FOCUS – Au lendemain de l’annonce gouvernementale du couvre-feu sur la métropole, le CHU de Grenoble a présenté, ce jeudi 15 octobre 2020, les derniers chiffres du Covid-19. Le virus circule de plus en plus sur le territoire métropolitain et départemental. Cependant, il n’y a pas encore de tensions dans les services de réanimation.
De gauche à droite : Laurent Grange, Marie-Thérèse Leccia, Monique Sorrentino, directrice du Chuga. © Laure Gicquel
Le mercredi 14 octobre, jour de l’annonce du couvre-feu par Emmanuel Macron, il y avait 130 patients Covid-19 hospitalisés en Isère. Parmi eux, 34 étaient en soins critiques – des unités permettant une oxygénation et des soins techniques ainsi qu’une surveillance respiratoire accrue – et 24 en réanimation (21 au Chuga). Si la proportion des patients en réanimation a baissé depuis le printemps, il s’agit toujours principalement de personnes âgées ou présentant des comorbidités.
Le taux d’incidence pour les plus de 65 ans est de 273 personnes (positives) sur 100 000 habitants aux tests, ce qui est sous le taux départemental, de 290 pour 100 000. Mais le président de la République a indiqué souhaiter mettre l’accent, en cette période de Toussaint, sur la protection des personnes âgées. Il en est de même pour la direction du CHU. « La Toussaint approche, on est très inquiets », déclare-t-elle. « Il faut éviter de contaminer le monde rural », ainsi que les personnes fragiles. Ce qui passe notamment par « garder le masque et éviter les embrassades avec les grands-parents ! »
Beaucoup de cas positifs chez les jeunes
La métropole de Grenoble est plus touchée que d’autres zones de l’Isère. En effet, le taux d’incidence y monte à 435, « du fait de la densité de population », déclarent les médecins du Chuga. Cependant, chez les jeunes, ce chiffre explose : 570 cas pour 100 000. Un taux de positivité toutefois relativement bas comparé à celui de l’Isère : 15,16 % par rapport aux 18,58% départementaux.
En effet, une stratégie de tests d’ampleur est à l’œuvre sur le campus, avec 120 tests réalisés par jour. Par ailleurs, une expérimentation va débuter sur tout le territoire national, basée sur les “Trod”, des tests rapides d’orientation diagnostique.
Ceux-ci sont destinés aux personnes asymptomatiques et non cas contacts. En somme, tous ceux qui ne sont actuellement pas sous suspicion de Covid.
Ces tests seront d’abord réalisés au centre du campus, ce qui devrait permettre de pouvoir réaliser immédiatement après le test PCR, si nécessaire, et ainsi d’isoler les cas positifs. 80 000 dépistages de ce type doivent ainsi avoir lieu sur le département. À noter que le centre de dépistage Covid du campus sera « fermé la semaine où il n’y a pas de cours ». Il est possible de prendre RDV au centre du CHU à Échirolles.
Les médecins appellent également les jeunes à la prudence. « Quand nous sommes allés sur le campus en septembre, personne ne portait de masque. » La situation a changé depuis. Cependant, selon eux, il faut faire preuve de « responsabilité citoyenne ». « Les jeunes ont déjà commencé à se déplacer dans des zones sympathiques hors Métro », dénoncent-ils.
« Le virus est aussi présent hors de la métropole. Il faudrait que les jeunes n’aillent pas simplement dans les bars quelques mètres plus loin ! », martèle le docteur Laurent Grange, adjoint à la commission médicale d’établissement (CME). « Si chacun ne donne pas un peu de soi, on va être submergés. »
Pas de surcharge des services de réanimation du Chuga
Pour l’instant toutefois, Grenoble ne manque pas de lits de réanimation, entre le Chuga et la Clinique Belledonne. Contrairement à Saint-Etienne, qui a déjà transféré des patients à Clermont Ferrand. Monique Sorrentino, la directrice générale du Chuga, insiste sur le fait qu” »il n’y a pas d’inquiétude à avoir ». Et que, le cas échéant, il serait possible de transformer des lits classiques en lits de réanimation.
Les syndicats du CHU manifestaient en septembre 2020. Un « phénomène national », assurait la direction © Unsa Chuga
Cependant, les médecins sont très fermes sur un point : l’hôpital ne traite pas que des patients Covid. Désormais, il prend à nouveau en charge des patients en réanimation « pour autre chose, comme des accidents de montagne, par exemple ».
D’où « la tension actuelle à l’hôpital ». En effet, tout ajustement futur sur les lits « se fera au détriment des malades non liés au coronavirus ».
Quid des mouvements de grève en cours à l’hôpital ? Cela n’a pas de conséquences sur la prise en charge des patients, selon la direction. En effet, il existe un « service minimum organisé », selon la Pr Marie-Thérèse Leccia, présidente de la CME. Qui ajoute, fermement : « Il n’y a pas un gréviste qui ne se pose pas la question de comment l’on assure le service un jour de grève ! »