FOCUS – Fermé depuis six mois en raison de la crise sanitaire, le Théâtre municipal de Grenoble (TMG) pourra de nouveau accueillir du public à partir du 19 mai 2021. Un vrai soulagement pour l’établissement culturel qui n’a jamais cessé d’apporter son soutien à la création et aux compagnies. Résidences artistiques, rendez-vous en ligne, actions en milieu scolaire… Le TMG s’est adapté aux restrictions sanitaires pour maintenir un lien entre le public et les artistes.
C’est avec bonheur que les lieux culturels s’apprêtent à rouvrir ce mercredi 19 mai. Fermés depuis fin octobre 2020 sur décision gouvernementale, les théâtres pourront accueillir jusqu’à 800 spectateurs. Une jauge amenée à s’élargir au fil des étapes du déconfinement.
Depuis cette annonce gouvernementale, l’équipe du Théâtre municipal de Grenoble travaille à la reprise des spectacles. Durant les six mois de sa fermeture au public, le TMG (composé du Grand Théâtre, du Théâtre 145 et du Théâtre de poche) s’est adapté aux restrictions sanitaires, tout en continuant à soutenir la création et les compagnies.
« Il y a eu une vraie différence par rapport au premier confinement. On a pu continuer à travailler », raconte Delphine Gouard, directrice du TMG. Les ateliers de construction de décors et de fabrication de costumes ont été maintenus. Et, surtout, le théâtre a mis en place de nombreuses propositions pour maintenir un lien avec le public.
Le TMG s’est tourné vers les rendez-vous en ligne
Le Théâtre 145 a ainsi accueilli du 3 au 8 mai la 21e édition du festival Regards croisés. Annulé en 2020, l’évènement culturel dédié aux écritures théâtrales contemporaines a été maintenu en version numérique.
Autre évènement maintenu malgré la situation sanitaire : le Printemps du livre de Grenoble. Un rendez-vous croisé entre danse et littérature qui a eu lieu au Grand Théâtre, dans le cadre de la résidence de François Veyrunes – Cie 47·49, artiste associé du TMG, en collaboration avec l’auteur Éric Reinhardt. La performance a été filmée et diffusée en clôture du festival, le 12 mai.
Le TMG organise également, depuis le 26 avril, le feuilleton radiophonique de Catherine Contour en partenariat avec Radio Campus. Jusqu’au 16 juin, deux épisodes par semaine, le lundi et le mercredi à 17 heures, invitent à découvrir l’univers de cette artiste dont le spectacle Plongées au noir a été reporté au Grand Théâtre en mars 2022.
Le spectacle Fin et suite de Simon Tanguy aurait lui aussi dû se tenir au Grand Théâtre, en février. Le rendez-vous n’aura pas lieu mais la création est diffusée gratuitement en streaming par le Lieu unique à Nantes les 18 et 19 mai 2021, juste avant la réouverture des salles.
Près de 160 jours de résidence artistique depuis le mois de novembre
L’annulation des spectacles a, par ailleurs, ouvert de nouveaux créneaux permettant la mise à disposition des plateaux du TMG pour des résidences de création. « On avait de la place dans le planning », explique Delphine Gouard. Ainsi, seize équipes artistiques se sont-elles succédé depuis la fermeture au public, début novembre, pour environ 160 jours de résidence.
Parmi ces équipes, figurent les artistes associés du TMG. Pascale Henry, directrice de la Cie Les Voisins du dessous, a ainsi eu accès à la scène du Théâtre 145 pendant trois jours, en mars, pour terminer la mise en voix d’un texte qu’elle devait jouer dans le spectacle Le Grand brasier.
Nicolas Hubert, de la Cie Épiderme, a également bénéficié de cinq semaines de résidence, de novembre 2020 à janvier 2021. Son spectacle Espace pudique (& angles morts), reprogrammé les 26, 27 et 28 mai au Théâtre 145, devrait inaugurer le retour des spectateurs au TMG.
Plusieurs résidences prévues en automne ont, elles aussi, été maintenues et transformées en rendez-vous avec des professionnels. Deux d’entre elles ont eu lieu dans le cadre de l’après-midi Escapades dansées, organisée avec La Rampe en février dernier. « C’était important pour les compagnies qui ne pouvaient pas jouer devant un public », confie Delphine Gouard.
Une grande diversité de propositions à destination du public
Depuis fin octobre, le TMG a par ailleurs multiplié les actions culturelles en milieu scolaire. Les compagnies qui devaient se produire cette saison au théâtre ont pu présenter des propositions adaptées pour les écoles et centres de loisirs.
« À défaut de faire venir les classes au théâtre, on a amené le théâtre dans les classes », résume Delphine Gouard. Les projets mis en place ont concerné près de 500 élèves de différents niveaux. « Ça ne remplace pas le fait de venir au théâtre, bien sûr, mais c’est mieux que rien », concède la directrice du TMG.
Pour conserver le lien avec son public malgré la fermeture, le TMG a aussi créé une page Instagram et s’est montré plus actif sur les réseaux sociaux. « Pour montrer que les théâtres continuent à avoir de l’activité », selon Delphine Gouard. Les « rendez-vous de Martin », petites vidéos de questions-réponses autour du théâtre, ont ainsi vu le jour sur la page Facebook du TMG.
Le théâtre s’est enfin associé à l’initiative du Centre de développement chorégraphique national, Le Pacifique, en proposant cinq minutes de danse par jour en extérieur, les mardis et jeudis à 12 h 30. Une façon de « vivre un temps artistique, tout en respectant les mesures sanitaires ».
« J’ai envie de croire que l’on contribue à la santé mentale des gens »
Et maintenant, qu’est-ce qui attend le TMG pour les semaines à venir ? « Une bonne partie du mois de juin sera consacrée aux élèves du Conservatoire de Grenoble », explique Delphine Gouard. Le théâtre attend également avec impatience le retour des spectateurs.
« J’ai envie de croire que l’on contribue à la santé mentale des gens », déclare la directrice du TMG. La réouverture des théâtres, selon elle, est autant attendue par le public que par les artistes. « C’est très compliqué pour un artiste de créer un spectacle et de ne pas pouvoir le montrer ».