EN BREF – Le collectif féministe « Nous Toustes 38 » a organisé un rassemblement devant le palais de justice de Grenoble, ce vendredi 10 juillet à 18 heures. Plus de 200 personnes se sont ainsi réunies pour exprimer leur colère après l’annonce du remaniement. Principaux objets de leur courroux, les nominations de Gérald Darmanin, sous le coup d’une plainte pour viol, et d’Éric Dupont-Moretti, accusé de sexisme.
« Et on est forte, et fière, et féministe et en colère », pouvait-on entendre hier devant le palais de justice de Grenoble. Un cri de colère, à l’appel de Nous Toustes 38, scandé par plus de 200 personnes ce vendredi 10 juillet pour protester contre le remaniement.
« L’un est accusé de viol et l’autre tient des propos sexistes et utilise la culture du viol dans ses plaidoiries. Un ministre de la Justice connu pour ses propos machistes et sexiste, c’est tout de même problématique ! », s’exclame Fanny, du collectif Nous Toustes 38. « Nous ne pouvions pas rester sans rien faire. Après l’annonce du remaniement, nous avons organisé cette mobilisation en seulement quatre jours », précise Emma, membre du collectif.
Un cri de colère pour se faire entendre
La mobilisation, portée par les féministes de Nous Toustes 38 a commencé par la rédaction d’un texte, posté sur une plateforme de lutte pour les droits des femmes et proposé à la signature aux syndicats et partis politiques. « On propose un rassemblement calme devant le tribunal de Grenoble pour faire entendre notre parole. Une minute de cris, des slogans, des chants et des prises de parole. Nous voulons faire entendre notre voix et notre mécontentement », explique Emma, membre du collectif.
D’autres organisations, notamment syndicales, ont rejoint le rassemblement, vendredi soir, pour prendre la parole, comme les membres de Collages féminicides 38, Solidaires et l’Unef. Ils ont également apporté leur aide pour fournir le matériel nécessaire à la tenue de l’événement.
« Pour nous, c’était logique d’être là ce soir. La branche féministe de Solidaires tient à protester contre ce remaniement sexiste et les conséquences qu’il aura sur le droit des femmes. Ça ne va pas aider à faire avancer notre combat contre le harcèlement, les violences sexuelles, que d’avoir un Premier ministre [accusé de viol] », juge Sophie de Solidaire 38.
La grande cause du quinquennat
« Nous avons l’impression que le gouvernement se fout de nous avec cette question de « première cause du quinquennat. » Il n’y a pas de prise de parole ni de politique forte concernant les violences faites aux femmes. Cette nomination est une forme d’affront pour les victimes de violences de genre », s’indigne Fanny.
L’appel relayé sur Facebook précisait « Venez en noir » car le collectif Nous Toustes38 considère que ce remaniement marque « la mort de la grande cause du quinquennat ».
Des jeunes femmes ont ensuite porté en procession jusqu’au palais de justice, sous les huées des manifestants, un faux cercueil sur lequel on pouvait lire « RIP Grande cause du quinquennat ».
De faux procès-verbaux rédigés par les manifestants ont alors été déposés devant le palais de justice. « Comme autant d’appels à l’aide qui ne pourront plus être entendus », selon Marie, 21 ans.
« Les principaux postes de ministre sont accordés à des hommes, qui ont des positions plus que limites sur les questions de féminisme… Ces nominations sont un affront aux personnes victimes de violences en France, dont les plaintes sont rarement reçues. Nous sommes hyper inquiets pour le reste du quinquennat de Macron », s’inquiète Émilie, 18 ans.
Léa Meyer
Eric Piolle s’était déjà dit « sidéré » par ces nominations
Au lendemain de l’annonce du remaniement ministériel, Eric Piolle, maire de Grenoble, avait fortement réagi lors d’une interview sur RMC, se disant « sidéré » par ces nominations et le « symbole » qu’elles [renvoyaient]. « Ministres, Darmanin et Dupond-Moretti posent deux verrous sur la puissante libération de la parole des femmes, qui va durablement changer la donne. Que dire aux 225 000 femmes victimes de violences par an ?! »
L’égalité Femmes Hommes est au cœur du défi climatique. Ministres, #Darmanin et #DupondMoretti posent 2 verrous sur la puissante libération de la parole des femmes, qui va durablement changer la donne. Que dire aux 225 000 femmes victimes de violence par an ?! #remaniement #metoo pic.twitter.com/XQENL0qoRt
— Éric Piolle (@EricPiolle) July 7, 2020