FOCUS - La ville de Grenoble vient de lancer le chantier pilote visant à déterminer la bonne recette à employer pour restaurer les bétons vieux de 95 ans de la tour Perret. Un échafaudage flanque déjà les deux piliers sud de la tour, au-dessus d'une plateforme de visite du chantier aménagée pour le grand public. Les tests, en laboratoire et in situ, vont se dérouler sur une période de cinq mois avant le démarrage des travaux et l'ouverture au public prévue en 2023.
Très attendue, la restauration de la tour Perret devient enfin une réalité, avec la mise en place du chantier. Du concret, du solide donc, matérialisé par l'échafaudage qui flanque depuis peu les deux piliers sud de la « vieille dame en péril » âgée de 95 ans, toute de béton armé.
Juste en-dessous, une large plateforme de visite construite en bois doit permettre au grand public de visiter le chantier et de se « l'approprier », espère l'équipe en charge du projet. Notamment au cours de cet automne et, durant ce prochain week-end, à l'occasion des Journées européennes du patrimoine.
Pour autant, ces élément, s'ils préfigurent la restauration de la tour, ne constituent pour l'heure que la partie visible d'un chantier pilote qui doit s'étaler sur une période de cinq mois. En effet, avant le chantier principal, la Ville de Grenoble à souhaité engager une réflexion sur « la bonne recette » du béton à employer et tester plusieurs types de mises en œuvre.
Ce avant le démarrage des travaux de restauration à grande échelle de la tour prévus de septembre 2021 jusqu'en 2022. Quant au public, il faudra qu'il attende 2023 pour gravir à pied – à moins d'utiliser les ascenseurs – les 560 marches menant au sommet de ce monument emblématique de Grenoble,
« Ce chantier pilote vise à tester, essayer, voir comment nous pouvons rénover ce béton »
Dans les cartons depuis 2016, et après la désignation de l'architecte François Botton pour les superviser, les travaux de réhabilitation de la tour Perret construite en 1925 sont en bonne voie. « Ce chantier pilote vise à tester, essayer, voir comment nous pouvons rénover ce béton », explique Éric Piolle, maire de Grenoble. De fait, les bétons utilisés autrefois vieillissent mal et leur restauration, en l'occurrence « un défi technique et patrimonial », reste une discipline encore jeune.
« Les techniques utilisées depuis trente ans évoluent sans cesse et l’expérience ne permet pas d’en privilégier une plus qu’une autre », indique la Ville de Grenoble.
En effet, si des études techniques et patrimoniales menées en 2019 ont permis de bien connaître l’ouvrage, il restait à définir l'éventail des solutions possibles.
Ainsi, se souvient François Botton, « nous avons préféré ne pas entrer dans l'aventure de plain-pied sans avoir effectué un certain nombre de tests sur le béton ». En la matière, poursuit l'architecte, « on apprend en avançant, chantier après chantier ».
Pour la tour Perret, il s'agissait de répondre « aux besoins d’adhérence, à l’aspect esthétique recherché et aux contraintes d’un chantier de grande hauteur », indique la Ville. Mais aussi de trouver la parade à la corrosion des armatures en acier et aux infiltrations d’eau, néfastes pour l'ouvrage à travers les parois ajourées (claustras).
Informer le public en l'invitant à visiter le chantier
Pour ce faire, dès le mois de juin, différents essais de formulation des bétons effectué en laboratoire ont été entrepris. Suivis, fin août, par une mission géotechnique visant à caractériser les fondations et les sols d’assise. Autant de résultats utiles, « susceptibles d'influer sur le choix de la technique de restauration retenue », précise la municipalité. Quant aux tests in situ, ils se dérouleront essentiellement en octobre et novembre.
Ce chantier test s'inscrit aussi dans la volonté d'accompagner le public en l'informant sur les enjeux liés à la réhabilitation de la tour. « Le béton a mauvaise presse. Il y avait un travail de réappropriation à proposer au public », commente François Botton. Toute la raison d'être de la passerelle en bois, « un matériau réutilisable », précise-t-il, offrant une vue imprenable sur les premiers mètres de l'échafaudage enserrant les deux piliers sud.
Joël Kermabon
Chantier test de la tour Perret : intervenants, coûts et financement
Pour mener à bien cette restauration, la Ville s'est entourée de compétences. Dont celle de la société Freyssinet, mandataire du marché de travaux, associée aux entreprises Comte et Jacquet, toutes deux familières des interventions sur le patrimoine. Pour ce qui est des travaux et analyses concernant le béton, c'est le laboratoire Sigma Béton du groupe cimentier Vicat qui a été retenu.
Le coût de ce chantier pilote ? Les travaux s'élèvent à 328 985 euros hors taxes. Ils sont financés par la Ville de Grenoble à hauteur de 33 %, la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) pour 40 %, le Département de l’Isère pour 22 % et enfin, la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour 5 %.