Isère de déployer un stand dédié au centre du marché de Noël de Grenoble. Ce sous une pluie battante, qui aura au moins permis aux parapluies arc-en-ciel de se déployer.
L’occasion aussi pour la Ville de Grenoble, représentée par son maire Éric Piolle et son adjoint Emmanuel Carroz, de faire valoir les actions entreprises par la municipalité en direction de la lutte anti-VIH. Notamment l’inscription au sein du comité de coordination Corevih Arc alpin ou l’accueil du congrès de la SFLS en 2021. Sans oublier plusieurs actions pour sensibiliser à la question de la sérophobie, ou plus largement des discriminations envers les personnes séropositives.
Grenoble revendique son engagement contre le VIH
D’autres actions ? « Nous avons une aide tout au long de l’année aux associations, la mise à disposition de locaux pour Aides, et puis nos travailleurs sociaux sont en capacité d’orienter les personnes vers les professionnels ou les associations », a expliqué Emmanuel Carroz. Les agents grenoblois sont, de plus, formés à la prévention de toutes les formes de discrimination, y comprise celle pouvant toucher les personnes séropositives.
L’engagement est d’autant plus fort que l’objectif visé est ambitieux : une victoire contre le Sida d’ici 2030. « C’est possible, on a tout l’attirail », assure l’adjoint. Qui décrit, outre des actions de terrain, un plaidoyer s’adressant à l’ensemble des dirigeants. « Ça fait un peu penser à la Cop26. On peut arriver à faire bouger les choses », veut croire Emmanuel Carroz.
Si Grenoble marque son engagement, est-ce le cas des autres collectivités ? « Tout le monde peut faire plus… mais personne ne détourne les yeux », juge avec diplomatie l’adjoint. Avant d’ajouter : « C’est un sujet difficile. On parle de sexualité, on parle de contamination, de quelque chose qui fait peur. » Quant à l’État, il est « attendu à faire plus sur le sujet, à la fois à l’échelle nationale mais aussi internationale », estime Éric Piolle.
Des personnes infectées qui mènent une vie normale
Quelle est la situation aujourd’hui concernant le VIH ? Olivier Épaulard, professeur de maladie infectieuse au CHU de Grenoble, décrit « une prise en charge qui permet aux personnes infectées d’avoir une vie normale et une durée de vie normale ». Et des contaminations en baisse, d’une part grâce à la Prep (Prophylaxie pré-exposition), qui prévient les risques d’infection, d’autre part grâce à la politique de dépistage menée sur le territoire.
Des difficultés n’en subsistent pas moins. La crise sanitaire de la Covid-19 a notamment entraîné une baisse des dépistages en 2020. « Au niveau national, c’est une baisse de plus de 50 %. On espère qu’on va arriver à rattraper ce retard », indique Olivier Épaulard. Autre motif d’inquiétude : le retour d’idées reçues que l’on pensait appartenir au passé. Par exemple ? « Que les moustiques pourraient transmettre le virus, ou qu’un homme qui a une relation avec une femme ne peut pas être contaminé », cite l’infectiologue.
Autre idée reçue : le Sida ne poserait aujourd’hui plus de problème, du fait du succès des traitements. « Certes, les personnes infectées vivent bien… mais elles font toujours face à un rejet potentiel et une stigmatisation », alerte Olivier Épaulard. Qui plaide à son tour contre la sérophobie : « La société doit changer le regard négatif porté sur les personnes qui vivent avec le VIH. Il n’est pas adapté du tout, et ne correspond pas à la réalité. »
La lutte contre le Sida s’expose à Grenoble
Outre un stand au centre du marché de Noël, la Journée mondiale de lutte contre le Sida se traduit par une illumination spécifique du Palais des sports et de la gare du téléphérique, et la décoration des bulles de Grenoble avec un ruban rouge. Plus la diffusion d’un visuel dédié jusqu’au 6 décembre, et le flocage d’un tram avec le même visuel jusqu’au 3 décembre, en partenariat avec le Smmag.