FOCUS — L’élection professionnelle pour les salariés de TPE se déroule sur l’ensemble du territoire national du 22 mars au 6 avril 2021. Objectif des organisations syndicales ? En premier lieu, convaincre chacun de voter, alors que les deux précédents scrutins ont été marqués par une écrasante abstention. En second lieu, les convaincre de voter pour elles, en déployant des professions de foi où règne la diversité des propositions.
Elle devait se tenir fin 2020, puis en janvier 2021, mais c’est finalement du 22 mars au 6 avril 2021 que se déroule l’élection professionnelle à l’intention des salariés des très petites entreprises. Deux reports successifs décidés par le ministère du Travail, « en raison des difficultés d’organisation soulevées par la crise sanitaire ». Quand bien même, en l’occurrence, le vote se fait uniquement en ligne ou par correspondance.
Un vote à distance qui, en l’occurrence, n’est pas une conséquence du coronavirus. La formule était en effet déjà à l’ordre du jour en 2012, année de création de cette élection syndicale spéciale TPE. Une élection qui concerne, tout de même, « près de 5 millions de salarié(e)s des très petites entreprises et d’employé(e)s à domicile », rappelle le gouvernement. Et près de 550 000 sur la seule région Auvergne-Rhône-Alpes, indique pour sa part la préfecture de région.
Une élection professionnelle marquée par une très forte abstention
Si la CGT est sortie majoritaire du premier scrutin en 2012 et si l’Unsa s’est distinguée par une (très) forte progression en 2017, c’est bien l’abstention qui est sortie victorieuse des deux éditions précédentes. En 2012, le taux de participation s’élevait à 10,4 %. Alors ministre du Travail, Michel Sapin avait promis de revoir l’organisation « pour favoriser une participation plus importante lors de la prochaine élection ». Résultat ? un taux de participation 2017… à 7,35 %.
Peut-on espérer mieux pour 2021 ? Au cours d’une conférence donnée en janvier dernier, le syndicat Force ouvrière n’affichait pas un optimisme débordant. Difficile en effet de mener campagne en pleine épidémie de Covid-19, et plus encore quand des structures sont fermées. « La grosse difficulté, c’est qu’on ne touche aucun salarié de la restauration et que ça fait du monde ! », déplorait Philippe Beaufort, secrétaire général FO Isère.
Les syndicats s’emploient dès lors à rappeler l’intérêt de l’élection professionnelle TPE. À titre individuel, le salarié pouvant bénéficier de l’écoute et des conseils juridiques de l’organisation syndicale, et se faire représenter par elle en cas de passage devant les Prud’hommes. Mais aussi à titre collectif, l’élection professionnelle assurant la représentativité des organisations au sein des diverses instances de négociations.
Des professions de foi aux approches variées
Si convaincre les salariés de voter représente la première étape pour les syndicats, encore faut-il les convaincre… de voter pour eux. C’est tout l’art des professions de foi déployées par les (nombreuses) organisations syndicales candidates, aux approches souvent bien différentes. À commencer par Force ouvrière, Solidaires et la CGT, dont les dépliants prennent volontiers des allures de tract.
Les revendications ? Un Smic à 1437 euros côté FO, et même à 1700 côté Solidaires. Qui plaide aussi pour la fin de la précarité, une meilleure compensation du travail du dimanche et de nuit, et le renforcement des moyens de l’inspection du travail. La CGT, elle, plaide pour un droit à la formation professionnelle, ainsi qu’à la santé au travail. Ton (sans surprise) moins revendicatif côté CFDT, qui souhaite « favoriser le dialogue de qualité pour continuer de vous obtenir des droits dans un esprit gagnant-gagnant ». Soit l’antithèse du syndicat anarchiste CNT, qui appelle pour sa part à « dire NON à l’exploitation et au mépris ».
Forte de sa progression en 2017, l’Unsa décrit son action comme « le syndicalisme des solutions ». Et met en avant… son service de réductions tarifaires, avec des partenaires comme Cultura ou Disneyland Paris. Pas de Mickey Mouse à prix réduit pour la CFTC, mais la promesse d’une organisation « attachée aux valeurs de la famille ». Quant à la CFE-CGC, dédiée aux cadres, elle compte se battre pour que les salariés en formation puissent bénéficier de déductions d’impôts.
Du côté de la Confédération autonome du travail (CAT), on revendique l’indépendance d’un syndicat « sans subventions », qui préfère « l’efficacité à la stérilité de l’agitation permanente ». Le Syndicat anti-précarité (SAP) choisit pour sa part de présenter des cas concrets pour illustrer les réponses à apporter. Enfin, le Syndicat des travailleurs corses (STC) en appelle au soutien de ses adhérents dans toutes les régions et aux « travailleurs solidaires de [son] combat ».
Florent Mathieu
Comment voter à l’élection professionnelle ?
Chaque électeur doit avoir reçu à son domicile un courrier contenant son identifiant de vote et son code confidentiel pour voter en ligne, ainsi qu’un bulletin de vote et une enveloppe pré-affranchie pour voter par courrier.
Vous n’avez rien reçu ? Consultez les listes électorales pour vous assurer de votre présence, et au besoin compléter vos coordonnées postales. Il vous faudra vous munir toutefois d’une photocopie de pièce d’identité, d’un bulletin de salaire et d’un justificatif de domicile…
Ceux qui ont reçu les documents nécessaires peuvent voter : soit sur le site dédié en se connectant sur leur espace de vote, soit par courrier en renvoyant leur bulletin de vote dans l’enveloppe préaffranchie. Dans les deux, précise la préfecture de l’Isère, la procédure est confidentielle et anonyme.