FOCUS – Les dégradations commises à Roybon par un groupe d’individus dans la nuit du 3 au 4 décembre 2020 ont sidéré les habitants de cette petite ville de l’Isère. Pour l’heure, aucune revendication ne permet de savoir qui sont les auteurs et pourquoi ils ont commis de telles exactions. Une enquête a été confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie de Saint-Marcellin. Quant aux politiques, certains ont vivement réagi.
Entre 2 et 3 heures du matin dans la nuit du mercredi au jeudi 3 décembre, un groupe d’individus a commis des actes de vandalisme sur plusieurs commerces de la commune de Roybon, en Isère. Les vandales ont également frappé à coups de masse l’office de tourisme et la mairie, et tenté d’incendier un bar-restaurant et trois véhicules.
Au total, la brigade de recherche de Saint-Marcellin, saisie des faits, a ainsi dénombré pas moins de dix dégradations de divers bâtiments. En l’occurrence, un vrai saccage commis, selon des témoins, « sans précipitation » par « plusieurs individus vêtus de noir », a indiqué Éric Vaillant, procureur de la République de Grenoble. Qui précise que pour l’heure, le mobile de ces dégradations volontaires reste inconnu, « aucune revendication ne lui étant parvenue ».
« On avait déjà bien donné mais ça continue ! »
À leur réveil, c’est un spectacle bien désolant qui s’offrait aux yeux ébahis des Roybonnais, en état de sidération face à de telles exactions. Déjà, une rumeur circule dans cette commune bien connue pour sa Zad qui a lutté durant six ans contre l’implantation d’un Center Parcs. Beaucoup de regards accusateurs se tournent vers les zadistes évacués le 13 octobre dernier par les autorités, après l’abandon du projet porté par Pierre et Vacances.
Action revancharde des opposants, six ans jour pour jour après l’installation de la zone à défendre ? En tout cas, rien ne permet de l’affirmer, en l’état des investigations confiées à la brigade de gendarmerie de Saint-Marcellin. En effet, aucun constat probant ne permet pour l’instant d’établir un quelconque lien susceptible de valider cette hypothèse. « Toutes les pistes sont ouvertes », a déclaré à la presse un gradé de la gendarmerie de Saint-Marcellin.
« À l’heure où je vous parle, il est impossible de dire qui a fait cela », commentait, quant à lui, Serge Perraud, le maire de la commune, le jeudi 3 décembre au matin. « On avait déjà bien donné, mais ça continue ! », a‑t-il ainsi confié, accablé, au Dauphiné libéré.
Roybon : « une commune qui a déjà beaucoup souffert », selon Jean-Pierre Barbier
Les réactions scandalisées de certains politiques n’ont pas non plus tardé. Ainsi, Jean-Pierre Barbier, le président du Département, a été l’un des premiers à réagir pour condamner des « actes inadmissibles […] visant une commune qui a déjà beaucoup souffert ». Notamment, « après avoir vu se fermer la porte du projet de Center Parcs qu’elle espérait et attendait pour redynamiser son territoire ». Ces dégradations, ajoute le président, « constituent non seulement une atteinte matérielle mais aussi une atteinte à toutes les Roybonnaises et tous les Roybonnais. C’est tout Roybon qui est agressé et visé par de tels actes. »
Frédérique Puissat, sénatrice de l’Isère, assure, elle aussi, « son total soutien aux habitants de Roybon ». Pour cette dernière, les actes commis sont d’autant plus choquants que la commune « vient de subir une pression inadmissible et disproportionnée ». En l’occurrence, celle exercée par les zadistes qui ont « occupé depuis 2014 de façon illicite une zone à défendre ».
Aussi, poursuit Frédérique Puissat, « les dégradations commises […] doivent donner lieu à une enquête et à des sanctions. Nous faisons, dans ce cadre, confiance aux forces de l’ordre », précise-t-elle.
« Les Roybonnais ont le droit de retrouver une vie sereine et tranquille »
Monique Limon, députée de l’Isère, considère elle aussi que la population et les élus de Roybon ont déjà suffisamment souffert « de la présence d’une zone de non-droit dans les Chambarans ». Les Roybonnais, estime-t-elle, « ont naturellement le droit de retrouver une vie sereine et tranquille après les troubles passés dont ils ont été les premières victimes ». L’élue s’en remet également à l’enquête de la brigade de recherches de la gendarmerie .
Monique Limon, Élodie Jacquier-Laforge et Cendra Motin, lors d’une rencontre avec les syndicats agricoles, 4 août 2017. © FDSEA
Ses conclusions « devront permettre de cerner les motivations réelles qui ont conduit à ce saccage ordonné de la ville par une poignée de vandales », espère-t-elle.
Déclarant partager l’émotion suscitée par les dégradations, la députée s’insurge. « Aucun motif ne saurait justifier de tels faits », déclare-t-elle. Avant de les « condamner fermement et souhaiter que leurs auteurs soient rapidement identifiés et jugés ».
Enfin, Laurent Wauquiez, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, n’a pas commenté à chaud les événements de la nuit. Il a préféré, pour sa part, se rendre sur place ce vendredi 4 décembre « pour rencontrer les commerçants victimes des dégradations ».