FOCUS – La Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Grenoble poursuit et intensifie son accompagnement des commerces locaux. À l’approche des fêtes de fin d’année, les commerces dits « non essentiels » redoutent le pire, surtout face à la concurrence des géants du numérique. Pour les aider, la CCI insiste sur le passage au numérique avec la plateforme « En bas de ma rue ».
Jean Vaylet, président de la CCI de Grenoble. © Tim Buisson – Place Gre’net
« Cette plateforme permet au consommateur d’acheter en bas de chez lui, dans un circuit court, des produits dont il a besoin plutôt que d’aller dans de grandes chaînes internationales et mondiales », plaide Jean Vaylet, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Grenoble.
Lancée officiellement depuis une dizaine de jours à Grenoble, la “place de marché”1Lieu virtuel permettant la rencontre d’offreurs et de demandeurs de biens ou de services. Elle peut prendre la forme d’une société de services dont la propriété et la gestion sont partagées entre les principaux utilisateurs. En bas de ma rue permet aux commerçants de vendre leurs produits en ligne.
Elle regroupe désormais plus de 265 membres, dont beaucoup de magasins de jouets. En tout, près de 16 500 produits sont répertoriés. Une aubaine durant ce second confinement, d’autant plus à l’approche des fêtes de fin d’année.
De fait, la période s’avère difficile à gérer pour les commerces fermés qui plaident, comme le ministre de l’Économie, pour une réouverture dès le vendredi 27 novembre. « Il est trop tôt encore pour dire quel est le pourcentage de faillites qu’il pourrait y avoir, mais c’est clair que, quelque part à un moment ou un autre, il y aura des difficultés », concède le président de la CCI de Grenoble.
Contrer la menace Amazon
Bruno Le Maire a demandé à repousser d’une semaine le BlackFriday en France. Cet événement commercial importé des États-Unis permet aux enseignes de faire des offres promotionnelles afin d’attirer des clients à l’approche des fêtes. Une requête finalement acceptée par Amazon mais qui représente un répit de courte durée.
La multinationale est pointée du doigt par les commerçants locaux qui craignent que leurs entreprises pâtissent de cette concurrence. Une pétition en ligne a même été lancée contre Amazon, avec, entre autres signataires, le maire de Grenoble Éric Piolle. D’où l’intérêt de proposer des alternatives au niveau local.
Barbara Schuman, adjointe à la Ville de Grenoble. © Tim Buisson – Place Gre’net
« On ne peut pas se comparer à Amazon, mais il faut que nos commerçants prennent le tournant du numérique », insiste Barbara Schuman, adjointe à la Ville de Grenoble et conseillère métropolitaine déléguée au commerce et à l’artisanat. Un outil essentiel pour Christian Hoffmann, président de Label ville. « Le covid a amené une prise de conscience des commerçants qui doivent se rassembler », plaide-t-il. Plus de trente enseignes grenobloises sont inscrites sur la plateforme.
Pour le président de la CCI, c’est du gagnant-gagnant. Les commerçants peuvent investir le numérique en maintenant leur activité, tandis que les consommateurs peuvent acheter des produits à un commerce local. « Il faut que les centres-villes restent debout car ce sont les premiers liens de rencontre entre nous », abonde Barbara Schuman.
Un tournant vers le numérique accéléré pour les commerces
Les commerces locaux ont été obligés d’accélérer leur passage au numérique pour poursuivre leur activité durant le confinement. Une évolution « primordiale et importante » selon Jean Vaylet de la CCI. « Notre feuille de route dans les prochains mois est de travailler avec la chambre des métiers pour accompagner les commerçants, dans le cadre de nos conventions traditionnelles annuelles, à passer le pas de la “digitalisation” », ajoute Guy Jullien.
Le vice-président à la métropole chargé de l’économie, de l’industrie et de la résilience économique a, quant à lui, déjà annoncé une série de mesures pour accompagner les entreprises.
La plateforme « En bas de ma rue » regroupe 265 commerçants dont une trentaine à Grenoble. © Tim Buisson – Place Gre’net
C’est d’ailleurs la métropole de Grenoble qui prendra en charge le coût de la plateforme entre janvier et juin 2021, après la CCI qui assure aujourd’hui son développement.
Les commerçants pourront profiter de la plateforme gratuitement et sans engagement au moins jusqu’en 2022. Aucune commission ne s’applique. « Tout le chiffre d’affaires revient au commerçant », ajoute Jean Vaylet.
La région apportera également son aide pour financer la plateforme à partir de juillet 2021. Enfin, le Département de l’Isère compte déployer une campagne de communication auprès du grand public, notamment sur les abribus et dans la presse locale afin de promouvoir la plateforme.
Un service de livraison en réflexion par la CCI
La plateforme de vente en ligne Geo’Local propose déjà une carte interactive gratuite afin de repérer les boutiques ouvertes durant le confinement. Pour la compléter, la CCI a déjà mis en place un plan de soutien aux commerçants de proximité. La chambre propose ainsi une cellule de crise disponible par téléphone et par mail pour répondre aux questions des commerçants. Un plan de relance numérique a en outre été mené auprès de 360 commerçants pour les informer sur les aides disponibles que proposent l’État et la CCI.
Et les offres d’accompagnement pourraient s’étoffer. « Nous sommes en train de réfléchir pour que les commerçants puissent également proposer un service de livraison de proximité pour compléter le service », ajoute Jean Vaylet. Un moyen de développer l’offre au niveau local.