FOCUS – Une bonne vingtaine de professeurs d’EPS ont participé, ce vendredi 19 novembre 2021 dans Grenoble, à un rassemblement festif et revendicatif à l’initiative du Syndicat national de l’éducation physique - Fédération syndicale unitaire (Snep-FSU). Ils réclament le passage à quatre heures d’EPS par semaine tout au long de la scolarité pour lutter contre la sédentarité croissante et la dégradation des capacités physiques des élèves. Ce qui implique, selon eux, une diminution des effectifs par classe et un doublement des recrutements d’enseignants.
Ils ont investi la place de Verdun en proposant des ateliers pratiques (course à pied ou jeux avec ballon) aux passants, en ce début d’après-midi. À l’initiative du Snep-FSU, une vingtaine de professeurs d’EPS de l’académie de Grenoble ont participé à ce rassemblement, ce vendredi 19 novembre 2021.
Programmé dans le cadre de « La semaine de l’EPS », organisée pour la deuxième année consécutive par le syndicat, l’évènement visait à sensibiliser le public aux revendications des enseignants.
« Les enfants ont perdu 25 % de leurs capacités cardio-vasculaires en quarante ans »
Les professeurs réclament en priorité le passage à quatre heures d’EPS par semaine, tout au long de la scolarité. Aujourd’hui, seuls les élèves de 6e bénéficient en effet de quatre heures d’EPS hebdomadaires. Ce chiffre descend à trois heures pour les 5e, 4e et 3e, et à deux heures au lycée ou deux heures trente en lycée professionnel.
Or, pour les enseignants, il y a urgence. « Les études de la Fédération française de cardiologie ont montré que la sédentarité avait fortement augmenté, avec des enfants ayant perdu 25 % de leurs capacités cardio-vasculaires en quarante ans », souligne Maxime Veghin, co-secrétaire académique du Snep-FSU.
« On voit parfois des élèves incapables de courir une minute », selon les professeurs d’EPS
D’après l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), 66 % des adolescents de 11 à 17 ans ont un niveau de sédentarité élevé. Un constat que confirme Philippe, professeur d’EPS en collège à Montélimar. « Depuis une dizaine d’années, on assiste à une dégradation de la condition physique des élèves », déplore-t-il.
« Le plus flagrant, c’est l’endurance », assure l’enseignant. « On voit parfois des élèves qui sont incapables de courir une minute. » En cause, selon lui, différents facteurs : « la sédentarité, la malbouffe et le manque de volonté pour se dépasser ».
Et ce n’est pas l’action du ministère qui risque de trouver grâce à ses yeux. L’opération « 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école » lancée par Jean-Michel Blanquer ne rencontre en effet pas beaucoup d’adeptes chez les professeurs d’EPS. « Ça veut tout et rien dire », estime Maxime Veghin, qui souhaiterait que « ce soit structuré ». « Développer l’EPS, c’est une priorité pour permettre aux jeunes d’être en bonne santé », explique le secrétaire académique du Snep-FSU.
Pas plus de vingt-quatre élèves par classe
Si les quatre heures d’EPS hebdomadaires constituent la mesure phare de l’ambitieux plan d’urgence proposé par le syndicat, celle-ci va de pair avec d’autres décisions. « Il y a deux leviers : recruter des enseignants et diminuer le nombre d’élèves par classe », explique Philippe.
Ce dernier cite un exemple très parlant. « Aujourd’hui, j’ai une classe de 6e en escalade : trente-et-un élèves, avec un seul prof », raconte-t-il. « Quand on sait que dans les fédérations, ce sont huit participants maximum qui sont acceptés en escalade, on voit que ça pose des problèmes d’encadrement et de sécurité. Et le temps de pratique pure par élève diminue aussi. » Il faudrait donc « ne pas dépasser vingt-quatre élèves par classe », affirme Philippe.
« Ouvrir 1500 postes par an au Capes, pendant au moins cinq ans »
Ce vaste chantier concerne également les effectifs. « Depuis l’arrivée de Jean-Michel Blanquer en 2017, 771 postes de professeurs d’EPS ont été supprimés tandis que, dans le même temps, 73 000 élèves supplémentaires ont été accueillis dans le second degré », relève Maxime Veghin.
Le Snep-FSU préconise donc de doubler les recrutements d’enseignants, c’est-à-dire d” »ouvrir 1500 postes par an au Capes, pendant au moins cinq ans », précise Philippe. Une revendication loin d’être irréaliste selon Maxime Veghin, qui rappelle que cela ferait simplement « revenir au niveau initial [qui existait] sous François Hollande ».
Le professeur et syndicaliste demande aussi « plus d’installations sportives de qualité et un plan de relance des équipements qui pourrait intervenir dans le cadre des JO de Paris 2024″. Un tel programme aurait nécessairement un coût élevé, chiffré à plusieurs milliards d’euros par la cour des comptes. Mais c’est « un enjeu politique », assène Maxime Veghin. « Est-ce qu’on veut un plan d’austérité ou une politique d’intérêt général pour la santé des élèves ? »