REPORTAGE VIDÉO – Forte mobilisation du secteur de la santé ce mardi 16 juin à Grenoble. Une intersyndicale avait ainsi appelé à venir manifester le matin devant les locaux de l’Agence régionale de santé, avant un pique-nique place de Verdun. Parallèlement, un collectif d’organisations et de syndicats avait prévu un rassemblement devant le CHU Grenoble-Alpes à 14 heures. Avant un « Contre-Ségur » au Jardin de ville.
Manifestation devant l’Agence régionale de santé (ARS) © Léo Aguesse – Place Gre’net
Ce n’est pas une mais deux manifestations qui ont animé les rues de Grenoble ce mardi 16 juin. La première, organisée par une intersyndicale (FO, Unsa, CGT) en soutien des professionnels de santé, a réuni environ 750 manifestants le matin à 10 h 30 devant l’Agence régionale de santé (ARS) de l’Isère, à la cité administrative de Grenoble.
Après plusieurs prises de parole des syndicats présents, le cortège a pris la direction de la place de Verdun, au rythme des percussions et des chants, pour un « pique-nique revendicatif ». Le préfet et la direction de l’ARS ont, dans la foulée, reçu des représentants syndicaux qui ont pu leur exprimer leurs revendications.
« Moins de promesses, plus d’actions » dans la santé
De nombreux manifestants ont alors convergé vers le CHU Grenoble Alpes. Les personnels hospitaliers représentés par les collectifs inter-hôpitaux et inter-urgences ou le Mouvement de contestation Chuga avaient en effet appelé soignants et usagers à se mobiliser à 14 heures, sur le parvis Belledonne de l’Hôpital Nord.
Un mouvement rejoint par de nombreux syndicats, dont Solidaires Isère, mais aussi les Gilets jaunes… En début d’après-midi, ils étaient ainsi pas moins de 5 000 manifestants selon les organisateurs, 3 500 d’après les autorités.
Reportage : Joël Kermabon
Le cortège a déambulé jusqu’au Jardin de ville dans une ambiance joyeuse mais surtout contestatrice, clamant sa colère. Parmi les mots d’ordre, « Moins de promesses, plus d’actions ! » Épuisé par l’épidémie de Covid-19, le personnel soignant, qui se sent délaissé, a surtout dénoncé un manque de moyens criant, accusant le gouvernement de délaisser l’hôpital public depuis plusieurs années. Notamment visé par plusieurs chants et banderoles, Olivier Véran, ministre de la Santé.
« Vive l’hôpital. Mort au capital ! »
Autre motif de colère : la privatisation de certains services publics, le personnel soignant estimant que la santé est un bien public qui ne peut être marchandé dans un but lucratif. Une soignante du Village 2 Santé, centre de santé communautaire basé à Échirolles, évoque une « vision du soin perçu comme une chaîne de production ».
Ces travailleurs de la santé revendiquent également l’arrêt des « fermetures d’établissement, de services et de lits », ainsi qu’un recrutement massif dans les secteurs « de la santé, du social et du médico-social ».
Ils demandent aussi au gouvernement de plus subventionner le secteur de la santé et d’instaurer un système de « Sécurité sociale à 100 % pour toutes et tous ». Enfin, le collectif inter-hôpitaux réclame des revalorisations de salaires « à hauteur de 300 euros », en incluant les sous-traitants.
« Tous nos droits du travail ne sont pas appliqués »
Le Jardin de ville, point d’arrivée de la manifestation, a accueilli à 16 h 45 le « Contre-Ségur », en opposition au projet du gouvernement, qui vise, selon un militant CGT, à « libéraliser et individualiser le système de santé ». Plusieurs représentants des organismes médicaux ont alors pris la parole afin d’exprimer leur point de vue.
Le salarié d’un Ehpad à Saint-Martin-d’Hères a quant à lui dénoncé une « maltraitance institutionnelle des résidents », supplée par un manque de démocratie, voire une « forme de dictature ou de tyrannie au niveau du management ». Avant de déplorer que « tous [leurs] droits du travail ne [soient] pas appliqués ».
Actuellement, le système médical « broie les corps des personnes soignées et personnels soignants », estime pour sa part la représentante du Village 2 Santé. Tandis que l’oratrice du centre hospitalier de Saint-Laurent-du-Pont affirmait ne vouloir « ni primes ni applaudissements mais une revalorisation salariale ».
Léo Aguesse