FOCUS – Santé, formation, reprise des chantiers… Le président de la région Auvergne – Rhône-Alpes va consacrer 1 milliard d’euros à la relance de l’économie. Laurent Wauquiez assume une politique de préférence régionale et tacle les Parisiens qui préfèrent « s’entasser ».
« On ne va pas attendre que ça vienne de Paris », a affirmé d’emblée Laurent Wauquiez, ce jeudi 4 juin à l’occasion de la présentation de son plan de relance régional.
Le président de la Région Auvergne – Rhône-Alpes assume ainsi faire partie des deux seules régions à ne pas avoir signé le Plan d’investissement dans les compétences (Pic) du gouvernement. Et ce, alors que la ministre du Travail Muriel Pénicaud a regretté, lundi 1er juin, le « désinvestissement de la Région dans le capital humain », suite à la suppression de 60 % de ses entrées en formation.
Laurent Wauquiez promet donc un plan pour changer l’approche du marché de l’emploi avec une démarche plus locale incluant les métiers en tension. Les détails ne seront toutefois présentés que fin juin. Pour le reste, sa stratégie se décline en quatre axes : relance immédiate, incitation à la préférence régionale, relocalisation des emplois en région et une économie plus verte.
Bonus relance de 120 millions d’euros à Grenoble
Ce plan de relance immédiate permettra de reprendre de grands chantiers pour soutenir le BTP. Il comprend 100 millions d’euros investis dans les grands travaux dont le projet du campus de Grenoble. Et devrait s’accompagner d’un « bonus relance » de 120 millions d’euros pour financer 50 % des chantiers de communes.
Laurent Wauquiez se vante par ailleurs d’avoir assuré la survie des entreprises en accordant jusqu’à 100 000 euros de prêts à remboursement différé. Au total, la Région Auvergne – Rhône-Alpes va dégager 220 millions pour prolonger les crédits d’au moins un an. « On a réussi à protéger la région mieux que certains », se félicite son président, qui s’engage à sécuriser entre 50 000 et 100 000 emplois. À commencer par les entreprises qui ont œuvré pendant la crise, notamment en fabriquant du matériel sanitaire.
Une préférence régionale (très) revendiquée
« Tout le monde a vu ce que c’était de vivre à Paris pendant le confinement », a lancé Laurent Wauquiez pour introduire son plan de relocalisation. Le président de la Région, qui aime à rappeler sa distance vis-à-vis de la classe politique parisienne et se revendique comme un « enfant de la montagne », propose ainsi de favoriser l’économie de proximité. Avec, par exemple, 40 millions d’euros à destination des hôtels de la région. Autre mesure : une clause du « mieux-disant » appliquée aux marchés publics, afin d’encourager les entreprises à « faire de la qualité et favoriser le local ».
Dix millions d’euros serviront également à revaloriser les sièges d’entreprises pour ramener les cadres en région. « Faites le choix de vivre dans notre région plutôt que de vous entasser ! », insiste-t-il, un brin moqueur. Même logique concernant le tourisme, avec 10 millions d’euros afin que les habitants passent leurs vacances dans la région plutôt que de « s’entasser sur les plages ».
Son ambition est aussi de faire d’Auvergne Rhône-Alpes « la première région d’Europe en matière de matériel de protection ». D’où le choix d’investir 100 millions d’euros dans les secteurs de la santé et de la recherche.
Laurent Wauquiez entend également faire d’Auvergne – Rhône-Alpes « la première région verte de France ». Avec un “Green Deal” (plan de relance écologique), censé par exemple empêcher l’enfouissement de déchets. Enfin, « le télétravail a mis en valeur les enjeux du numérique », note Laurent Wauquiez qui compte consacrer 50 millions d’euros à son développement, sans donner plus de détails.
Quid des potentielles représailles économiques face à cette hyper régionalisation ? L’élu s’en amuse. « Regardez Trump aux États-Unis ! », lance-t-il aux journalistes. Une référence au propos du directeur de Sanofi, qui avait assuré prioriser les Américains dans l’attribution d’un vaccin contre le Covid-19. « Tous les pays du monde le font. Il faut qu’on gagne le bras de fer ! », assume l’ancien président des Républicains. Non sans vanter également le pragmatisme de la politique allemande.
Julien Morceli