FOCUS - Avec l'affaire de la "queue de loup", les autorisations de tir de défense demandées par les éleveurs sont au coeur du débat en ce mois d'octobre 2021. Cependant, qu'en est-il de la position des "pro-loup" ? Pourquoi l'Etat protège t-il ces grands prédateurs, alors même qu'il permet leur abattage dans certaines conditions ? Éléments de réponse avec un guide spécialiste de la question du loup.
"L'Etat ménage la chèvre et le chou", soupire Victor2Prénom d'emprunt. Le professionnel interviewé a souhaité rester absolument anonyme, déclarant que sans cela il aurait "un loup mort dans son jardin" dès le lendemain de l'interview. Une illustration, si besoin était, des tensions considérables autour de cette question… d'entrée de jeu, en réaction à nos questions sur l'autorisation des "tirs de prélèvement" sur les loups. Ce guide de montagne a consacré la majeure partie de sa carrière à l'étude du loup et à sa présentation au public. Pour lui, alors que les éleveurs ont réclamé, à l'occasion d'une manifestation ce 5 octobre, plus de tirs d'abattage, ceux-ci "sur le long terme, ne résolvent rien".
Des tirs qui "déstabilisent les meutes"
"Dès qu'on a des foyers d'attaque localisés sur certains secteurs, une brigade spécifique à l'Office français de la biodiversité (OFB), va essayer de se débarrasser d'un loup," précise Victor. En l'occurrence, la Brigade mobile d’intervention (BMI), spécialisée dans les "grands prédateurs terrestres", "participe à des missions de défense des troupeaux en plein air après en avoir assuré la préparation." Selon leur fiche de poste, ses agents contribuent également "au suivi de l’espèce et au recueil d’informations techniques sur les comportements de prédation". Qu'il est ensuite possible de trouver sur “Loup France”, le site spécialisé de l'OFB sur ce thème.
Deux louveteaux abattus à Chichilianne en septembre 2016. DR
Pour lui, "cette méthode a pour vocation d'acheter la paix sociale, d'apaiser la colère du monde agricole". Le problème, c'est que "ces tirs déstabilisent les meutes, qui sont des unités familiales". Et "à court terme, ils augmentent le nombre d'attaques". En effet, le risque est d'abattre l'un des dominants, provoquant ainsi un éclatement de la meute. Avec le risque de favoriser l'existence de "plus de meutes, plus petites, qui vont occuper un territoire peut-être plus grand".
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