FOCUS – Ce mardi 3 novembre 2020, le collectif Champo en lutte et l’Union nationale lycéenne organisaient un rassemblement dans la cour du lycée Champollion, à Grenoble. En cause ? Les mesures sanitaires en vigueur dans les lycées depuis le confinement, jugées « intenables ». Craignant le sacrifice de la santé des élèves et de leurs proches, les organisations les invitaient ainsi à « se révolter » pour réclamer une meilleure application des mesures sanitaires.
« Luttons contre le sacrifice de notre santé et celle de nos proches ! », invitait le tract distribué ce mardi 3 novembre 2020 devant le lycée Champollion, juste avant les cours. Ce juste avant que ne se déroule un rassemblement à l’initiative du collectif Champo en lutte et de l’Union nationale lycéenne de l’Isère (UNL). Ces deux organisations tenaient ainsi à dénoncer des mesures sanitaires jugées « intenables » dans les lycées et réclamaient qu’elles soient mieux appliquées et surtout améliorées.
« Se retrouver à 400 à faire la queue pour la cantine alors que le reste de la France est confiné, c’est un comble ! », proteste Victor Stevenin, élève de première dans l’établissement grenoblois. Élu du conseil des délégués pour la vie lycéenne (CVL) qui a approuvé le rassemblement, ce dernier ne manque pas de relayer le ras-le-bol des lycéens. « Dans le contexte de la réforme du Bac et des attentats, les lycéens ne peuvent plus tenir », alerte-t-il.
Aucune possibilité de maintenir la distanciation physique dans les salles de classe
Parmi les causes augmentant le malaise des élèves, figure la trop grande promiscuité dans les salles de cours, selon les deux organisations. « Nous sommes entre trente et quarante dans certaines classes, s’insurge le lycéen. C’est scandaleux car nous n’avons aucune possibilité de maintenir la distanciation physique, sinon lors de cours optionnels où nous sommes moins nombreux. »
Quant à l’une des recommandations gouvernementales consistant à limiter le brassage des élèves en attribuant une salle à chaque classe, elle s’avère « totalement inapplicable », tranche Victor Stevenin.
En tout état de cause, « le problème ne vient pas des lycéens. On ne peut pas rejeter la faute sur eux car ils respectent tous le port du masque », souligne notre interlocuteur. Avant de renchérir, affirmant que les lycéens « sont matures sur ce point et même plus respectueux que certains professeurs, qui enlèvent leur masque outrageusement », témoigne-t-il.
Au final, autant de mesures qualifiées « d’incertaines » voire de « dangereuses pour la santé des élèves et des professeurs ». Le tout dans un contexte où les organisations lycéennes pointent « le manque de moyens débloqués par l’État pour les services essentiels ».
Syndicalisme oblige, la politique n’est pas bien loin. Aussi les organisateurs se saisissent-ils de l’occasion pour reprocher au gouvernement son « manque d’aide aux petites structures […] au profit de grandes entreprises qui, elles, en sortent enrichies ».
Des mesures sanitaires « incertaines » voire dangereuses
Les objectifs de ce rassemblement ? En premier lieu, établir un dialogue constructif avec l’administration du lycée, les professeurs et les élèves, qu’ils soient élus ou non du CVL. « À Champollion, comme dans les autres lycées grenoblois, ça ne peut pas continuer comme ça », affirme Victor Stevenin. Qui nourrit l’espoir que leurs revendications puissent remonter au rectorat et aux instances décisionnaires.
Outre l’amélioration des mesures sanitaires en vigueur, les organisations lycéennes réclament un self-service « complètement adapté à la crise sanitaire ». Mais aussi la possibilité de passer en distanciel pour les élèves des classes préparatoires ou bien d’instaurer un roulement des élèves par demi-classes.
Par ailleurs les protestataires souhaitent « le déblocage de fonds pour les milieux en difficulté », avec notamment « la gratuité des masques pour les élèves les plus démunis ».
Des élèves d’autres lycées du bassin grenoblois se mobilisent
« Nous le savons, le but de l’administration lycéenne n’est pas de travailler contre nous. Nous avons beaucoup de chances que nos revendications aboutissent », reconnaît volontiers Victor Stevenin. Par contre, regrette-t-il, « nous n’obtiendrons sûrement pas satisfaction pour que des mesures s’appliquent au niveau national. Nous ne faisons pas le poids ! »
Dans l’agglomération grenobloise, des élèves d’autres lycées s’impliquent dans la mobilisation et expriment un mal-être qui va en augmentant. C’est notamment le cas des lycées Argouges et Stendhal, où la lutte pour de meilleures conditions est également en cours. « Nous ne sommes pas seuls », appuie, confiant, l’élu du CVL. Pour autant, « ce ne sont pas des mouvements d’ampleur ou des rapports de force. Nous voulons juste être entendus », précise Victor Stevenin.