EN BREF – Les AESH de l’Isère étaient (de nouveau) devant le rectorat de Grenoble, ce jeudi 8 avril 2021, pour dénoncer les pôles inclusifs d’accompagnement localisés. Des Pial qui réorganisent le travail des accompagnants des enfants en situation de handicap « aux dépens des élèves » selon les manifestants.
Le mot d’ordre ? « On n’est pas nombreux mais on fait du bruit quand même ! » Les accompagnants des enfants en situation de handicap se donnaient de nouveau rendez-vous devant le rectorat de Grenoble, ce jeudi 8 avril. Une cinquantaine de personnes, AESH et soutiens de l’Éducation nationale, ont ainsi dénoncé la généralisation des Pial. Des « pôles inclusifs d’accompagnement localisés » qui n’ont précisément rien d’inclusifs à leurs yeux.
Les AESH se sont rassemblés devant le rectorat de Grenoble à l’appel de plusieurs syndicats dans le cadre d’un mouvement national. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Le principe des Pial ? Une nouvelle organisation du travail des AESH sous forme de regroupement d’établissements. Le tout sous l’autorité d’un coordinateur et d’un AESH référent. Et, pour le ministère de l’Éducation nationale, « un accompagnement défini au plus près des besoins de chaque élève ». Avec « plus de réactivité et plus de flexibilité dans l’organisation de l’accompagnement humain » et « une amélioration [des] conditions de travail ».
« On a l’impression qu’on ne nous fait pas confiance »
Autant de bienfaits que Dominique, AESH à Villard-de-Lans, n’a pas observés. « Le Pial nous envoie d’un établissement à l’autre, nous change d’élève au sein d’un même établissement… C’est un va-et-vient permanent aux dépens des élèves ! », dénonce-t-elle. Une situation d’autant plus scandaleuse à ses yeux que les enfants en situation de handicap ont besoin de stabilité. « Ce n’est pas juste les aider, c’est de l’humain ! », s’agace-t-elle.
Un enseignant grenoblois sous la bannière FSU abonde : « J’ai une élève autiste Asperger dans ma classe. La gamine a 28 heures de cours par semaine et on accorde 13 heures d’AESH. C’est ça l’école de l’inclusion ? »
La mutualisation des accompagnements, au lieu d’une individualisation, fait partie des problèmes que veulent soulever les AESH. « Les élèves n’ont pas d’heures affectées au départ. Ils peuvent en avoir deux, puis trois le mois suivant », décrit Dominique. Qui ne cache pas sa colère : « Nous, sur le terrain, nous voyons que ça ne marche pas. On a l’impression qu’on ne nous fait pas confiance, alors qu’on sait prendre en charge les élèves ! »
Les AESH affichent un salaire moyen en-dessous du seuil de pauvreté
Au micro, devant le rectorat, la syndicaliste FSU Anne-Marie Guillaume rappelle que les Pial avaient d’abord été mis en place à titre expérimental sur certains territoires. Résultat, selon elle ? « Zéro retour d’évaluation. La généralisation a simplement été décrétée ». Le tout, ajoute-t-elle, dans la désorganisation, avec des absences de coordinateurs ou d’AESH référents, pourtant nécessaires au bon fonctionnement des Pial.
À la nouvelle organisation s’ajoutent des revendications récurrentes. Les AESH continuent de dénoncer des emplois généralement à temps partiels… et des salaires qui vont avec. « Le salaire moyen est de 760 euros nets par mois, sous le seuil de pauvreté », indique Anne-Marie Guillaume. De plus, les AESH, comme les AED, ne perçoivent pas d’indemnités lorsqu’ils exercent en réseau d’éducation prioritaire. Contrairement aux autres personnels.
La syndicaliste ne retient pas ses coups contre le gouvernement. « Le Premier ministre martèle que l’inclusion scolaire est une priorité, mais 110 000 AESH au niveau national sont maintenus dans la précarité ». Et le nombre de postes d’enseignants diminue quand les effectifs des élèves augmentent, poursuit l’élue FSU. « À la rentrée prochaine, trente postes [sont] supprimés rien que dans les collèges », dénombre-t-elle.