FOCUS – Le Musée de Grenoble ouvre sa saison 2021 – 2022 le 30 octobre avec une exposition consacrée au peintre Pierre Bonnard : « Les Couleurs de la lumière ». L’occasion de présenter un grand artiste du XXe siècle et une œuvre qui répond par l’espoir à la période trouble que chacun traverse. Le contemporain sera à l’honneur de la deuxième exposition prévue sur le printemps-été 2022 avec, entre-temps, une incartade dans l’art ancien grâce à une œuvre exceptionnelle de Reynaud Levieux.
Un artiste « qui sait insuffler de l’espoir dans sa peinture et, dans les heures les plus sombres, créer de la lumière ». C’est ainsi que Guy Tosatto, directeur du Musée de Grenoble, a caractérisé, lors de la présentation de la nouvelle saison, le peintre Pierre Bonnard, sujet de la grande exposition Les Couleurs de la lumière, à voir du 30 octobre 2021 au 30 janvier 2022.
Si le projet d’une exposition dédiée à Pierre Bonnard date d’avant le confinement, la présentation d’un artiste “lumineux” fait écho aux temps troubles que chacun traverse. Et sa préparation elle-même, durant le temps de fermeture imposé au musée, a soutenu les équipes. « Cette exposition nous a beaucoup aidés à traverser cette période », confie ainsi Guy Tosatto. Non sans décrire une saison 2020 – 2021 « sacrifiée » pour cause de crise sanitaire.
« Un bon test pour savoir si le public revient au musée »
Difficile pour le directeur de ne pas repenser au passé. Notamment à l’exposition Morandi présentée à la presse en décembre 2020, sur le point d’ouvrir… mais finalement restée longtemps inaccessible. « Nous travaillons d’abord pour le public, pour que les gens viennent découvrir ce que nous faisons », rappelle Guy Tosatto. Bien sûr, l’exposition a été prolongée, quitte à bouleverser le programme, avec à la clé tout de même « une belle fréquentation ».
Signe encourageant : le Musée de Grenoble a enregistré un nombre très satisfaisant de visiteurs durant la période estivale 2021. Avec 13 000 entrées, il revient même au niveau de 2019, avant la crise sanitaire. « L’exposition Bonnard sera un bon test pour savoir si le public revient au musée, si le désir est toujours aussi fort et aussi grand », estime Guy Tosatto. Et si le pass sanitaire ne refroidit pas les ardeurs des amoureux comme des curieux de la culture.
L’exposition est d’autant plus importante que Bonnard compte parmi les grands artistes du XXe siècle, rappelle Sophie Bernard, conservatrice en chef du Musée. Andry-Farcy ne s’y était pas trompé en exposant dès les années 20 une œuvre du peintre, avant d’acquérir dans les années 30 l’un de ses chefs‑d’œuvre, Intérieur blanc. Assez logique en somme, alors que le peintre avait lui-même des attaches familiales fortes dans l’Isère.
De l’art ancien à l’art contemporain
Pour son autre grande exposition de la saison, du 2 avril au 3 juillet 2022, le Musée reprogramme un projet initialement prévu sur 2020 – 2021. Une exposition baptisée « En roue libre », consacrée au fond (important) d’art contemporain du Musée, et surtout « imaginée pour proposer aux visiteurs un autre regard sur [la] collection, plus décomplexé, plus ludique, plus ouvert aussi à leur propre subjectivité », explique Guy Tosatto.
« L’idée est de présenter des œuvres que l’on voit très rarement, faute de place. Et certaines n’ont parfois jamais été vues, parce que ce sont des acquisitions récentes », ajoute le directeur. « Les œuvres en réserve regorgent de pièces contemporaines », confirme Sophie Bernard. De Bernard Frize à Gilbert & George, en passant par Bertrand Lavier ou Haim Steinbach, En roue libre proposera « une appréhension plus légère de la collection contemporaine ».
Et l’ancien, dans tout ça ? Il sera lui aussi à l’honneur de la saison avec la présentation d’un tableau exceptionnel, La Bénédiction de Saint Jean-Baptiste par Zacharie, de Reynaud Levieux (1613−1699). Un dépôt du musée de l’AP-HP, qui devrait être visible à compter du mois de mars 2022, après restauration. Un « jolie parenthèse », conclut Guy Tosatto, heureux d’enrichir la collection ancienne du Musée d’une pièce « majeure ».