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Les "nuiteux" multiplient les actions pour se faire entendre. © Photo DR – Place Gre’net

Grenoble : les « nui­teux » de la police natio­nale en colère

Grenoble : les « nui­teux » de la police natio­nale en colère

 

FOCUS - Depuis plusieurs mois, les policiers qui travaillent la nuit demandent une amélioration de leurs conditions de travail. Ils ont même créé leur propre syndicat « Option nuit » en juin 2020, dont le siège se trouve à Montpellier. Pour se faire entendre, ils ont décidé de durcir le ton cette semaine, notamment à Grenoble.

 
 

Les "nuiteux" multiplient les actions pour se faire entendre. © Place Gre’net

A Grenoble, les "nuiteux" multiplient les actions pour se faire entendre. © Place Gre’net


 
« On est là pour défendre le travail de nuit et faire évoluer notre condition parce qu'on est un petit peu les oubliés de la police nationale. Ça devient insupportable ! », estime Jérémie, délégué de secteur du syndicat « Option nuit » dans l'Isère.
 
À Grenoble, chaque nuit, ils sont plusieurs dizaines de policiers à travailler à l'hôtel de police, boulevard Maréchal-Leclerc en face de l'Ile Verte. Sauf que cette semaine ils sont peu nombreux à sortir sur le terrain. Seules les missions urgentes sont assurées. Le tout nouveau syndicat Option nuit, qui défend les intérêts de ces travailleurs, organise une série d'actions. La plus symbolique : la fermeture de l’hôtel de police au grand public durant leur service. Là aussi, seules les urgences sont traitées. Aucune patrouille ne se rendra sur le terrain. Des actions du même type sont menées partout en France.
 
 

0,97 centime de plus par heure pour les travailleurs de nuit de la police

 

Les “nuiteux”, également appelés “les hiboux”, réclament une amélioration de leurs conditions de travail. À commencer par une revalorisation des heures de nuit. Leur prime s'élève aujourd'hui à 0,97 centime de l'heure pour des horaires entre 19 heures et 7 heures du matin.
 

Opération de nuit d'une patrouille de police (illustration). © Joël Kermabon - Place Gre'net

Opération de nuit d'une patrouille de police. © Joël Kermabon - Place Gre'net


« La nuit c'est un monde à part. On n'a pas la même façon de travailler. On a plus de bagarres, avec parfois des personnes amochées en sortie de bar. Les cambriolages sont aussi plus nombreux. Le dialogue est souvent plus difficile », constate Brice Gajan, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police.
 
« Notre prime de nuit spécifique se chiffre en centimes par heure, ce qui nous fait 70 euros d'heures de nuit mensuelles », rapporte Jérémie d'Option nuit. Les policiers concernés souhaitent également une bonification pour la retraite, un statut spécifique et des moyens supplémentaires.
 
Autre point de crispation : le passage à une vacation de douze heures par nuit, prévu par une réforme. « Dès qu'on dépasse les neuf heures trente de travail par nuit, on a une perte de l'attention et des réflexes. Au bout de douze heures de travail, un policier ne peut pas être opérationnel, c'est pas possible ! », s'insurge Jérémie, “nuiteux” depuis quinze ans. En juin dernier, il s'était déjà rassemblé en silence avec ses collègues, gyrophares allumés devant la préfecture de l'Isère.
 
 

Les annonces d'Emmanuel Macron jugées insuffisantes

 
Pour les autres syndicats, cette condition des travailleurs de nuit est un cheval de bataille depuis de nombreuses années. « Ça fait cinq ans que le syndicat se penche sur cette question. On a bataillé sec », relate Brice Gajan, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police. Avec quelques avancées.
 

La gestion de la police municipale en question à Grenoble

Le syndicat Option nuit a lancé un ultimatum au gouvernement pour le 25 septembre 2020. ©  Place Gre’net


En juillet dernier, lors d'une visite surprise dans un commissariat parisien, le président de la République a annoncé 10 millions d'euros pour ces policiers. Cela correspond à 50 euros par mois et par agent. Pas suffisant pour le syndicat Option nuit qui demandait 300 euros.
 
Un ultimatum est donc lancé pour ce vendredi 25 septembre, date à laquelle le syndicat a proposé une réunion avec le gouvernement. « Si cette réunion n'est pas acceptée, on risque d'aller vers des actions plus dures », lâche Jérémie.
 
 

Des renforts de police pour la ville

 
Les policiers dénoncent également un climat d'exercice difficile. « On est coincés entre le marteau et l'enclume. Entre notre hiérarchie et une population parfois dans une position de défiance », analyse Yannick Biancheri, secrétaire départemental du syndicat Alliance. Face aux problématiques de trafic et de violence à Grenoble, les syndicats se battent pour obtenir des moyens humains supplémentaires.
 

Actis met un bureau à disposition permanente de la police au sein du quartier Mistral

Opération de contrôle anti-délinquance à Mistral. © Joël Kermabon - Place Gre'net


Ils semblent avoir été entendus. Le maire de Grenoble rencontrait lundi 21 septembre le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur fond de tensions entre les deux hommes après la diffusion d'une vidéo d'hommes armés dans le quartier Mistral. S'en était suivi des échanges assez vifs par médias interposés.
 
« Sortir du buzz, sortir des réseaux sociaux, ça permet d'avoir un dialogue et de partager des stratégies », a réagi Éric Piolle à la fin de l'entretien. Le maire de Grenoble a aussi annoncé l'arrivée de quatorze policiers supplémentaires dans la ville. Pas sûr que cela soit suffisant pour les syndicats.
 
Tim Buisson
 

Simon Grange

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